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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages
Autoren: Paul C. Doherty
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dernier.
    — Il t’a offert son aide, non ?
    — Oui, acquiesça tout à trac le palefrenier paralysé par la surprise devant le mensonge flagrant de son maître.
    — C’est vrai, admit le frère lai. Pourquoi ce charlatan s’en serait-il tiré ? Il avait l’intention de ridiculiser mon père. Ce cas avait tant intéressé l’abbé Stephen... J’ai pris l’arc du gros archidiacre et des flèches dans son carquois. Cette abbaye est une véritable garenne. Taverner avançait dans la brume du matin et je lui ai décoché un trait en plein coeur.
    — Puis vous l’avez marqué au fer rouge, n’est-ce pas ? questionna Corbett.
    — Je voulais que la crainte de Dieu s’empare de ces moines à l’esprit étroit. J’ai fabriqué un fer. Ce fut d’abord Gildas, puis, quand j’ai été prêt, j’ai imprimé la même marque, celle du diable, sur Taverner et sur Hamo. Le trépas du sous-prieur fut pour moi grande jubilation. Je me suis rendu aux cuisines avec une poudre subtilisée dans le coffre de l’infirmier. J’ai choisi un gobelet et l’y ai versée. C’était comme jouer aux dés. Peu m’importait qui, parmi ces couards, boirait le poison. Tout ce que je savais, c’est que l’un d’entre eux périrait.
    Il brandit le poing en direction de Cuthbert.
    — J’espérais seulement que ce ne serait pas vous. Je voulais que vous soyez le dernier. Je voulais que vous éprouviez les mêmes terreurs, les mêmes angoisses que mon père.
    — Et l’archiviste, frère Francis ? lui rappela Corbett.
    — Ah, lui, il était différent. D’une certaine façon, j’étais navré pour lui. Il faisait partie du chapitre et s’était toujours montré bienveillant envers moi, mais il était dangereux. Le jour de sa mort, j’étais allé à la bibliothèque. Je me demandais si, par hasard, parmi les ouvrages qu’empruntait l’abbé Stephen, je ne pourrais pas découvrir d’autres indices sur mon passé. Francis m’a conduit à l’écart. Il m’a dit qu’il avait réfléchi au trépas de l’abbé. Il se demandait s’il ne s’agissait pas d’un suicide et prétendait que l’abbé Stephen devait avoir un grand secret qui pourrait peut-être expliquer à la fois sa mort et les meurtres sanglants qui avaient suivi. Il m’a interrogé en détail. « Allons, mon frère, a-t-il insisté, vous n’étiez pas seulement le serviteur de l’abbé, mais aussi son ami. » Je voyais bien qu’il avait des soupçons. Je lui ai répondu que j’ignorais tout et ne pouvais l’aider. Il a continué à soutenir que la vérité se trouvait quelque part dans la bibliothèque.
    — Il avait raison, l’interrompit le magistrat. J’ai trouvé un poème d’amour que votre père avait écrit en guise d’adieu quand il est entré à St Martin.
    — Vraiment ? s’exclama Perditus, qui avait, à présent, l’air d’un enfant. Puis-je le voir ?
    — Et frère Francis ? rappela Corbett.
    — Ah, oui ! Il était affable et studieux, mais il fourrait son nez partout. J’ai décidé qu’il devait mourir sans attendre. Il se croyait à l’abri dans sa bibliothèque, mais, pendant la journée, j’avais donné du jeu au volet de l’une des meurtrières. Cette nuit-là, pendant que les autres moines se remplissaient la panse, j’ai pris arc et flèches et me suis dirigé vers la bibliothèque. J’ai secoué le volet, l’ai enlevé et ai encoché mon trait. Frère Francis était une cible facile pour un archer, car il se découpait dans la lumière. Vous savez le reste.
    Il eut un grand sourire.
    — Ma vue est meilleure que je ne le prétends !
    — N’éprouviez-vous donc aucun sentiment ? gronda frère Dunstan.
    — Bien sûr que si ! Pour mon père ! Je vous aurais volontiers trucidé aussi, gros moine libidineux ! Mon père soupçonnait que vos visites à La Lanterne dans les bois ne concernaient point que les affaires de l’abbaye. Vous devriez tous les jours tomber sur vos gros genoux et remercier Dieu d’être en vie !
    Corbett lança un regard d’avertissement à Ranulf. Perditus savourait la situation. Il haïssait ces moines ; il aimait les provoquer et les railler en décrivant son habileté et la vengeance qu’il avait ourdie. Mais que se passerait-il quand tout serait fini ?
    — Et le chat ? cria Ranulf.
    — Oh, c’était destiné à souligner le parallèle avec l’histoire de Mandeville, expliqua Perditus qui avait oublié Dunstan. J’étais désolé pour cette
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