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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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caractère de leurs élèves, mettent l’accent sur les sorties. L’autobus du collège conduit la classe au pied de la Sierra Maestra, qui se dresse à l’ouest de Santiago. Une sorte de scoutisme : « Ils organisaient un ou deux jours de camping. On montait la garde et tout ça », racontera Fidel. Sa première victoire a été sa désignation comme « général » des « explorateurs » du collège Dolores. Ce goût de se porter en avant et un net talent pour l’organisation lui valent ainsi des suffrages parmi ses camarades. « Sans vraiment m’en rendre compte, j’ai acquis une certaine popularité. » Castro ne peut s’empêcher d’ajouter : « Probablement qu’à cette époque surgissaient déjà certaines qualités politiques innées ! »
    Certes, Fidel a d’autres explications que freudiennes à la formation de sa conscience révolutionnaire – même s’ilreconnaît que compte en cela « le sens de la dignité personnelle ». Il s’attribue « un tempérament naturellement rebelle » et un « refus inné de l’injustice » : deux
leitmotive
. Il explique encore à
Frei
Betto qu’il n’a eu aucun préjugé pour « aller au fleuve, dans les bois, monter aux arbres, ou partir à la chasse » avec des « fils d’humbles paysans » qui allaient pieds nus. Naturellement, ajoute-t-il, « nous n’ignorions pas le privilège d’avoir beaucoup de choses et d’être traités avec un certain respect ». Comment, en effet, ces enfants malingres et illettrés n’auraient-ils pas considéré comme d’une essence différente ce costaud qui, chaque été, rentré de son collège, parcourait à cheval les collines ou, accompagné de chiens, lâchait la poudre de son fusil au gibier ?
    Mais aussi, comment Castro n’aurait-il pas trouvé plus excitant de mettre ces gens-là dans son jeu plutôt que de s’isoler par une morgue dont il avait expérimenté dans sa chair l’effet contre-productif ? En ce sens, le nouveau maître de Cuba a pu déclarer, en 1959, à Carlos Franquí – alors un de ses proches collaborateurs –, que c’était la fréquentation des « fils des paysans du coin » qui lui avait évité les comportements de la « classe privilégiée ».
    Très jeune, Fidel a développé dans ses rapports sociaux deux attitudes parallèles dont on retrouvera des traces lorsqu’il sera devenu un homme public : envers ceux qui sont ou se croient au-dessus de lui, il cultive la violence ; envers ceux qu’il est certain de dominer, en revanche, il manifeste ce plain-pied que beaucoup appelleront sa « gentillesse ».
    Des anecdotes surnagent. Ainsi dit Raúl : « Tous les jours il se battait. Il défiait les plus grands Quand il était battu, il recommençait. Jamais il n’abandonnait. » Un biographe ajoute qu’un jour, lassé de voir Fidel revenir à la charge alors même qu’il en prenait chaque fois pour son matricule, un grand lui proposa de faire la paix. Rien d’invraisemblable. Un autre récit semble plus suspect, selon lequel l’adolescent, pour démontrer son audace, aurait enfourché une bicyclette et foncé dans un mur. Ceux qui ont colporté l’histoire ajoutent en général que c’est ainsi qu’il est devenu fou !
    Fidel s’est arrangé, durant toute sa période chez les jésuites, pour ne pas faire d’embardée par rapport aux règles. Déjà incroyant, à son aveu, il recevra pourtant à sa sortie la mention
congregante
, réservée à ceux qui ont été assidus aux prières et offices. Il sait faire semblant. « Je ne suis pas contre la discipline », explique-t-il encore à
Frei
Betto. Jamais plus, en tout cas, Castro n’acceptera de règles qu’il n’ait lui-même édictées.
    Voici donc, à Belén de La Havane, le futur chef révolutionnaire en grand adolescent. Un colosse, tout en muscles, avec des jarrets et des cuisses d’acier. « Un véritable athlète, disent ses maîtres ; il a défendu avec bravoure et fierté le drapeau de l’école. » Le visage est encore poupin. Plus tard, la barbe viendra lui conférer cette touche virile qui lui fait défaut. Bon élève ? Au début, il lui a fallu s’accrocher. Peu de ses camarades, en effet, ont ce handicap d’avoir été élevé dans un milieu culturel pauvre. Mais Fidel les rattrape assez vite. Il devient même excellent « dans toutes les matières littéraires », en espagnol, en histoire (y compris religieuse) et en géographie. En revanche, il est très irrégulier en mathématiques, en physique et en
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