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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes
Autoren: William Dietrich
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cramponnait encore. La balle se
perdit alors qu’il essayait de pousser son adversaire vers les
flammes.
    « Il
va me brûler ! »
    Je
tirai. Le touchai à la gorge.
    Il
émit un drôle de gargouillement, les yeux révulsés
de douleur.
    Puis
il fracassa la rambarde du balcon et bascula dans les flammes qui
montaient d’en bas, emmenant ma femme avec lui.
    « Astiza ! »
    C’était
l’histoire du ballon qui recommençait. Le temps d’un
cri, elle n’était plus là.
    *
* *
    Je
courus à la fenêtre, m’attendant à
l’apercevoir dans ces flammes allumées par la nappe du
liquide enflammé qui avait coulé depuis le balcon.
    Elle
n’y était pas. La cage thoracique d’Omar, après
tout ce temps, avait bloqué sa chute entre deux des barreaux
de bois intact, et Astiza s’était rattrapée aux
bandelettes de toile, agitant ses jambes au-dessus du brasier d’en
bas.
    Silano
se débattait encore, mais commençait à brûler
comme les chevaliers du Temple jadis voués au bûcher. Et
le livre était sous sa chemise.
    Au
diable ce maudit rouleau !
    Je
ramenai Astiza à moi, avec son aide. Tandis que je la hissais
auprès de moi, Omar prit feu, lâcha tout et tomba, ses
bandelettes pendantes s’enflammant avant d’avoir touché
terre. Il rejoignait son maître pour brûler avec lui. Je
louchai par-dessus la rambarde. Ses membres bougeaient, comme dans
les affres d’une nouvelle agonie. Lui restait-il quelque
souffle de vie ? Ou n’était-ce qu’un effet de
la chaleur ?
    Il
ne nous avait pas apporté une malédiction, il nous
avait sauvés. Thot avait fini par nous sourire.
    Et
le livre ? À mesure que les vêtements de Silano se
consumaient, je voyais le rouleau disparaître sur sa poitrine.
Puis la chair du comte se mit à faire des bulles et je
reculai.
    Astiza
et moi, nous nous embrassâmes, pressés l’un contre
l’autre. Des cloches sonnaient à la ronde, mêlées
à des cris et au fracas de lourds véhicules. La brigade
d’incendie de Paris n’allait pas tarder. Quand elle
arriverait à pied d’œuvre, le secret que des
milliers d’hommes recherchaient depuis des milliers d’années
ne serait plus que cendre.
    « Peux-tu
marcher, mon amour ? On n’a pas beaucoup de temps. Il faut
qu’on s’éloigne d’ici.
    —  Le
livre ?
    —  Brûlé
avec Silano. »
    Elle
pleurait. Pour quelle raison, je n’en étais pas très
sûr.
    Devant
le palais des Tuileries, claquaient des portes de voiture. Les pompes
entrèrent en action. On regagna en boitant la porte par
laquelle on était entrés. L’espace d’un
instant, j’espérai que le feu m’épargnerait
toute poursuite et qu’on pourrait s’esquiver sans attirer
l’attention. Mais non, toute une troupe s’agitait en bas,
dans le hall d’entrée.
    « C’est
lui ! »
    Une
voix familière, mais que je n’avais pas entendue depuis
près d’un an et demi.
    « C’est
bien lui ! Il me doit toujours son loyer ! »
    M me  Durrell.
Mon ancienne propriétaire, à Paris, que j’avais
fuie dans des conditions pénibles. Si c’était
bien moi, c’était bien elle, hélas ! dont
j’avais aperçu plus d’une fois, du coin de l’œil,
la tignasse rousse. Elle n’avait jamais eu beaucoup de
sympathie pour ma personne et, quand j’avais quitté
Paris, était allée jusqu’à m’accuser
de tentative de viol. J’avais nié, sans faiblir. Il
suffisait de la regarder. Même les Pyrénées
paraissaient plus jeunes que M me  Durrell.
Et tellement mieux conservées.
    « Je
ne me débarrasserai donc jamais de vous !
    —  Tant
que vous ne m’aurez pas payé ce que vous me devez ! »
    « Les
créanciers ont plus de mémoire que les débiteurs »,
disait Franklin, et je savais, par expérience, qu’il ne
se trompait pas, là non plus.
    « Et
vous me suivez depuis tout ce temps comme un sbire de Fouché !
    —  Je
vous ai reconnu dans la voiture de police, où était
votre place. Mais je savais que vous ressortiriez, avec de mauvaises
intentions, comme toujours. J’ai surveillé la prison du
Temple et, quand je vous ai vu partir avec ce geôlier
malhonnête, j’ai appelé au secours. Le comte
Silano m’avait promis de s’occuper de vous. Et puis, à
mon retour ici, tout était en train de brûler ! »
    Prenant
les soldats à témoins :
    « Caractéristique
de l’Américain ! Il se croit toujours chez lui, au
pays des sauvages. Essayez donc de lui faire payer ce qu’il
vous doit ! »
    Je
poussai un long
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