Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
monde chercher des médecins capables de le soigner, on compulsa tous les livres de médecine qu’on put trouver, tous les efforts demeurèrent vains. Aucun des remèdes que l’on connaît contre les morsures de l’aspic et autres reptiles au venin foudroyant, aucune des herbes qu’utilisent les médecins versés dans les sciences naturelles ne lui fut d’aucun secours. Il n’éprouvait de relâche à ses souffrances que lorsqu’on le portait en présence du Graal. Ainsi, chaque jour, emmène-t-on le roi boiteux dans une pièce où apparaît le Graal. Alors, il se lamente et implore Dieu de le retirer du monde et de mettre un terme à ses souffrances. Mais, en vérité, le roi blessé ne peut mourir avant que sa pénitence ne soit achevée.
    « Un jour, cependant, à ce qu’on prétend, une inscription apparut sur la pierre : elle disait qu’un chevalier viendrait et que si on l’entendait en ce lieu poser une question, une seule question, la détresse du roi et celle de son royaume prendraient fin. Encore fallait-il que personne, adulte ou enfant, homme ou femme, ne lui eût dévoilé l’importance de la question, sans quoi la question serait inutile : la plaie resterait toujours ouverte et causerait des souffrances encore plus cruelles. L’inscription disait aussi que si ce chevalier ne posait pas la question dès le premier soir, l’occasion serait manquée. En revanche, s’il lui arrivait de poser la question au moment opportun, c’est à lui qu’appartiendrait le royaume du Graal, et dès ce moment-là, le vieux roi serait guéri.
    « De nombreux chevaliers se sont déjà présentés chez le Roi Pêcheur. Ils y ont reçu l’accueil le plus courtois du monde. On les a menés devant le roi. On leur a fait l’honneur d’un festin. Mais jamais, lorsque le Graal et la Lance qui saigne apparaissaient, le chevalier présent n’osa poser la question qui eût sauvé le vieux roi et rendu sa prospérité au royaume. Car c’est un royaume dévasté qu’un royaume où ne peut régner un roi blessé. Et ce malheur perdurera, tant que le Bon Chevalier ne sera pas venu rétablir ce que la méchanceté des hommes a bouleversé.
    — Cette histoire n’a aucun sens, dit Gauvain, et ce n’est pas ainsi que Merlin nous a raconté l’origine du Graal et la cause de la blessure du Roi Pêcheur ! – Je ne dis pas le contraire, reprit Morgane. Je t’ai seulement rapporté le récit que j’ai moi-même entendu. Il me semble que tu devrais en connaître plus que moi, toi qui fais partie des chevaliers que l’on a admis dans la demeure du Roi Pêcheur et qui, pour une raison ou pour une autre, n’ayant pas posé la seule et unique question, ont de la sorte prolongé d’autant les souffrances du vieux roi et le malheur du royaume. »
    Gauvain se sentit de plus en plus mal à l’aise. « Tu cherches à me troubler avec tes contes, dit-il enfin. Mais je ne te crois pas. » Morgane alors disparut un instant derrière l’arbre et, lorsqu’elle reparut, sa main droite tenait une branche de pommier à laquelle pendaient deux fruits mûrs. « Je vais te révéler autre chose, Gauvain, dit-elle, et peu me chaut que tu me croies ou non. Sais-tu ce qu’est cette branche ? – Je le vois bien, répondit Gauvain, c’est une branche de pommier comme on en voit partout. – Certes non ! s’écria Morgane en riant, ce n’est pas n’importe laquelle ! Sache-le, celle-ci vient d’Avalon. – Où se trouve Avalon ? demanda Gauvain. – En une île lointaine, autour de laquelle brillent les vagues sous les rayons d’un soleil qui ne faiblit jamais. C’est une terre magnifique où les fruits sont mûrs toute l’année, où les fleurs répandent leurs doux parfums en toute saison. La tristesse et la souffrance y sont inconnues, et l’on y découvre des richesses sans pareilles, des trésors de toutes couleurs, des plaines où s’ébattent de brillants coursiers, des vergers où il fait bon s’endormir en écoutant des musiques divines. Car, au milieu de cette terre, se dresse un très vieil arbre, plus ancien que le monde, un arbre fleuri sur lequel se posent des oiseaux qui chantent sans cesse la joie et le bonheur. Telle est la terre d’Avalon, beau neveu : son aspect change d’heure en heure, mais c’est toujours la même terre. On la croit proche ? Elle est lointaine. On la croit loin ? Elle est toute proche. Là vivent des milliers de femmes aux cheveux d’or, aux riches vêtements de soie
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher