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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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Introduction
    Nous connaissons bien nos grands hommes et honorons volontiers leur mémoire, mais connaissons-nous nos grands nuls, nos piteux, nos médiocres ? En d’autres termes, nous qui savons tout de nos héros, que savons-nous de nos zéros ?
    Si l’histoire de France est faite de moments de grandeurs et de victoires, nos échecs collectifs, nos défaites, nos naufrages – Azincourt, Crécy, Sedan – y occupent une place tout aussi importante, alors que, à l’exception peut-être de Waterloo, nous ne les évoquons plus qu’incidemment à travers des expressions courantes comme : « C’est la Berezina ! » ou : « Ça tombe comme à Gravelotte ! »
    Or, derrière chacun de ces grands ratages, il y eut un ou plusieurs individus, authentiques responsables ou boucs émissaires de nos fiascos, dont les noms furent frappés d’opprobre et, pour certains d’entre eux, effacés de notre mémoire collective. Plus ou moins consciemment nous faisons passer à la trappe les épisodes les moins glorieux de notre histoire, ceux qui nous vexent, nous tournent en ridicule, nous rabaissent plutôt que de nous grandir. Vae victis ! « Malheur aux vaincus ! » Cette sentence laconique, attribuée au chef gaulois Brennus, préside au grand tri de notre linge sale historique.
     
    Rappelons brièvement les circonstances dans lesquelles cette phrase aurait été prononcée.
    En 390 avant Jésus-Christ, en échange de la levée du siège de Rome, Brennus exigea de la ville qu’elle s’acquitte d’un lourd tribut. Voyant les Romains pinailler au moment de la pesée de l’or qui lui était dû, le vainqueur indigné jeta sa lourde épée avec son baudrier sur le plateau de la balance, accroissant ainsi considérablement la charge de la rançon exigée, puis il s’exclama : Vae victis ! Oui, malheur aux vaincus, que leurs noms soient rayés à jamais de nos livres. Ainsi certains pharaons firent-ils marteler les cartouches où figuraient les noms de leurs prédécesseurs. Aux oubliettes de l’histoire les nuls et les perdants de tous poils !
    Mais en ces temps de crise et de décroissance où la « valeur succès » a du plomb dans l’aile, le moment n’est-il pas venu de mettre un terme à cette lecture trop partiale de notre histoire ? Les vrais fautifs ou les infortunées victimes expiatoires de nos déboires ne sont-ils pas en droit, eux aussi, non pour le meilleur, mais bien pour le pire, de passer à la postérité ?
    Dans les pages qui suivent, je forme donc le projet de rendre justice à ces personnages qui s’illustrèrent par leurs échecs, et dont les noms sont soit tombés dans l’oubli, soit prononcés avec dédain, du bout des lèvres, parce que associés aux pages les plus calamiteuses de notre histoire ! Curieux sujet sans doute, dont le choix trouve son origine dans le goût immodéré de l’auteur de ces lignes non pour la gloire mais pour les revers de fortune et les héros malheureux qui, se croyant arrivés au sommet, se sont finalement « carbonisés en plein vol » !
    C’est un chapitre de mon précédent livre, Histoires d’os et autres illustres abattis , et plus précisément le passage consacré au Panthéon, qui m’a conduite à écrire ce livre. Plutôt que de m’intéresser aux soixante-treize résidents condamnés à une glorification perpétuelle soporifique, je me consacrai aux « sortants du Panthéon », à ceux qui n’en furent que les occupants provisoires, à ceux qui y pénétrèrent couverts de lauriers pour en sortir agonis d’injures, ou qui n’y mirent même pas les pieds alors qu’ils avaient été pressentis pour jouir jusqu’à la fin des temps de cet honneur insigne !
    Au nombre de ces parias, quelques noms connus : Mirabeau, Marat, Le Peletier de Saint-Fargeau. Mais aussi de plus obscurs : Nicolas-Joseph Beaurepaire (1740-1792), qui préféra se suicider plutôt que d’abandonner Verdun aux Prussiens, Auguste Henri Marie Picot de Dampierre (1756-1793), général mort au combat après s’être distingué à Valmy et à Jemmapes, et enfin deux jeunes garçons, Joseph Bara et Agricol Viala, qui, avant de passer l’arme à gauche, auraient exprimé dans un dernier souffle leur satisfaction à mourir pour la République.
    Ce sont ces personnages, auxquels l’opinion tourna le dos après les avoir portés aux nues, qui m’ont mise sur la piste de nos grands « zhéros » nationaux. Lancée sur leurs traces, j’ai rapidement déchanté, constatant qu’en
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