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Hamilcar, Le lion des sables

Hamilcar, Le lion des sables

Titel: Hamilcar, Le lion des sables
Autoren: Patrick Girard
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pire que chez nous. La ville est en ruine et
désertée par la quasi-totalité de ses habitants. Ceux qui sont restés ont rompu
toutes relations avec nous et ne viennent même plus offrir des sacrifices à
notre temple érigé en l’honneur de Baal Hammon.
    — Je
te remercie de ces informations. La tâche qui m’attend est immense mais dis à
tes compatriotes que j’entends la mener à bien et que je souhaite obtenir leur
concours. Ce n’est pas le sort de Carthage seule qui est en jeu mais aussi le
leur.
    Pendant de
longs mois, Hamilcar demeura avec ses troupes à Gadès. Ses hommes troquèrent le
glaive contre des outils et firent surgir de terre une nouvelle enceinte
fortifiée. Les deux mille cavaliers numides, commandés par Magon, menèrent,
eux, plusieurs expéditions chez les tribus insoumises de l’arrière-pays,
ramenant des centaines de captifs. Terrorisés, d’autres chefs montagnards, redoutant
d’être la cible des prochaines attaques carthaginoises, préférèrent se placer
sous la protection d’Hamilcar. Le fils d’Adonibaal n’exigea pas d’eux le
paiement d’un tribut en argent mais la livraison d’énormes quantités de vivres
et de fourrages afin de pouvoir affronter la mauvaise saison qui s’annonçait et
qui fut particulièrement rude.
    Au retour
des beaux jours, Hamilcar consacra son temps à la réouverture des mines d’or et
d’argent. Les captifs furent conduits vers leur lieu de travail dans un concert
assourdissant de plaintes et de gémissements. Les malheureux condamnés au
travail dans les mines savaient qu’ils ne reverraient plus jamais la lumière du
jour. Descendus par des échelles de cordes au fond des puits, ils travaillaient
dans d’immenses galeries à la lueur des lampes à huile et des torchères. Les
hommes creusaient le roc, les femmes et les enfants remplissaient avec les
morceaux de minerai des paniers hissés ensuite à la surface. Hommes, femmes et
enfants vivaient ainsi dans les entrailles de la terre, attendant avec
impatience que la trompette du contremaître donne le signal de la fin de la
journée de travail. Tous les deux jours, on faisait descendre par les paniers
du pain et des jarres d’eau. Quelquefois, ils avaient droit à de la viande et à
des fruits sur lesquels ils se jetaient avec avidité. Les plus robustes
pouvaient espérer survivre cinq à six ans dans ces conditions. La plupart
mouraient au bout d’un ou deux ans. Les corps étaient entassés dans une galerie
désaffectée et pourrissaient en dégageant une odeur intolérable. Les compagnons
des morts ne prenaient pas la peine d’avertir les contremaîtres de leur décès.
Ils préféraient s’emparer de leurs maigres rations. Quand la production
faiblissait considérablement, les responsables de la mine savaient qu’il leur
fallait faire descendre de nouveaux esclaves. Les cavaliers numides de Magon
partaient alors dans les montagnes arracher à leurs villages des centaines
d’êtres humains promis à une fin misérable.
     
    ***
     
    Quand
Gadès eut retrouvé sa splendeur, Hamilcar partit pour Tartessos et
reconstruisit la cité. Par milliers, les montagnards vinrent s’installer aux
alentours des rives du fleuve dans les immenses domaines laissés à l’abandon
par leurs propriétaires puniques. Plutôt que de rechercher leurs héritiers, le
fils d’Adonibaal jugea plus avisé de redistribuer les terres aux nouveaux
occupants, à l’exception d’un vaste territoire attribué à ses soldats et aux
Numides, assurés ainsi d’un complément non négligeable à leur solde. Dans les montagnes
d’argent, les mines furent rouvertes et des centaines d’esclaves, plus chanceux
que ceux condamnés à disparaître dans les entrailles de la terre, travaillèrent
sur les berges du Bétis pour ramasser les pépites d’or. Bientôt, tous les
comptoirs carthaginois firent appel à Hamilcar, sollicitant sa protection qu’il
leur accorda moyennant le versement d’un tribut. Dès la troisième année de son
séjour au-delà des colonnes de Melqart, il fut capable d’envoyer à Carthage
plusieurs milliers de pièces d’or et d’argent. Ses navires revinrent chargés de
marchandises diverses. Toutefois, aucun représentant du Conseil des Cent Quatre
ne fit le déplacement. Le général en chef était laissé à lui-même, ce qui ne
parut pas le gêner.
    Chaque
année, l’arrivée de la flotte en provenance de la mère patrie était attendue
avec impatience par les soldats et
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