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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain
Autoren: Jean Markale
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sœur du roi Mark. La force de cette antique tradition se fait toujours sentir à travers les récits du XIII e  siècle : lorsque Gauvain, tout jeune chevalier, arrive à la cour d’Arthur et se manifeste par d’impossibles exploits {2} , le roi le reconnaît publiquement à la fois pour son neveu et pour son successeur. Et personne ne songe à contester ce choix, tant il paraît naturel.
    Mais si elle confère à Gauvain sa légitimité dans l’ordre arthurien, cette situation privilégiée n’explique pas, loin de là, le personnage éminemment complexe et même paradoxal dans bien des cas. On sait que derrière la plupart des compagnons d’Arthur se dissimulent des personnages mythologiques hérités de la plus ancienne tradition celtique, voire d’importantes divinités dont le nom a été perdu mais dont la fonction est demeurée présente dans l’inconscient collectif. Ainsi en est-il des deux plus anciens « complices » d’Arthur, Kaï et Bedwyr. Avant de devenir le « frère de lait » d’Arthur – et de s’intégrer de la sorte à la famille – puis un sénéchal quelque peu fanfaron, si l’on en croit les récits français, Kaï était un redoutable dieu de la guerre doté de pouvoirs magiques impressionnants : il pouvait notamment étirer son corps au point de dépasser les plus hauts arbres d’une forêt (d’où son appellation galloise, Kaï Hir , c’est-à-dire « Kaï le Long ») ; en outre, il émanait de lui une chaleur extraordinaire, don qui l’apparente à un dieu fulgurant du type du Cûchulainn irlandais ou du narte Batraz, et qui n’est pas sans rapport avec la « chaleur chamanique », particularité attribuée aux « hommes-médecine » des cultures de l’Asie centrale. Au demeurant, même déchu au rang de sénéchal matamore et médisant, Kaï reste un personnage divin, analogue à l’Irlandais Bricriu « à la langue empoisonnée », au Thersite grec et au Loki germano-scandinave. Quant à Bedwyr (que les romans français nomment Béduier), il est, lui, l’image parfaite du dieu manchot indo-européen, tel l’Irlandais Nuada « à la main d’argent » ou le Tyrr germano-scandinave.
    Ainsi en est-il également de Lancelot du Lac en qui se reconnaissent les traits dominants du dieu pan-celtique Lug « à la longue main », le « Multiple-Artisan » tant célébré par la tradition irlandaise, même de nos jours.
    Mais à qui donc identifier Gauvain ?
    Question difficile, car le personnage résulte d’une série de superpositions d’éléments symboliques qui, pour être divers, relèvent incontestablement d’un fonds mythologique hérité des Celtes. Cela admis, il est possible de partir de son nom pour élaborer certaines hypothèses. « Gauvain » est, sinon français, du moins francisé, et l’anglais « Gawain » en est une transcription. Mais avant de se présenter sous cette forme française, il apparaît d’abord sous une forme latine, dans l’ Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth, et surtout dans une inscription qui figure sous des sculptures de la cathédrale de Modène, en Italie. Celles-ci, ciselées au tout début du XII e  siècle, relatent l’enlèvement de la femme d’Arthur et sa délivrance par les guerriers du roi, au nombre desquels est mentionné un certain Galvagnus.
    Il s’agit là, bien sûr, d’un nom latinisé comme ses voisins, mais les spécialistes affirment unanimement que tous sont d’origine bretonne-armoricaine. Cela ne signifie pas que la légende arthurienne ait pris naissance en Armorique, mais simplement que la geste a été transmise à Modène dans une version armoricaine. On peut donc supposer une forme originelle gualguagn ou gualguen qui correspondrait d’ailleurs à la transcription néerlandaise médiévale Walwein . Et le sens de gualguen ( Gwalc’hgwenn en breton moderne) ne fait aucun doute : « faucon blanc ». Mais tout se complique lorsqu’on compare ce nom avec la forme qu’il prend dans les récits gallois : il est alors question de Gwalchmai fils de Gwyar. Gwyar signifie « sang » (on attendrait plutôt Llwch, équivalent gallois de Loth), mais Gwalchmai (parfois écrit Gwalchmei) a le sens exact de « faucon de mai ». D’après le grand celtisant Joseph Loth, qui s’est longuement penché sur ce problème, on retrouverait ce nom dans le célèbre et précieux Cartulaire de Redon sous la forme imprécise de Waltmœ ou Walcmoel , désignant très
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