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Favorites et dames de coeur

Favorites et dames de coeur

Titel: Favorites et dames de coeur
Autoren: Pascal Arnoux
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c’est-à-dire l’exil loin de la cour.
    Principal grief contre la favorite : elle coûtait cher à l’État donc au contribuable. Réelle sous Charles VII, dans un pays épuisé par sa lutte contre l’Angleterre, cette affirmation l’est bien moins sous François I er , assez exacte sous Henri IV après les guerres de religion, plus tellement sous Louis XIV et plus du tout sous Louis XV. Ensuite, et selon le degré de moralité de la dame, on lui imputait en vrac les misères du moment : disettes, épidémies de peste, intempéries, défaites militaires. L’ignorance de nos ancêtres les absout de ces exagérations. Il est vrai que voici peu encore, des historiens partiaux rendaient Louis XIV responsable du grand hiver de 1709, comme s’il avait commandé aux éléments ! Il nous paraît plus important de savoir si ces femmes aimèrent véritablement les rois qui les avaient distinguées.
    Combien et quelle influence ?
    Faute de goût ou de tempérament, plusieurs rois se passèrent de favorites. Ils craignaient aussi leur intrusion dans la vie politique. Louis XI, Charles VIII, Louis XII, eurent des maîtresses parfois très aimées, telle Marguerite de Sassenage, le grand amour de Louis XI, mais pas de favorites. François II mourut avant que l’idée d’en avoir l’effleurât. Henri III, qui n’était pas la folle tordue qu’une légende stupide veut nous imposer, n’aima que la reine Louise de Vaudemont. Sauf Louis XVI, amoureux de sa femme, et Charles X, veuf et « rangé » lorsqu’il monta sur le trône, tous les Bourbons eurent des favorites ou des « dames de cœur ». Les deux empereurs Bonaparte collectionnèrent les maîtresses sans influence, à l’exception d’Elizabeth-Ann Haryett, dite «  Miss Howard  », qui aida Louis-Napoléon à accéder au pouvoir suprême, nous verrons comment. Enfin, les présidents républicains furent fidèles à leurs épouses, sauf trois d’entre eux, mais dont les maîtresses observèrent une grande discrétion.
    Le faible effectif des favorites et des « dames de cœur » – vingt-six – traduit la complexité de l’amour, à ceci près qu’il s’agit de tendres rapports entre des monarques sacrés et quelques-unes de leurs sujettes. Toutes proportions gardées, on peut les comparer aux scènes mythologiques, où les dieux de l’Olympe charment et ravissent de simples mortelles ; et lorsque les poètes chantaient les amours de Zeus, ils célébraient selon toute vraisemblance les triomphes virils de leurs rois. « Un partage avec Jupiter /N’a rien du tout qui déshonore », dit l’Amphytrion de Molière, opinion qui correspondait alors à une idée ancrée dans l’esprit des contemporains.
    Nous avons dit plus haut qu’outre la tendresse « conjugale » retirée de sa fréquentation, le roi faisait de la favorite l’arbitre des arts et des élégances par sa beauté physique et la richesse de sa conversation. Très instruites, ces dames protégeaient les artistes, achetaient et faisaient acheter leurs œuvres, contribuant ainsi à l’éclat de la civilisation française. Elles prenaient parti dans les querelles littéraires ou musicales, les problèmes de société, se passionnaient pour les questions philosophiques ou religieuses, à condition qu’elles n’empiétassent point sur la vie politique.
    La favorite n’accédait pas en principe à ce domaine réservé au roi, mais un monarque complexé, ou faible, ou indécis, pouvait se laisser dominer, selon le caractère et l’ambition de sa « dame de cœur ». Les cas sont moins courants qu’on ne le pense, et l’influence subie se révéla parfois bénéfique : Agnès Sorel transfigura Charles VII, étonné d’être aimé pour lui-même et non pour ce qu’il représentait ; les sœurs Mailly furent maternelles à l’égard de Louis XV, qui le rechercha peut-être inconsciemment puisqu’il n’avait pas connu sa mère. Ayant très tôt perdu la sienne, Henri II resta subjugué par Diane de Poitiers, de dix-neuf ans son aînée, qui ne se montra pas toujours de bon conseil. Les plus fortes personnalités n’échappèrent pas à la subtile emprise féminine : François I er ne refusa rien à Mme d’Étampes, du moins rien d’essentiel ; le légendaire courage d’Henri IV fondait devant un jupon jusqu’à la faiblesse. Mais le pire cas de figure fut l’influence opposée de deux favorites, représentant chacune une faction politique.
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