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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Cuba. Arrivé avec son baluchon, il était, à sa mort, à la tête de plusieurs milliers d’hectares et employait des centaines de journaliers. Certes, Fidel a assuré que l’essentiel de ces terres était loué, et non en pleine propriété. Rien là, pourtant, qui évoque de près ou de loin la précarité. Le madré évitait certes de payer ses impôts, comme l’a reconnu son illustre fils ; et l’on peut aussi penser qu’il ne donnait à ses ouvriers que le minimum.
    Ángel, accueilli à Cuba par un oncle immigré, a d’abord été manœuvre, employé de la compagnie américaine United Fruit, dans la province d’Oriente. À Mayari, qui allait devenir le centrede tout pour Ángel, la « pieuvre verte » des États-Unis possédait d’immenses domaines sucriers et plusieurs importantes raffineries. Puis le
Gallego
monte une petite entreprise d’abattage travaillant pour le compte de la société yankee. Objectif : faire place nette pour les nouvelles plantations et, en même temps, fournir du bois d’œuvre. Au bout de quelques années, le Galicien a pu faire l’acquisition d’un modeste domaine proche de Birán, une localité de quelques centaines d’habitants dépendant de Mayarí.
    Plusieurs hypothèses, peut-être complémentaires, ont été avancées pour expliquer l’« accumulation primitive du capital » de celui que l’on nomme désormais don Ángel. Cette force de la nature, gros travailleur, pratiquait une activité nommée le « défrichage au clair de lune ». L’Oriente de l’époque, très boisé, était mal cadastré et en partie « à saisir ». La propriété Castro se serait agrandie de cette façon. Enfin, don Ángel aurait profité des troubles qui ont accompagné, en février 1917, le retour dans l’île des Américains, décidés à obtenir l’entrée en guerre du pays aux côtés des Alliés, ainsi que la garantie des livraisons de sucre.
    À cette époque (réputée celle de la « danse des millions »), le
Gallego
devient à Mayarí un personnage assez considérable. La prospérité est dès lors au coin de la plantation, avec les bonnes années de la fin de la Première Guerre mondiale et du début de l’après-guerre.
    Le ralentissement des livraisons aux États-Unis dans les années 1920 ? La crise de 1929 ? Ángel est devenu assez solide pour survivre à ces aléas. Il diversifie sa production. Il acquiert un troupeau de vaches ; une étable moderne remplace celle installée, « à la galicienne », au rez-de-chaussée de la maison de Birán. Un abattoir, une scierie, et même une petite mine de nickel lui appartiennent bientôt. Il tient aussi la seule épicerie du village, à laquelle ses ouvriers sont presque obligés de se ravitailler. « Quand je suis né, mon père avait fait des sous », convient Fidel. Et une évidence s’impose : l’ascension du père Castro est liée au
boom
provoqué en Oriente par l’irruption, vers 1900, de capitaux américains.
    Don Ángel était-il un notable au moment de la naissance de Fidel ? Une rare photo figurant dans le bureau de son filsmontre un homme mûr mais encore allant, l’air satisfait, son beau crâne rasé ou chauve, bien mis, plus
gentleman
que
farmer
, oserait-on dire, fumant le cigare. On peut le qualifier de notable pour l’aisance muée en fortune qui met en vue ce propriétaire désormais quinquagénaire. Il n’a toutefois pas de vie sociale. Même enrichi, il reste un paysan dégrossi par un apprentissage tardif de la lecture et de l’écriture. Simplement, a reconnu Fidel, il avait les moyens d’acheter des hommes politiques. Et il ne s’en privait pas.
    Ángel vit comme un rustre dans la maison, agrandie au fil des années, qui abrite sa famille, de plus en plus nombreuse. Qu’il n’y ait eu, un temps, ni l’eau courante ni l’électricité, cela va de soi : l’isolement de Birán, le bas niveau socio culturel de l’Oriente, le souvenir même de la ferme de Galice : rien ne prédisposait le propriétaire à vivre dans le luxe comme ces messieurs de Santiago, ou même dans le simple confort des employés américains de l’United Fruit. C’est en partie à cette « absence de vie de société » que Fidel a dû « d’échapper à l’idéologie bourgeoise ». Il a admis que sa formation aurait été différente si la fortune familiale était remontée à une génération. Ses parents auraient eu leur résidence en ville et le jeune homme aurait méconnu un aspect crucial de Cuba : la campagne
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