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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages
Autoren: Paul C. Doherty
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pas : il ne voulait pas parler de ma mère naturelle. Il m’ajuste donné son nom
    — Héloïse  - et a affirmé qu’elle mourut peu après ma naissance.
    — Êtes-vous revenu en Angleterre avec votre père ?
    Le silence régnait maintenant dans la chambre. L’archidiacre Wallasby et les moines étaient assis comme des élèves dans une école écoutant l’un d’entre eux battre sa coulpe en détail.
    — Non, pas sur-le-champ. Je l’ai maudit. J’ai failli frapper de ma botte cet homme à genoux, les joues ruisselantes de larmes. Il a dit qu’il m’aimait, qu’il avait payé pour ses péchés, qu’il ferait tout pour réparer. Il était si calme, si plein de remords ! Ce n’était pas facile pour lui. Le soir même nous avons soupé ensemble dans l’une des tavernes de la ville. Malgré mon courroux...
    Perditus eut un petit sourire.
    — ... j’éprouvais de la sympathie pour l’abbé Stephen. Je le considérais comme un véritable saint homme, un érudit. Quand j’ai entendu parler de ses exploits de guerrier j’ai éprouvé une immense fierté. Il m’a dit qu’il accepterait ma décision, quelle qu’elle soit. Il a dit que je pouvais même me rendre à Londres et le dénoncer publiquement. Il s’est embarqué pour l’Angleterre. J’ai attendu un an avant de le rejoindre, non pour me venger ou pour réclamer justice – mais simplement parce que je voulais être avec lui. Il m’a reçu à bras ouverts. Je suis devenu frère lai et ai pris le nom de Perditus.
    — Oui, l’interrompit Corbett, c’est ce que je pensais. Perditus, en latin, signifie « qui est perdu ».
    — Mon choix a fait rire l’abbé Stephen. Je peux vous affirmer, Messire le clerc, que malgré les crânes rasés qui nous entourent, les années passées près de mon vrai père furent les plus heureuses de ma vie. En public, je me comportais comme un serviteur, mais en privé nous étions véritablement père et fils. Il m’a tout conté sur les marais, les légendes de Mandeville et comment, lorsqu’il était un impétueux damoiseau, il avait pour habitude de sonner de sa trompe de chasse.
    — Et vous l’avez donc imité ?
    Perditus eut un petit rire, comme s’il s’amusait.
    — Oui. Je ne l’ai pas avoué à l’abbé Stephen, mais je pense qu’il s’en doutait. J’étais si heureux. J’aurais pu le rester.
    Ses traits se convulsèrent.
    — Peut-être aurais-je, un jour, appris la vérité sur ma mère s’il n’y avait pas eu cette maudite Bloody Meadow et l’avidité de ces moines ! Les soirs de printemps et d’été, l’abbé Stephen et moi allions souvent là-bas pour nous promener et bavarder. Nous pensions y être en sécurité. Une nuit nous avons entendu claquer le portail au cernel et j’ai compris qu’on nous espionnait.
    — Vous êtes alors revenu en hâte, commenta Corbett. Vous vous comportez peut-être en moine en ce qui concerne vos études et vos chants, mais vous n’en êtes pas moins encore jeune et fort.
    — J’ai escaladé le mur et gagné l’appartement de l’abbé, puis ma chambre où je me trouvais donc quand notre fouineur de prieur est arrivé à pas de loup. Les menaces ont commencé peu après. Quand l’abbé s’est suicidé, j’ai caché mon chagrin et ai préparé ma vengeance.
    — Vos meurtres !
    — Non, Messire le clerc, j’ai rendu justice. Si j’avais pu agir à mon gré, j’aurais brûlé cette abbaye jusqu’aux fondations, je n’aurais pas laissé une seule pierre debout. Gildas a été le premier : c’était un moine plus à sa place dans son atelier que dans sa stalle de choeur. Je l’ai assommé, ai caché son corps et, à la nuit tombée, l’ai traîné en haut du tumulus pour que ça serve d’exemple aux autres. Je suis allé dans les marais. Mon père avait pourchassé les démons, mais j’ai invoqué ces mêmes démons pour qu’ils me prêtent main-forte.
    — Pourquoi avoir tué Taverner ? intervint Ranulf.
    — Vous l’aviez ouï confesser son subterfuge, n’est-ce pas ? avança Corbett.
    — Mais je croyais que Perditus aidait Chanson à la bibliothèque ? s’étonna Ranulf.
    — Non, non, il espionnait, expliqua le magistrat en adressant un clin d’oeil à son écuyer. Après que Taverner eut avoué sa duperie, Perditus, craignant d’être pris, s’est empressé de repartir. Il a alors rencontré Chanson qui revenait de la bibliothèque.
    Le magistrat lança un coup d’oeil à ce
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