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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue
Autoren: Michel Zévaco
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assis dans un fauteuil et entouré d’une douzaine de ses principaux officiers. Le roi jeta à peine un coup d’œil sur le moine, et, d’un ton nonchalant, demanda :
    – Il paraît que vous avez d’autres lettres ? Donnez.
    – Sire, fit Jacques Clément d’une voix contrainte, basse et rauque, une voix qui fit frissonner les assistants, sire, les lettres ne sont rien, ce que j’ai à vous dire est tout.
    – Parlez donc… vous venez de Paris ?… vous êtes entré à la Bastille ?…
    – Sire, je ne puis parler que seul à seul avec Votre Majesté. Ce que j’ai à dire est d’une importance mortelle…
    Henri III fit un geste. Les officiers hésitèrent. Mais le roi ayant répété le geste, ils sortirent. Jacques Clément les suivit des yeux… la porte se ferma.
    – Voici les lettres, sire, dit Jacques Clément qui tendit le paquet.
    Le roi commença à décacheter et à lire la première en disant :
    – Bien… très bien… Oh ! mais c’est admirable… et vous, messire, qu’aviez-vous à ajouter ?… Je vous…
    Un cri terrible jaillit de la gorge du roi, interrompant sa phrase : il venait de voir un poignard dans la main du moine, et le moine, le visage convulsé, effrayant, se pencher sur lui en grondant :
    – Hérode ! J’ai à te dire de par Dieu que ta dernière heure est venue !…
    Au même instant, Henri III sentit comme un froid le pénétrer au ventre. Il voulut se lever et retomba ; en même temps, il s’aperçut qu’il était inondé de sang et qu’il portait au bas-ventre un poignard enfoncé jusqu’au manche : le moine n’avait fait qu’un geste et s’était reculé, les bras croisés…
    Tout cela, depuis la remise des lettres, avait à peine duré deux secondes, et déjà, au cri poussé par le roi, la chambre se remplissait d’officiers et de gardes qui saisissaient le moine.
    – Sire ! demanda Crillon, qu’y a-t-il ? Cet homme vous a-t-il insulté ?
    Alors tous virent ce qu’ils n’avaient pas aperçu d’abord : le poignard enfoncé dans le ventre du roi, qui, d’une voix éteinte, murmura :
    – Ah ! le méchant moine !… il m’a tué !…
    Dans le même moment, Jacques Clément tomba assommé par un coup de masse que lui porta un garde ; un autre lui déchargea son pistolet à bout portant dans l’oreille ; trois ou quatre autres le lardèrent de coups d’épée ; en une minute, ce corps ne fut plus qu’une plaie affreuse, et tout pantelant encore, fut traîné dehors, livré à la foule énorme qui accourait, déchiqueté, démembré, réduit en bouillie. Les cris de désespoir, les imprécations, les jurons, les menaces contre Paris, pendant deux ou trois minutes, emplirent la maison, la rue, se répandirent par le village et se propagèrent par tout le camp.
    Cependant, des courriers partaient dans toutes les directions ; une heure plus tard, le roi de Navarre arrivait ventre à terre, et sautait d’un bond dans la chambre où Henri III, étendu sur un lit de camp, était évanoui, tandis que deux chirurgiens pansaient la blessure…
    Alors un morne silence tomba sur le camp…
    Ce ne fut que dans la soirée qu’Henri III reprit connaissance. Il déclara courageusement à tous ceux qui l’entouraient que ce n’était rien, qu’il avait la vie dure et qu’il en reviendrait. Puis il ordonna qu’on le laissât seul avec le roi de Navarre et qu’on lui apportât de quoi écrire.
    – Sire, dit Henri d’une voix ferme…
    – Mon frère ! interrompit le Béarnais en pleurant.
    – Sire !… écoutez-moi. Je vais mourir. J’ai une heure de vie environ. C’est suffisant pour rédiger l’acte qui vous désigne pour mon unique successeur au trône de France !…
    Et saisissant la plume, il ajouta avec un sourire :
    – Le roi va mourir… vive le roi !… Adieu Valois, vive Bourbon !…
    q

Chapitre 45 LA BONNE HOTESSE
    P ardaillan comme nous l’avons dit, était entré dans Paris, et, grâce à la médaille que lui avait remis Jacques Clément, avait pu circuler. En effet, les postes de bourgeois guerriers étaient innombrables ; chaque rue était barrée en deux ou trois endroits différents.
    Pardaillan put parvenir jusqu’aux
Deux morts qui parlent,
un cabaret qu’il avait autrefois fréquenté, lorsqu’il était tenu par la digne Catho. C’était une auberge de bas étage et très mal famée. Ribaudes et coupe-jarrets, telle était sa clientèle. Pardaillan n’avait pas peur pour sa dignité.
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