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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain
Autoren: Jean Markale
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l’eut-il franchi que celui-ci se releva de lui-même mécaniquement, grâce à quoi personne ne pouvait désormais franchir les flots noirs et tumultueux.
    En abordant le deuxième pont, la peur reprit Gauvain, car ce pont paraissait aussi long et aussi étroit que le premier et, dessous, l’eau n’était ni moins rapide ni moins agitée. Cependant, il se ressaisit et, résolument, poussa son cheval. Le pont lui parut alors le plus solide et le plus magnifique qu’il eût jamais vu. Et, sitôt après son passage, le pont se releva de lui-même comme le précédent. Alors Gauvain se dirigea vers le troisième pont.
    Celui-ci, fort différent des deux autres, était bordé de colonnes de marbre que surmontait toutes un pommeau semblait-il façonné d’or pur. Mais, à l’autre bout, rugissait un lion gigantesque et menaçant, dressé sur ses deux pattes de derrière. Gauvain eut encore un instant d’hésitation mais, se rappelant qu’il avait franchi sans encombre les deux premiers ponts, il s’engagea sur celui-ci avec confiance. Et le lion se coucha de tout son long à son passage, tandis que, comme devant, le pont se relevait de lui-même dans un grand bruit de machinerie. Alors, Gauvain franchit la grande porte et, tandis que celle-ci se refermait à grand fracas sur ses talons, il pénétra dans la cour.
    Il trouva celle-ci déserte et plongée dans l’obscurité. Néanmoins, il parvint à trouver le montoir, mit pied à terre et déposa sa lance et son bouclier contre le mur du bâtiment principal. Puis, après avoir cherché quelques instants, il découvrit un escalier qu’il se mit à gravir et qui le mena dans une salle magnifique dont les murs, illuminés par deux modestes torches, étaient ornés de place en place de portraits peints à l’or. Au centre de la pièce se dressait un lit surélevé, de toute beauté, à la tête duquel reposait, sur un coussin galonné d’or, un splendide échiquier. Quoique celui-ci fût dépourvu de pièces, Gauvain n’en fut pas moins émerveillé de sa beauté.
    Il était plongé dans sa contemplation lorsque deux chevaliers, sortant d’une chambre contiguë, l’abordèrent : « Seigneur, dirent-ils, sois le bienvenu. – Que Dieu vous accorde joie et bonheur », répondit Gauvain. Les chevaliers le firent asseoir sur le lit et ordonnèrent à deux écuyers de le désarmer. Cela fait, on lui présenta de l’eau dans deux bassins d’or pour qu’il pût se laver le visage et les mains. Puis vinrent deux jeunes filles avec une superbe tunique de drap d’or qu’elles lui firent revêtir. Paré de cet habit somptueux qui rehaussait sa beauté, Gauvain offrait l’aspect d’un homme inestimable. Toutefois, une chose l’intriguait : alors qu’il faisait nuit noire, à l’extérieur, et qu’à l’intérieur, les deux torches étaient sur le point de se consumer, la salle était aussi lumineuse qu’en plein midi. « Seigneur, dit l’un des chevaliers, te plairait-il de venir voir le maître de céans ? – Certes, répondit Gauvain, je le verrai d’autant plus volontiers que je veux lui remettre une très sainte épée. »
    Ils le conduisirent dans une chambre jonchée d’herbes et de fleurs. Sur un lit de sangles aux pieds d’ivoire était étendu un homme dont la belle chevelure blanche débordait d’une toque de zibeline dont la coiffe de soie rouge était frappée d’or. La tête du vieillard reposait sur un coussin d’où émanait un parfum suave, et dont les quatre angles étaient sertis de quatre pierres étincelantes. À l’arrière du lit, se dressait une colonne de cuivre qui supportait la statue d’un ange aux mains refermées sur une croix d’or. Et dans quatre chandeliers brûlaient quatre grands cierges. Gauvain comprit que l’homme allongé sur le lit n’était autre que le Riche Roi Pêcheur. Il s’approcha de lui et le salua. Le roi lui répondit en lui souhaitant la bienvenue.
    « Seigneur, dit Gauvain, voici l’épée avec laquelle fut décapité Jean le Baptiste. – Grand merci, seigneur, répondit le roi. Je savais que tu l’apportais. Ni toi ni personne n’auriez pu pénétrer ici sans elle. Et, sans vaillance, tu n’aurais pas pu la conquérir. » Le roi saisit l’épée, la contempla longuement avec une intense émotion, puis la remit à une jeune fille qui était venue s’asseoir à la tête du lit où il reposait. La jeune fille prit l’épée et, la portant avec dévotion, se retira dans une autre
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