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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain
Autoren: Jean Markale
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chambre. Puis les chevaliers qui avaient conduit Gauvain jusqu’au Roi Pêcheur le ramenèrent dans la grande salle où tout était prêt déjà pour le repas. Là, étaient rassemblés vingt-deux vieux chevaliers aux cheveux de neige et qui, néanmoins, ne semblaient guère âgés, tant leur maintien était ferme et élégant. On leur eût donné quarante ans à peine, quoiqu’ils dussent en avoir au moins cent. Ils installèrent Gauvain à une magnifique table d’ivoire puis s’assirent à ses côtés.
    On lui apporta alors un rôti de cerf et autres gibiers, servis d’abondance dans de la vaisselle d’or. Et Gauvain mangeait de bon appétit quand deux jeunes filles entrèrent dans la salle. L’une, entre ses mains, tenait une coupe d’émeraude d’où irradiait une vive clarté, l’autre, une lance d’où coulait un sang vermeil. Gauvain tomba dans une étrange torpeur. Il se mit à rêver : il se voyait encore dans la lande à la recherche de la demeure du Riche Roi Pêcheur ; il découvrait le château et s’y précipitait de toute la vitesse de son cheval mais, plus il avançait, plus il lui semblait voir le château s’éloigner à l’horizon. Et d’autres images vinrent le frapper : le visage de la magicienne Orgueluse, les deux jeunes filles de la tente. Pourquoi n’était-il pas resté dans cette tente, avec ces femmes qui s’offraient à lui ? Et il se voyait galopant dans la forêt et rencontrant la demoiselle chauve. L’image de celle-ci le tira brusquement de sa rêverie. Il regarda droit devant lui et vit tomber trois gouttes de sang sur la nappe. Sa main se tendit vers elles et il voulut les toucher, mais elles disparurent au moment même où il l’avançait. Il se leva brusquement, dans l’espoir de dissiper son malaise, mais un regard circulaire lui révéla que la salle était vide. Les chevaliers n’étaient plus là, et l’on avait débarrassé la table.
    Gauvain fit quelques pas et, chancelant, s’assit sur le lit. Les deux cierges brûlaient toujours devant l’échiquier mais, à présent, les pièces s’y trouvaient disposées, certaines en ivoire, les autres en or. Il les contempla longuement, puis sa torpeur le reprit. Il s’allongea sur le lit et s’endormit tout de suite.
    Au lever du jour, c’est le son d’un cor qui le réveilla. Il bondit du lit, s’équipa en hâte mais lorsqu’il voulut aller prendre congé du Roi Pêcheur, il s’aperçut que toutes les portes étaient fermées, sauf celle qui donnait sur l’escalier. Il descendit dans la cour et trouva Gringalet, tout sellé, qui piaffait d’impatience. Sa lance et son bouclier se trouvaient toujours contre le mur du bâtiment principal. Il s’en saisit, enfourcha son cheval, l’éperonna et sortit de la forteresse. Devant lui, les ponts étaient ouverts, vastes et larges : il les traversa sans encombre mais, dès qu’il eut franchi le dernier, ceux-ci se relevèrent tous ensemble dans un grand fracas tandis que retentissait à nouveau le son du cor. Alors, sans se retourner, Gauvain pressa l’allure de Gringalet, l’obligeant à galoper de toute sa vitesse, comme pour une fuite.
    Il se trouvait dans la forêt quand éclata un orage presque aussi violent que la veille. Le tonnerre grondait, la pluie tombait, le ciel était toutefois moins sombre. Mais le vent soufflait en rafales si fortes que les arbres se tordaient en tous sens. Pour se protéger de la pluie, Gauvain tenta de s’arrêter à une chapelle isolée, mais les portes en étaient closes, et il lui fut impossible d’y pénétrer. Il reprit sa route et dut placer son bouclier sur l’encolure de son cheval, pour épargner à celui-ci d’être étouffé par la pluie.
    Il atteignit une rivière et la suivit jusqu’au moment où il aperçut, dans une clairière de la rive opposée, un chevalier et une jeune femme qui chevauchaient avec une belle aisance, bien droits sur leurs étriers. Le chevalier portait un oiseau sur son poing, et la jeune femme arborait une coiffe brodée de fils d’or. Deux chiens de chasse couraient derrière le chevalier et le soleil étincelait sur l’herbe dont la clarté et la transparence de l’atmosphère soulignaient l’éclatante verdure. Gauvain en demeura stupide. Comment se pouvait-il que, sur son bord à lui, il plût à torrents, tandis qu’en face il faisait si beau ? Les deux cavaliers, là-bas, semblaient prendre grand plaisir à leur promenade. Gauvain aurait bien voulu leur parler,
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