FBI

prennent part à l’opération secrète. Welch a l’étoffe de ces héros qui marquent l’Histoire. Le FBI lui doit le succès de l’opération « Mississippi Burning » qui a vu l’anéantissement du Ku Klux Klan. C’est un Neil Welch oublié de l’Histoire et des hommes que nous avons rencontrés dans une maison de retraite haut de gamme, au milieu des gloires politiques et diplomatiques finissantes, à deux pas des marais et des terrains de golf de Floride. Il nous a fait découvrir les arcanes d’un Bureau déchiré par une guerre civile, sur fond de succession d’un monarque en déclin, J. Edgar Hoover.
    La fin de Hoover précipite le Bureau dans un maelström dont il aura du mal à se remettre. Deux anciens du Bureau reviennent sur cette terrible époque en apportant des révélations sur un des plus gros scandales de l’histoire américaine, celui du Watergate. Ils étaient chacun à un bout de la chaîne. Chargé de l’enquête, Paul Magallanes interrogeait les témoins et recrutait les informateurs pour retrouver ses rapports à la une du Washington Post sous la signature de ceux qui allaient devenir les journalistes les plus célèbres de la planète, Bob Woodward et Carl Bernstein. Riche en anecdotes, son témoignage conduit à s’interroger sur le fonctionnement de l’information et la manière dont s’écrit l’Histoire.
    Paul Magallanes est un homme doux et sensible, surtout dénué de rancœur. En dépit de tout, il a pardonné au Bureau. Pourtant, à la trahison des directeurs adjoints transformés en « Gorges Profondes » s’est ajoutée celle de ses chefs et de ses pairs qui ont essayé de briser sa carrière en raison de ses origines latino-américaines. Il ne s’est pas laissé faire, et il en est fier. Les hasards de notre enquête lui ont permis de rencontrer une autre victime du Bureau, James Hosty, l’agent du FBI chargé d’enquêter sur Lee Harvey Oswald avant que ce dernier n’abatte le président Kennedy. Outre leur désir de faire connaissance, les deux retraités ont deux choses en commun. Chacun vit sur une côte ouest : l’un sur celle des États-Unis, l’autre sur celle de la presqu’île de Floride. En tant qu’agents, ils ont été au cœur de deux des plus grosses affaires politico-criminelles du siècle dernier. Mais une chose les divise : contrairement à Paul Magallanes, James Hosty a pu compter sur la solidarité de ses pairs et de ses supérieurs. Séparés par une génération, par des expériences différentes, par toute la largeur du pays, par des caractères aux antipodes, ces deux hommes, en dépit de leurs blessures professionnelles, se sont retrouvés dans leur admiration pour ce Bureau à qui ils ont tout donné et qui leur a si peu rendu.
    Au nom de l’esprit de corps qui a bénéficié à James Hosty et tant fait défaut à Paul Magallanes, les agents du FBI vouent aux gémonies Mark Felt, alias Gorge Profonde, l’informateur des journalistes du Washington Post . Ed Miller a été son bras droit. Il est l’un des derniers à pouvoir faire toute la lumière sur l’affaire. Son témoignage n’en est que plus édifiant. On apprendra que, contrairement à ce que l’on croyait, plusieurs « Gorges Profondes » ont œuvré à la chute du président Nixon. En communiquant à la presse les secrets des enquêtes des agents, les « Gorges Profondes » du FBI ont été responsables de la démission forcée d’un président des États-unis au terme de ce que certains ont qualifié de « coup d’État ». On verra que le vice-président Gerald Ford, qui prend la place de Nixon, est un ami de longue date (pour ne pas dire un homme) du FBI. Il doit la présidence américaine au Bureau, son prédécesseur, Spiro Agnew, ayant été contraint à la démission pour corruption à l’issue d’une enquête… du FBI ! On retiendra de ce drame les larmes d’Ed Miller quand il parle de la vengeance de Nixon qui a contribué à le faire condamner, lui et son supérieur, dans le cadre d’une autre affaire… d’écoutes illégales. Ed Miller restera à tout jamais marqué du sceau de l’infamie, tout comme son ex-supérieur qui traînera jusqu’à sa mort, en 2008, le poids d’une condamnation vécue comme injuste et infamante.
    2. La lutte contre le crime organisé
     
    Terre d’accueil de toutes les grandes organisations criminelles de la planète, les États-unis ont aussi été leur mère adoptive. Pour les mafias, hors la vitrine