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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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publique : Ramón deviendrait directeur d’un domaine d’élevage, Valle de Picadura, auquel l’État prodiguerait l’aide nécessaire. L’aîné s’est satisfait de l’arrangement. Depuis lors, on l’a vu maintes fois sur les écrans de télévision, tapotant la croupe de ses Holstein. Ramón aura été un bon professionnel, très intéressé par les réalisations françaises dans son domaine. Pour une délégation se rendant à Cuba, la visite à sa ferme modèle était une étape obligée. Le « patron » se montrait passionné lorsqu’il parlait des cent quinze litres de lait de cette vache qui lui a valu d’être inscrit au
Livre Guinness des records
. Mais Ramón a toujours détesté qu’on lui fît remarquer, dans la chaleur du déjeuner subséquent, qu’il ressemblait à son frère : « C’est le contraire, disait-il, c’est moi l’aîné. »
    De sa mère, Castro a encore assuré qu’il ne l’avait pas fait souffrir en naissant, malgré ses quatre kilos et demi de colosse précoce. Il a aussi rapporté qu’il était venu au monde à 2 heures du matin, et sans doute cette naissance nocturne l’avait-elle « fait guérillero ». À la différence d’Ángel, Lina était très croyante. Le choix d’un prénom comme « Fidel » pour son fils ne peut être dû au hasard. Il n’est pas malaisé de se représenter les effigies de la Vierge de la Charité, patronne de Cuba, dans les chambres et la salle commune. Fidel a évoqué les cierges allumés par sa mère. On retrouverait aisément les formules utilisées pour « implorer sur cette maison la bénédiction divine, en éloigner le feu, le tonnerre, les inondations, les accidents et les espritsmauvais » : pas de paysans chez qui cela ne se fît alors. Raúl, beaucoup plus rebelle que Fidel à cette atmosphère bondieusarde, a dit un jour que l’air de l’Oriente en était « infesté ». Il parlait surtout de l’école privée, qu’il a détestée ; mais comment ne pas imaginer que la maison en ait aussi été imprégnée ? Pas de messe, cependant, dans ces tendres années, car il n’y avait pas de curé dans ce coin perdu de Birán. Et Fidel, qui ne fut baptisé que vers cinq ans, on l’a dit, se souvient d’avoir été, pour cette raison, traité de « juif ».
    À la maison, l’atmosphère n’était pas chaleureuse. D’ordinaire laconique, le père pouvait entrer dans de violentes colères. Ángel, de vingt-cinq ans plus âgé que sa femme, vivait, au fond, dans un monde à part. Ainsi, lorsque la faim le prenait, allait-il se tailler une tranche de pain à la miche ; puis il retournait vaquer. La maison de bois, construite sur pilotis pour rattraper la pente, était vaste. Les chambres, à l’étage, donnaient sur les premiers contreforts de ces sierras qui allaient être un jour le théâtre des exploits de Fidel et de son jeune frère. La mère veillait, avec l’aide de domestiques et de ses filles, à ce que tout fût propre et rangé. Mais Fidel, pas plus qu’Ángel, n’y contribuait : son désordre a toujours été proverbial.
    C’est alors que le garçon avait six ans que, selon la légende dorée, se situe sa première révolte. L’histoire a été racontée par Matthews, du
New York Times
, qui a assuré la tenir de Castro lui-même. Le jeune garçon serait allé trouver son père pour lui demander d’aller à l’école. Sursaut d’Ángel : « Et moi, j’y suis allé ? » Alors le gamin : « J’irai à l’école ou bien je mettrai le feu. » Matthews ajoute : « Cette histoire montre que, très tôt, un esprit de rébellion l’animait. » Castro n’a pas repris cette anecdote dans ses entretiens avec
Frei
Betto. Il indique au contraire qu’on l’avait mis très jeune à l’école près de Birán, un peu pour s’en débarrasser : la famille ne savait pas trop à quoi occuper le turbulent bambin. Vers cinq ans, il fut envoyé à Santiago, la capitale de l’Oriente, distante d’une centaine de kilomètres de la ferme vers le sud. Était-ce en raison de ses désordres de conduite ?
    Ici prend place une histoire à dormir debout, racontée par Castro lui-même. À Santiago, il aurait vécu, de la fin de 1931 audébut de 1935, dans la maison de famille d’une de ses anciennes institutrices de Birán, Eufrasia Feliú. Pour d’obscures raisons, le garçon aurait, un temps assez long, été traité avec dureté. Les récits de Fidel – d’autres occasions seront données de le vérifier – sont souvent
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