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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain
Autoren: Jean Markale
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permettra de régner. C’est le pouvoir – et le devoir – des magiciens de suppléer la Nature quand celle-ci vient à faire défaut. Horus, le jeune dieu, est donc le résultat d’une élaboration magique et il est le continuateur, l’héritier d’Osiris. Comment ne pas voir une similitude entre Horus et Gauvain, lui aussi continuateur et héritier présomptif du roi Arthur, lui-même quelque peu impuissant et prisonnier de sa fonction, laquelle est de rester au centre du débat sans intervenir en personne. Car il ne faut pas oublier que le roi de type celtique (comme le roi du jeu d’échecs) est seulement un garant moral et sacré de l’équilibre du royaume. Il n’intervient qu’en de rares occasions, et ce sont ses guerriers – appelons-les chevaliers pour respecter la mode chère aux auteurs des XII e et XIII e  siècles – qui accomplissent les actions en son nom et au nom de la reine, véritable détentrice de la souveraineté. À ce titre, Gauvain, finalement le plus proche parent masculin du roi, est l’agent indispensable à l’équilibre de ce monde mis en place par Merlin, mais que menacent constamment de rompre les forces obscures qui guettent la moindre défaillance pour intervenir dans le jeu.
    De plus, le faucon est un oiseau de proie, mais un oiseau apprivoisé , qu’on lance dans les airs et qui, après avoir erré, revient, portant entre ses serres un « prisonnier ». Tel est bien le rôle de Gauvain, littéralement lâché par le roi Arthur au-dessus des domaines inquiétants où les forces obscures ourdissent des complots, avec pour mission de rétablir la justice et l’harmonie, autrement dit de faire plier les puissances trompeuses et de les amener à composer avec les puissances de lumière qu’incarne le groupe de la Table Ronde. Gauvain est le « chasseur », l’impitoyable justicier qui va lutter jusqu’au bout pour rapporter sa proie, fût-ce au prix des plus lourds sacrifices et dût-il, passagèrement, se trouver jeté dans quelque cul-de-basse-fosse (ou quelque lit de « demoiselle » fort ambiguë, ce qui revient au même !). L’un des plus anciens récits arthuriens, le Kulhwch et Olwen gallois, caractérise assez bien le personnage quand il affirme que « Gwalchmai ne revenait jamais d’une mission sans l’avoir remplie : c’était le meilleur des piétons et le meilleur des cavaliers ». Sa constance et sa fidélité témoignent de la conscience qu’il a de sa responsabilité : futur roi, il ne peut se permettre la moindre faiblesse à moins de se renier et de répudier le royaume.
    C’est dire que Gauvain, jeune faucon de toute façon, représente la force ascensionnelle, vitale et virile. Mais là où la plupart des commentateurs semblent se tromper singulièrement, c’est quand ils interprètent son ascension comme « solaire », font de lui le « héros solaire » par excellence face aux puissances de la nuit : manichéisme de pacotille, car l’on va voir que, même si son comportement est lié au mythe solaire, Gauvain est lui-même étranger au « jeune soleil » dont on a paré les plumes d’Horus.
    Cette erreur prend sa source dans la mauvaise compréhension d’une des caractéristiques de Gauvain, telle que l’expriment de nombreux récits français : au fur et à mesure que le soleil monte vers le zénith, la force de Gauvain s’accroît mais, dès le milieu de l’après-midi, elle décroît et devient quasiment nulle à la tombée de la nuit. Il n’en fallait pas davantage pour considérer Gauvain comme une image symbolique du soleil, surtout au début de ce siècle où, à la suite de Frazer, le célèbre auteur du Rameau d’Or , et des théories plus ou moins astronomiques de Max Muller. Tous les personnages mythologiques qui combattaient pour le « bien » de l’humanité étaient des « héros solaires », des « héros civilisateurs » venus apporter la lumière à des populations croupissant dans les ténèbres de l’ignorance. Les soi-disant penseurs inféodés au nazisme n’ont pas manqué d’exploiter ces théories fumeuses dans une direction qui coïncidait exactement avec celle de leurs fantasmes les plus aberrants : le concept de pureté ethnique, l’élimination des races « inférieures », les guerres en vue de « sauver » la civilisation menacée par les éléments hétérogènes (autrement dit les forces obscures, les Géants de la mythologie germano-scandinave et les Fomoré de la
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