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Fausta Vaincue

Titel: Fausta Vaincue
Autoren: Michel Zévaco
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marche dans les ténèbres. Sa tête était brûlante, et ses mains glacées.
    Il marcha le long de la rue ; puis ne voulant pas s’écarter du logis du roi, il revint sur ses pas et aperçut alors une grange ouverte. Il y entra, s’étendit sur des bottes de paille, et, les yeux fixés devant lui, dans la nuit, la main crispée sur le manche de la dague sacrée que Dieu lui avait envoyée, il évoqua puissamment la figure de l’ange qui lui avait donné le poignard… et quand l’image de Marie de Montpensier fut devant lui, il sourit d’un sourire terrible et doux…
    A l’aube, comme les trompettes sonnaient, comme tout s’ébrouait et s’éveillait dans ce vaste camp qui s’étendait d’Argenteuil à Saint-Cloud et de Saint-Cloud à Vaugirard, Jacques Clément se leva. Il grelottait et claquait des dents. Il s’aperçut alors que cette grange où il venait de passer la nuit attenait à une auberge. Il entra dans la salle de l’auberge, où une servante allumait le feu. La servante se retourna vers le moine et demeura toute saisie :
    – Comme vous êtes pâle, mon père… on dirait que vous venez de tuer quelqu’un…
    Jacques Clément n’eut pas un tressaillement. Il sourit faiblement et répondit :
    – C’est le froid du matin. Un bon verre de vin me rendra mes couleurs.
    La servante lui apporta une bouteille dont il but la moitié. Puis, ayant payé, il sortit et se mit à errer dans Saint-Cloud. Au bout d’une heure de cette promenade morne, il s’aperçut qu’il avait grand-faim. Il eut un mouvement comme pour se diriger vers une auberge, puis s’arrêtant court :
    – Est-ce bien la peine ? murmura-t-il.
    Vers neuf heures du matin, il se trouvait devant la porte du logis royal. A chaque instant, des courriers y arrivaient ou en sortaient. Jacques Clément demeura une heure à considérer ces allées et venues, ce mouvement qui se faisait autour de la maison. Il regardait ces choses. Mais en réalité, il ne les voyait pas. Il songeait… Il regardait en lui-même. Enfin, un long frémissement l’agita. Son regard, jusque-là vitreux, s’emplit d’une intense lumière qui rayonna. Ce regard, il le darda vers le ciel éclatant, comme s’il y eût une dernière fois cherché l’image de l’ange et, d’un pas ferme, il marcha à la porte du logis.
    – Au large ! cria la sentinelle, en croisant sa pique.
    Jacques Clément eut un geste d’impatience et parut un moment déconcerté, comme s’il se fut attendu à entrer tout droit sans aucun obstacle possible.
    – Au large ! répéta la sentinelle, en même temps que plusieurs soldats s’approchaient et commençaient à le repousser sans ménagement pour sa robe de moine.
    – Je veux voir le roi ! cria Jacques Clément.
    A ce moment, Henri III passait dans l’entrée de la maison, d’une pièce à l’autre.
    – Que veut cet homme ? demanda-t-il à un officier.
    – Je vais m’en enquérir, sire, répondit l’officier.
    – Surtout, reprit Henri III, qu’on ne le rudoie pas, on dirait que je ne veux plus voir de moine parce que je suis avec les huguenots.
    – Que voulez-vous, mon digne père ? demanda l’officier en s’approchant de Jacques Clément.
    – Parler au roi, dit le moine d’une voix ferme.
    – On n’entre pas ainsi chez Sa Majesté.
    – Je viens de Paris, dit alors Jacques Clément ; au péril de ma vie, j’apporte au roi des lettres importantes.
    – Des lettres de Paris ! Oh ! C’est différent !… Donnez, messire, donnez !…
    Jacques Clément tira de son froc un paquet de sept ou huit lettres, en prit une au hasard et la tendit à l’officier en lui disant :
    – Que le roi lise celle-ci. S’il trouve que cela en vaille la peine, il m’appellera ; mais je jure que c’est moi seul qui lui remettrai les autres.
    L’officier persuadé que le moine ne voulait pas manquer une bonne occasion de récompense approuva d’un signe de tête et porta la lettre à Henri III… Quelques minutes, Jacques Clément demeura devant l’entrée sous l’œil des gardes. Mais il avait une physionomie si souriante, si vraiment radieuse que les soldats se disaient : « Sûrement, il y a quelque bonne nouvelle pour Sa Majesté… » L’officier reparut à ce moment et lui fit signe… le moine se redressa… les gardes ne reconnurent pas ce visage livide, un visage de cadavre où la mort parlait… Jacques Clément entra !…
    Dans la pièce où on l’introduisit, il vit Henri III
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