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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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sou. Il n’y a donc plus qu’à rentrer en France. Notre zhéro ayant maintenant soixante-dix ans, il est à l’abri de la « contrainte par corps » menaçant les mauvais payeurs, de sorte qu’il peut rentrer faire des dettes dans son pays sans risquer la prison. Après une longue errance entre Toulouse, Bordeaux et Tours, la famille Léon échoue à Pontoise, dans une petite maison minable de la rue Baugeon. C’est ici que Léon va passer ses derniers jours dans une souffrance et un dénuement épouvantables. Quand on songe au luxe dans lequel il avait passé sa jeunesse… Dans leur gourbi pontoisien, les Léon n’ont presque plus de meubles. Les derniers portraits de l’Empereur, qui seuls venaient attester encore la prestigieuse filiation de Léon, sont vendus l’un après l’autre.
     
    Napoléon Zéro passe de longues heures assis dans un fauteuil à fixer le vide en ressassant ses souvenirs. À quoi peut-il songer ? À son père le recevant aux Tuileries ? À sa mère, qui fut l’une des plus belles femmes de l’Empire ? À sa vie « qui l’a mené des marches du trône à cette chaise bancale miraculeusement échappée aux saisies et aux brocanteurs » (I. Bricard) ? Rien, il n’a plus rien ! Quoique ! Tout bien considéré, il lui reste tout de même quelque chose de son côté Bonaparte : s’il n’a pas hérité d’un trône, il a hérité du cancer des intestins dont son grand-père et son père sont morts avant lui, et qui va l’emporter lui aussi, le 14 avril 1881. Son propriétaire, M. Fleury, présent dans les heures qui suivront sa mort, témoignera que dans la mort sa ressemblance déjà frappante avec Napoléon était encore accentuée. D’après lui, seule manquait la mèche légendaire pour que la ressemblance soit parfaite.
    Ainsi mourait à Pontoise Napoléon Zéro. Sa femme, Françoise, qui n’a alors que quarante-cinq ans, s’engage comme femme de ménage chez une cuisinière en retraite. La belle-fille de l’empereur Napoléon I er femme de ménage à Pontoise, voilà l’image d’Epinal que Léon lègue à la postérité.
     
    Jusqu’à présent, chaque fois que nous nous sommes penchés sur un personnage, nous avons passé en revue l’ensemble des éléments à charge confirmant ou non sa qualité de zhéro de l’histoire. Avec Léon, cela serait par trop laborieux : ses échecs, ses coups pendables, ses magouilles, ses extravagances, ses bassesses sont si nombreux que cela donne le tournis. Si son père fut un « astre brûlant », selon la formule de Vivant-Denon, que dire alors de ce fils, sinon qu’il fut, à son exact opposé, une sorte de « trou noir », d’éclipse, et plus trivialement de puits sans fonds ? Il est vrai que, contrairement aux autres personnages évoqués avant lui, sa nullité ne fit guère de victimes, mis à part quelques compères de tripot tués en duel, ses créanciers, ses tuteurs, sa famille et lui-même ; mais il rata tout de manière si magistrale qu’il incarne et sublime merveilleusement la notion même de zhéro. Être à la hauteur d’un père comme Napoléon était un challenge si difficile à relever qu’imitant les troupes de Soubise à Rossbach, Léon céda à son inclination pour la retraite et la médiocrité. « Les grands noms abaissent, au lieu d’élever, ceux qui ne les savent pas soutenir ! » aurait conclu La Rochefoucauld. À quoi Françoise aurait rappelé les termes mêmes de sa réponse à une lettre très critique, reçue à la mort de son mari : « Si vous l’aviez connu, vous l’auriez aimé, il était si distingué et si bon. » Comtesse veuve Léon, 28 juin 1881.
Resquiescat in pace ?
    L’acte de décès de Léon comporte une erreur de date, indiquant le 13 avril au lieu du 13 décembre comme jour de naissance. Par ailleurs, Léon y est qualifié de « rentier » ! Nous avons vu ce qu’il en était !
    Léon fut inhumé dans la fosse commune du cimetière de Pontoise, entre quatre planches que Françoise paya en demandant l’aumône à ses voisins. Les fossoyeurs privèrent Léon du seul titre qu’il ait jamais porté en l’enterrant par erreur sous le nom de « Lecomte Léon ! »
    Cela étant, Napoléon Zéro est le seul des grands « napoléonides » à être mort sur le sol français : son père, premier du nom, est mort à Sainte-Hélène, son demi-frère, l’Aiglon (Napoléon II), à Schönbrunn, son oncle, Louis Napoléon (Napoléon III), à Camden Place, non loin de Chislehurst, en
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