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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris
Autoren: Michel Zévaco
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Génie du Mal qui se dresse devant moi !…

Chapitre 4 SAPHO
    – Il n’y a ici qu’Adeline, Adeline de
Damart, demoiselle de compagnie, lectrice, amuseuse de M. le
baron Hubert d’Anguerrand… sa maîtresse !…
    La femme a prononcé ces mots d’une voix âpre…
et pourtant si douce, si veloutée !
    – Que voulez-vous ? demande Gérard
avec rudesse. C’est vous… oh ! je vous ai reconnue !…
c’est vous qui étiez dans l ’église, le jour…
    – Où M. Georges Meyranes se
mariait : oui, c’est moi !… Je ne vous perds pas de vue,
mon cher… Apprenez encore ceci : c’est moi qui ai été chercher
le chef de la Sûreté et lui ai indiqué le moyen de capturer le
voleur Lilliers, le chef de bande Charlot, le faussaire Meyranes,
tous trois réunis en une personne… la vôtre.
    – Vous ?… Vous ?…
    – C’est moi !
    – Que me voulez-vous ? halète
Gérard, les poings crispés, les yeux sanglants.
    – Vous dire : j’ai vu vos coups de
revolver, votre fuite… et je suis venue vous attendre ici… Vous
répéter pour la quatrième fois : Gérard, je vous aime…
    Il secoue violemment la tête.
    Elle saisit ses mains, plonge dans ses yeux
son regard d’une mortelle douceur :
    – Je t’aime !… Nulle ne te
comprendra comme moi ! Et je te veux ! Tu seras
mien !… Tu dis non… Pourquoi ?…
    Rudement, il secoue la tête. Elle
gronde :
    – Écoute. Tu rentres à Paris, n’est-ce
pas ?… Tu me repousses ?… Dans huit jours, tu es arrêté…
C’est la cour d’assises… c’est le bagne… c’est l’échafaud
peut-être ! Au contraire… si tu me veux… eh bien !… moi…
les vingt millions de ton père, je te les donne !… Demain, ils
sont à toi…
    – Les millions ! bégaye Gérard.
    Et déjà, il oublie tout au monde… Vingt
millions !… Ces mots résonnent dans sa tête avec un bruit de
tonnerre…
    Tout fuit, tout s’efface… il n’y a plus en lui
que le viveur effréné, le formidable dévoreur !
    La femme, d’une étreinte plus douce et plus
violente, corps à corps, l’enlace tout entier ; ses lèvres
brûlées d’amour cherchent les lèvres de Gérard et
murmurent :
    – Une vie de jouissance, de plaisirs
glorieux, de luxe raffiné, là-bas, dans le vieil hôtel
restauré !… Qui songera dès lors à trouver en Gérard
d’Anguerrand le faussaire Meyranes ou le voleur Lilliers !…
Libre, fier, honoré, magnifique et splendide, tu deviens un des
princes de Paris… et moi, moi ! je te gorge d’amour !… Tu
veux… dis ?…
    Alors, enlacée à lui, longuement, elle lui
parle à l’oreille ; palpitant, il résiste ; il veut se
reprendre ; d’un baiser de flamme, elle le reconquiert… et
c’est d’une lutte infernale… et lorsqu’il baisse enfin la tête,
lorsqu’elle le juge vaincu, elle jette sur une table un papier
qu’elle tire de son sein, lui met la plume dans la main, et
ordonne :
    – Signe !… Ton nom à côté du
mien !…
    Un frémissement d’épouvante et d’horreur
secoue le misérable emporté par le vertige ; un instant la
vision de son père assassiné jette sur son visage un reflet de
foudre…
    –  Signe ! gronde
Adeline. Signe ! Et ton père meurt ! Et les
millions sont à nous !…
    Il recule !… Il râle !… Il ne veut
pas !… Il se tord dans le spasme de la résistance… Et…
soudain, il se penche sur le papier… il signe ! Il a
signé !… il tombe à la renverse avec un rauque soupir…
    Sapho s’élance en rugissant…
    En quelques bonds, elle atteint l’antique
salon où le baron, son amant, l’attend comme la consolation
suprême !…
    *
* * * *
    – Chère aimée ! C’est pourtant vrai
que vous êtes toute ma consolation, le dernier rayon de bonheur
dans ma vie assombrie !…
    – Comme vous êtes pâle, mon
bien-aimé !… Asseyez-vous… là… dans votre fauteuil… moi dans
vos bras…
    Chancelant encore, docile comme un enfant, le
père de Gérard obéit…
    Adeline s’assied sur ses genoux, pose sa tête
sur cette vaste poitrine ; et sur son front, sur ses cheveux,
les lèvres du baron se posent, tremblantes.
    – Que ne m’a-t-il tué ?
murmure-t-il.
    – Ne songez pas à ce malheureux… sinon
pour le plaindre… Taisez-vous… oh !… ne parlons que de notre
amour !…
    – Que serais-je devenu, dit-il, que
serais-je devenu, si vous ne vous étiez trouvée sur mon triste
calvaire… si vous n’aviez daigné, si pure, si
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