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Faux frère

Faux frère

Titel: Faux frère
Autoren: Paul C. Doherty
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Ou devrait-il se contenter de rentrer à Bread Street ? Il parcourut du regard la ruelle qui débouchait sur Thames Street. Un rat à la queue mouillée bondit par-dessus sa botte. Irrité, il donna un coup de pied dans le vide, mais y vit un présage. Il commençait à en avoir plus qu’assez de courir la nuit pour accomplir les quatre volontés de son maître. Oui, décida-t-il, il était temps que Ranulf-atte-Newgate prît son destin en main. Alors qu’il remontait la ruelle à grands pas, deux silhouettes sombres surgirent de sous un porche. Ranulf écarta sa cape et brandit son épée.
    — Allez au diable ! cria-t-il.
    Les ombres disparurent et Ranulf poursuivit énergiquement son chemin dans le dédale des ruelles jusqu’à Carter Lane, puis il traversa Bowyers Row pour remonter Old Deans Lane qui longeait la masse noire de St Paul. Poussé par la curiosité, il escalada précautionneusement le mur du vieux cimetière entourant la cathédrale. Comme à l’accoutumée, l’endroit fourmillait d’activité : on se pressait autour des feux de camp et l’odeur de nourriture frappa ses narines. On s’agglutinait devant les étals chancelants des vendeurs de colifichets qui continuaient, même la nuit, à proposer leur pacotille. St Paul était lieu d’asile, mais offrait également l’hospitalité aux criminels de tout poil qui échappaient ainsi à la justice des officiers municipaux ou royaux. Ranulf contempla rêveusement la scène. Si son maître ne l’avait pas arraché à la prison de Newgate {35} , c’est là qu’il aurait fini, et bien content encore ! Plus déterminé que jamais, il sauta à bas du mur, se nettoya les mains et se dirigea vers la porte de Newgate. Un garde ensommeillé le laissa franchir la poterne, moyennant quelque menue monnaie, et il traversa le pré communal de Smithfield en direction de St Barthélémy. Il s’arrêta près du gibet sans se soucier outre mesure des pendus qui y pourrissaient.
    — Es-tu là, Ragwort ? appela-t-il à voix basse.
    — Le vieux Ragwort n’est ni là ni ici ! répondit le cul-de-jatte fou, une note de colère dans la voix.
    Avec un sourire, Ranulf lança un penny au pied de la potence. Puis il gagna l’hôpital où il tambourina à la porte. Quelques minutes après, un frère convers le fit entrer et il dut patienter dans un couloir balayé par les courants d’air, redoutant ce qu’il allait apprendre.
    — Ranulf ! Ranulf !
    Le père Thomas se hâtait vers lui.
    — Tu viens prendre des nouvelles de Maltote, bien sûr ?
    — Je passais par là, mon père. Je ne veux pas vous déranger.
    — C’est sans importance, Ranulf. C’est la nuit que je travaille le mieux.
    — Eh bien ? demanda Ranulf d’un ton pressant. Est-il aveugle ?
    Le moine le prit délicatement par le bras et le mena à un banc.
    — Il est hors de danger ! le rassura-t-il en s’asseyant près de lui. Il souffrira des yeux pendant un certain temps et sentira des picotements, mais l’eau a dilué la chaux très vite. Sa joue sera légèrement marquée mais il est jeune et cela guérira rapidement.
    Ranulf lui jeta un regard anxieux :
    — Alors, qu’est-ce qui vous tracasse, mon père ?
    — C’est son esprit qui m’inquiète.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Cette attaque, apparemment, a fait naître en lui une sainte horreur de la violence et en particulier des armes.
    Ranulf se mordit la lèvre.
    — Comment cela ?
    — Eh bien, nous lui avons donné un couteau pour découper sa viande et il s’est entaillé les doigts.
    Ranulf rit à gorge déployée, ivre de soulagement. Il tapota gentiment la main du moine apothicaire abasourdi devant la réaction du jeune homme.
    — Je suis désolé, mon père. Veuillez me pardonner ! Vous ne saviez pas ?
    Le père Thomas fit signe que non.
    — Ne confiez jamais un objet tranchant à Maltote, fût-ce un couteau ou une bêche. Il se blesserait ou blesserait autrui. Cela dit, mon père, je vous suis profondément reconnaissant de tout ce que vous avez fait pour lui.
    — Ne veux-tu pas le voir ?
    — Il dort ?
    — Oui.
    — Alors, ne le réveillez pas ! J’ai des affaires qui m’attendent.
    Il quitta l’hôpital et traversa à nouveau le pré communal à grandes enjambées. Puis, se bouchant le nez pour ne pas respirer les relents pestilentiels provenant du grand fossé d’enceinte, il suivit la ruelle tortueuse et pavée qui menait à la prison de la Fleet. Sans être d’un
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