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George Sand

George Sand

Titel: George Sand
Autoren: Elme Caro
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des autres l'avaient fait trop souvent descendre.
Dans l'intervalle, des talents nouveaux avaient surgi. Au moins dans l'ordre de ses travaux personnels, elle ne voulait en ignorer aucun. Elle s'intéressait vivement à ces diverses manifestations de la vie littéraire. Elle avait été en relations d'exquise courtoisie avec Octave Feuillet, qu'elle loua vivement et spontanément pour le Roman d'un jeune homme pauvre ; elle resta même avec lui en excellents termes jusqu'à l'apparition de l'Histoire de Sibylle, qui provoqua de sa part une réponse amère et passionnée, Mademoiselle de la Quintinie. Elle avait suivi avec intérêt les débuts d'Edmond About, elle y avait applaudi non sans quelques protestations contre le système de la raillerie perpétuelle. «On s'est beaucoup moqué de nos désespoirs d'il y a trente ans. Vous riez, vous autres, mais bien plus tristement que nous ne pleurions.» Elle s'étonnait surtout que les jeunes talents s'obstinassent «à voir et à montrer uniquement la vie de manière à révolter douloureusement tout ce que l'on a d'honnêteté dans le coeur. Nous en étions, nous, à peindre l'homme souffrant, le blessé de la vie. Vous peignez, vous, l'homme ardent qui regimbe contre la souffrance et qui, au lieu de rejeter la coupe, la remplit à pleins bords et l'avale.
    Mais cette coupe de force et de vie vous tue ; à preuve que tous les personnages de Madelon sont morts à la fin du drame, honteusement morts, sauf Elle, la personnification du vice, toujours jeune et triomphant.» Cette sorte de partialité du succès, sinon de la sympathie, l'irrite. «Donc, quoi ? Ce vice seul est une force, l'honneur et la vertu n'en sont pas ?... Je conviendrai avec vous que Feuillet et moi nous faisons, chacun à notre point de vue, des légendes plutôt que des romans de moeurs. Je ne vous demande, moi, que de faire ce que nous ne savons faire ; et puisque vous connaissez si bien les plaies et les lèpres de cette société, de susciter le sens de la force dans le milieu que vous montrez si vrai [Lettre à M. Edmond About, mars 1863.].» Elle avait pour Alexandre Dumas un vrai culte fait d'admiration et de tendresse. Elle jouit profondément de son succès ; elle lit l'Affaire Clémenceau avec une sollicitude maternelle ; elle lui suggère aussitôt la contre-partie, qui pourra devenir, quelque temps après, en changeant le sexe, la Princesse Georges. Lorsque Alexandre Dumas se fait pour un jour publiciste, après la guerre et la Commune, empruntant à Junius son masque et sa plume, elle applaudit avec ravissement, elle proclame que c'est un pur chef-d'oeuvre. «Comme vous allez au fond des choses et comme vous savez mettre des faits où je ne mets que des intentions ! Et puis, comme c'est dit ! développé et serré en même temps, vigoureux, ému et solide !» Ce qu'elle ne se lassait pas d'admirer, c'est l'entente et la force scénique, la vis dramatica prédestinée à de si grands succès qu'elle se faisait gloire d'avoir devinés : «Vous souvenez-vous que je vous ai dit, après Diane de Lys, que vous les enterreriez tous !...
    Je m'en souviens, moi, parce que mon impression était d'une force et d'une certitude complètes. Vous aviez l'air de ne pas vous en douter, vous étiez si jeune ! Je vous ai peut-être révélé à vous-même, et c'est une des bonnes choses que j'ai faites en ma vie.»
Elle qui avait tant de soucis pour transformer ses romans en pièces et qui, d'ailleurs, ne se piquait pas d'une grande science des agencements scéniques, elle était frappée de cette franchise d'allure, de cet accent de vérité forte dans les situations et les sentiments où les autres n'échappent pas à la convention. «Et quels progrès depuis ce temps-là ! Vous êtes arrivé à savoir ce que vous faites et à imposer votre volonté au public. Vous irez plus loin encore, et toujours plus loin [Lettre à Alexandre Dumas, 23 mai 1871. Voir, pour le commencement de cette amitié, la lettre à M. Charles Edmond, du 27 novembre 1857.].» Cette aimable prophétie qu'elle lui envoyait avec ses bénédictions maternelles, c'est au public à dire si elle s'est réalisée.
Si je voulais définir l'esprit de George Sand, en dehors des épisodes et des aventures de sa vie littéraire, je dirais que c'était un esprit dogmatique et passionné. Dogmatique, en ce sens qu'elle avait des convictions fermes sur des choses fondamentales. Il faut distinguer la valeur des idées et la foi aux
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