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FBI

FBI

Titel: FBI
Autoren: David Carr-Brown
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organisé, en n’en faisant qu’à leur tête. Cette partie de l’ouvrage sur la lutte contre la criminalité organisée nous propulse là où s’estompe la frontière entre le Bien et le Mal. L’itinéraire des « anges déchus » du Bureau permet de bien mesurer l’ambiguïté des méthodes du FBI. Jusqu’où aller trop loin dans la lutte contre le Mal ? Comment ne pas se brûler au contact de la Mafia ? Lors de la plus longue des opérations d’infiltration menée par le Bureau, immortalisée au cinéma par l’excellent Donnie Brasco , notre guide, Joe Pistone, a parfois mordu la ligne blanche. Trente ans plus tard, il vit toujours dans des conditions qui frôlent la clandestinité, protégeant son identité sous des noms d’emprunts, arborant de grosses lunettes noires face aux caméras, mais il reconnaît parfois en privé forcer le trait pour faire plaisir aux médias.
    Joe Pistone a vu quelques-uns de ses collègues se brûler les ailes au contact de la Mafia. Certains s’en sont sortis de justesse, comme Lindley DeVecchio, rencontré au lendemain de son acquittement par un tribunal de New York. D’autres « anges déchus » ont fini en prison, comme John Connolly, dont le cas n’en finit pas de diviser la communauté des Agents spéciaux.
    Quand Joe Pistone s’enfonce dans son opération, Neil Welch n’est plus là pour le guider : il est au quartier général du FBI à Washington, aux côtés du Directeur, à la manœuvre d’une opération sans précédent contre la corruption au sein de la classe politique à Washington. Son directeur n’est autre que l’intrépide juge William Webster. Homme dont l’intégrité confine à l’austérité, Webster nous a concédé un entretien qui devait durer une demi-heure : commencé dans l’après-midi, la rencontre s’est poursuivie après la tombée de la nuit, ponctuée d’appels téléphoniques de son épouse le rappelant à ses devoirs de maître de maison vis-à-vis d’invités qui s’impatientaient. Nous avions lancé l’ancien directeur du FBI (puis de la CIA) sur l’une de ses marottes : la lutte contre la corruption à l’intérieur du système judiciaire américain. Quoique issu de la magistrature, William Webster est allé plus loin qu’aucun de ses prédécesseurs et de ses successeurs en la matière, jusqu’à autoriser la pose de micros dans le saint des saints, à savoir le bureau d’un juge, dans le cadre d’une des opérations les plus surprenantes menées par le Bureau, qui a vu deux cents agents infiltrés commettre des délits de toutes sortes en vue de démasquer des juges ripoux. L’affaire pourrait prêter à sourire ; elle marquera à tout jamais certains des agents que nous avons rencontrés, en raison de sa violence et de l’ampleur des enjeux.
    3. Violences des échanges au sein de l’Empire
     
    Le 21 juin 1989, six mois après son élection à la présidence des États-Unis, George Bush lance un vaste plan de lutte contre la criminalité violente et la grande délinquance. Les priorités nationales du FBI sont redéfinies : le Bureau a désormais pour mission prioritaire de lutter contre la « haute violence », les individus les plus dangereux. Pourquoi cette réorganisation ? Principalement en raison de l’explosion de cette criminalité violente. Les chiffres font frémir : chaque année, aux États-Unis, sont commis près de dix meurtres pour 100 000 habitants, soit environ quatre fois plus qu’en France ou au Canada. De plus en plus souvent, ces actes restent inexpliqués, donc impunis : c’était le cas pour 6 % d’entre eux en 1966, pour 25 % en 1990, pour 34 % en 1992. Dix ans plus tard, un assassin aura 50 % de chances de s’en sortir sans condamnation. Et le pire est encore à venir : la libération des grands criminels des années 1980, la montée du chômage consécutive à la crise économique, le retour des troupes des guerres d’Afghanistan et d’Irak, ajoutés à la vente quasi libre des armes à feu, font des États-Unis un sérieux candidat au titre peu enviable de pays le plus violent de la planète.
    Mythe américain oblige, qui dit violence aux États-Unis dit Far West. Notre saga du FBI ne pouvait éviter les cowboys, les Indiens et la cavalerie : en l’occurrence, le Bureau. La saga du Bureau a aussi pour décors ceux des grands westerns à la John Ford. Nous nous sommes amusés à remonter jusqu’au début du siècle, à l’époque où ses
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