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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue
Autoren: Michel Zévaco
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femme aux attitudes de force et de grandeur, même dans cette heure où elle gisait abattue par la nature, elle qui avait rêvé le triomphe sur l’humanité, ces yeux de diamants funèbres s’attachaient, graves, profonds, sur un enfant qui dormait près d’elle, un enfant, un tout petit être solide, musclé, aux poings énergiquement fermés. Une servante penchée sur le lit regardait. Et ce tableau, même dans le clair-obscur de cette chambre à l’unique fenêtre grillée d’épais barreaux, silencieuse au milieu des rumeurs du formidable château, c’était un rêve…
    Cette chambre était une prison. Cette servante, c’était Myrthis. La femme couchée, c’était Fausta. L’enfant, c’était le fils de Fausta et de Pardaillan.
    Fausta arrêtée par les sbires de Sixte dans la nuit de l’incendie du Palais-Riant avait été enfermée au château Saint-Ange où, pour unique faveur, on lui avait accordé de garder Myrthis près d’elle. Myrthis ne reconnaissait au monde d’autre maîtresse que Fausta qu’elle considérait comme une sorte de divinité. Fausta prisonnière, elle partagea donc tout naturellement sa captivité.
    Sixte rassembla un concile secret qui eut à juger la rebelle. Plus de deux cents questions furent posées à ce tribunal exceptionnel. A toutes les questions, il fut répondu à l’unanimité que Fausta était coupable. En conséquence, au mois d’août 1589, elle fut condamnée à être décapitée, puis brûlée et ses cendres jetées au vent. Ce fut le 15 août que cette sentence fut communiquée à Fausta dans la chambre où elle était détenue prisonnière. Elle l’écouta sans un frémissement ; mais un pli de son front orgueilleux, le dédain de ses lèvres indiquèrent qu’elle sortait de la vie avec cette sorte d’indifférence hautaine et glaciale qui avait présidé jusque-là à ses actes. L’exécution devait avoir lieu le lendemain matin.
    Quand les juges se furent retirés, Myrthis s’agenouilla en sanglotant aux pieds de sa maîtresse et murmura :
    – Quel horrible supplice ! ô maîtresse, est-il possible !…
    Fausta sourit, releva sa suivante, tira de son sein un médaillon d’or qu’elle ouvrit, et en montra l’intérieur à Myrthis.
    – Rassure-toi, dit-elle, je ne serai pas suppliciée ; ils n’auront que mon cadavre ; vois-tu ces grains ? Un suffit pour endormir, et on dort plusieurs jours ; deux endorment aussi, mais on ne se réveille plus ; trois foudroient en un temps plus rapide que le plus rapide éclair, et on meurt sans souffrance.
    – Maîtresse, dit Myrthis, en essuyant ses larmes, il y a six grains. Vous morte, ma vie ne serait plus qu’une agonie ; maîtresse adorée, il y a trois grains pour vous et trois pour votre fidèle servante.
    – Soit, dit simplement Fausta. Apprête-toi donc à mourir comme je vais mourir moi-même.
    – Je suis prête, dit Myrthis.
    Fausta versa les trois grains de poison dans une coupe et trois dans une autre coupe. Myrthis s’apprêta à verser un peu d’eau dans les coupes… A ce moment, Fausta devint affreusement pâle, un tressaillement prolongé la secoua jusqu’au fond de son être, elle porta les mains à ses flancs, et un cri rauque, un cri où il y avait de l’angoisse, de la terreur, de l’étonnement, de l’horreur jaillit de ses lèvres blanches…
    – Arrête ! gronda-t-elle. Je n’ai pas le droit de mourir encore !…
    Les six grains de poison furent remis dans le médaillon d’or que Fausta cacha dans son sein.
    Toute la nuit, Fausta parut s’interroger, écouter en elle-même, et doucement, de ses mains, elle caressait ses flancs ; et son visage exprimait tantôt un étonnement infini, tantôt un sombre désespoir, et tantôt une sorte de ravissement, comme un ciel de crépuscule où passeraient tour à tour de légères vapeurs dorées par le soleil disparu, et des nuées noires d’ouragan.
    Le matin, des pas nombreux s’approchèrent de la porte, et Myrthis, ignorant ce qui se passait dans l’être de Fausta, se reprit à pleurer, car on venait chercher sa maîtresse pour la conduire au supplice. C’étaient les juges, en effet, les juges et des gardes, les gardes et le bourreau. L’un des juges déplia un parchemin et fit une nouvelle lecture de la sentence. Alors le bourreau s’avança pour se saisir de Fausta et l’entraîner. Mais elle l’écarta d’un geste, et, sereine, glaciale, orgueilleuse, telle qu’elle avait toujours été, elle
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