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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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du
tout. Il éleva le livre au-dessus de sa tête, comme pour
me défier de revenir le prendre. Un genou au sol, Astiza
guettait sa chance.
    Après
Omar en personne, j’agrippai le cercueil qu’il avait
occupé durant tant de siècles et le fis basculer devant
moi en m’efforçant de rouler de côté.
Silano avait arraché sa rapière au cadavre desséché
pratiquement coupé en deux, et pris le temps de glisser le
rouleau sous sa   chemise.
Je parai son attaque suivante à l’aide du cercueil, la
lame traversa le vieux bois et je renouvelai ma première
manœuvre, poussant et tordant de toutes mes forces.
    La
rapière cassa net. Silano frappa le cercueil du pied, et quand
il se brisa sous sa ruade, je vis que, en plus d’Omar, il avait
contenu autre chose.
    Mon
rifle !
    Mais
lorsque je tentai de m’en saisir, la rapière brisée
me cingla les phalanges. Si fort que je ne pus attraper mon arme et
n’eus d’autre ressource que de me projeter de côté
tandis qu’il écartait, toujours à coups de pied,
les morceaux du cercueil.
    Il
avait sorti un pistolet et le braquait sur moi à présent,
les traits crispés de rage et de haine. Je me rabattis contre
une proche étagère alors qu’il tirait. Je sentis
le souffle de la balle, très près de ma tête.
Elle frappa l’une des jarres et quelque chose d’affreux
tomba sur le plancher avec le liquide jaune de conservation. Une
odeur infecte se répandit, mêlée à celle
de la poudre.
    « Va
au diable ! »
    Il
avait reculé pour recharger le pistolet. Et c’est alors
que ce vieux Benjamin vint à mon secours. « Energie
et persistance viennent à bout de tout. » Énergie !
    Astiza
rampait vers Silano, sous la grande table. J’ôtai ma
veste et la jetai en guise de diversion, puis arrachai ma chemise. Le
comte m’observait, stupéfait, comme s’il me
croyait devenu fou, mais j’avais besoin de peau nue. Rien de
tel pour créer un effet de friction. Je plongeai vers le
récipient brisé et glissai sur le parquet dénudé
à cet endroit, serrant les dents pour mieux supporter la
brûlure du frottement. L’électricité, je le
rappelle, peut être engendrée par simple friction et le
sel du sang nous convertit, alors, en batterie passagère.
Quand j’arrivai auprès du balcon, j’étais
en charge.
    La
jarre brisée avait possédé une base de métal.
En cours de glissade, je tendis l’index comme le Dieu de
Michel-Ange tendant le sien vers Adam, et l’énergie que
j’avais emmagasinée bondit, en un éclair
minuscule, vers la coupelle métallique.
    Il y
eut une étincelle, et la pièce explosa. Les vapeurs du
brouet de sorcière de Silano créèrent une boule
de feu qui flotta au-dessus de ma tête avant d’être
propulsée par le déplacement d’air en direction
du comte, d’Astiza et de la table chargée de cartes et
de papiers de toutes sortes. Des flammes jaillirent.
    Je
me relevai vivement, les cheveux roussis et les deux flancs en feu,
l’un à cause de la rapière, l’autre en
raison de ma folle glissade sur le parquet rugueux. J’éteignis
vivement celui qui enflammait la tache grasse ramassée par mes
braies. Une brume malodorante envahissait la pièce. Silano
était tombé, lui aussi, et cherchait son pistolet.
Astiza se dressa dans son dos, lançant autour de son cou une
lanière de toile.
    Une
des bandelettes d’Omar !
    Je
rampai vers mon fusil.
    Luttant
comme un forcené, Silano déséquilibra Astiza qui
refusa de lâcher prise. Ils se redressèrent, tant bien
que mal, avec Omar entre eux comme un prétendant jaloux. Je
cueillis mon fusil et tirai, mais, à la pression sur la
détente, ne répondit qu’un faible déclic.
    « Ethan,
vite ! »
    Corne
à poudre et sac de balles étaient là, eux aussi.
Poudre, bourre, bille de plomb, j’étais plus habile à
ce jeu que ne l’avait été Najac. Le comte
rougissait de suffocation, à demi étranglé.
Maintenant, grand Dieu, avec le chien relevé ! Sortis sur
le balcon, sans l’avoir voulu, les deux adversaires heurtèrent
la rambarde qui céda partiellement. Silano cherchait à
ramener Astiza devant lui, mais ce qui restait d’Omar, entre
eux, entravait sa tentative et je savais, par expérience,
combien Astiza était forte. Le comte repéra mon rifle
braqué et tenta de lever son pistolet rechargé. La
fumée s’épaississait vers le plafond. Il parvint
à se libérer, puis tenta d’étrangler, à
son tour, la femme de ma vie.
    Il
tira le premier, mais Astiza se
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