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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur
Autoren: Bernard Cornwell
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ultime ennemie.
    « Va me
chercher une monture », dis-je à un lancier. Il y avait des chevaux
abandonnés un peu partout et il courut, saisit une bride et me ramena une
jument. Je demandai à Ceinwyn de détacher mon bouclier, puis le lancier m’aida
à monter en selle et, une fois là, je fourrai Excalibur sous mon bras gauche et
pris les rênes dans la main droite. Je donnai des coups de talons à ma monture
qui bondit en avant, et je continuai à l’éperonner ; la jument soulevait
le sable de ses sabots et chassait les hommes de son chemin. Je passai entre
les guerriers de Mordred, mais il n’y avait plus de combativité en eux car ils
avaient perdu leur seigneur. Ils étaient sans maître avec, pour arrière-garde, l’armée
de fous de Nimue, et derrière ses forces désordonnées une troisième armée était
arrivée sur le sable de Camlann.
    C’était celle
que j’avais vue sur le mont, à l’ouest, et je compris qu’elle avait dû marcher
à la suite de Mordred pour s’emparer de la Dumnonie. Ils étaient venus assister
à la destruction mutuelle d’Arthur et de son roi, et maintenant que la bataille
était finie, l’armée du Gwent s’avançait lentement sous leurs bannières
marquées de la croix. Ils venaient s’emparer de la Dumnonie et faire de Meurig
son roi. Leurs mantelets rouges et leurs plumets écarlates semblaient noirs
dans le crépuscule, je levai les yeux et vis que les premières étoiles pâles
piquetaient le ciel.
    Je m’avançai à
cheval vers Nimue, mais m’arrêtai à une centaine de pas de ma vieille amie. Je
vis qu’Olwen me surveillait et je souris au regard fixe et torve de la
magicienne ; je lui souris, pris Excalibur dans ma main droite et brandis
mon moignon afin qu’elle sache ce que j’avais fait. Puis je lui montrai son dernier
Trésor de Bretagne.
    Elle comprit
ce que j’avais projeté de faire. « Non ! » cria-t-elle, et son
armée de fous hurla avec elle, leur baragouin ébranlant le ciel du soir.
    Je remis
Excalibur sous mon bras, repris les rênes et éperonnai la jument en la faisant
pivoter. Je la talonnai, la menant à toute vitesse sur la plage, et j’entendis
le cheval de Nimue galoper derrière moi, mais il était trop tard, beaucoup trop
tard.
    Je chevauchai
vers le Prydwen . La petite brise gonflait maintenant sa voile et l’éloignait
de la levée de terre, la pierre de spectre de sa proue se levait et retombait
dans les vagues incessantes. Je talonnai encore la jument qui secoua la tête,
je lui criai d’entrer dans cette mer qui s’assombrissait et ne cessai de l’éperonner
que lorsque les vagues vinrent se briser, froides, contre son poitrail ;
alors je lâchai les rênes. Elle frissonna sous moi tandis que je prenais
Excalibur dans la main droite.
    Je rejetai mon
bras en arrière. Il y avait du sang sur l’épée, cependant sa lame semblait
rayonner de lumière. Merlin avait dit, un jour, que l’Épée de Rhydderch se
transformerait en flamme, à la fin, et peut-être le fit-elle, ou peut-être les
larmes qui me remplissaient les yeux m’abusèrent-elles.
    « Non ! »
hurla Nimue.
    Et je lançai
Excalibur, loin et fort, dans les eaux profondes, là où la marée avait creusé
un chenal dans les sables de Camlann.
    Excalibur
tournoya dans l’air du soir. Aucune épée ne fut jamais plus belle. Merlin
jurait qu’elle avait été fabriquée par Gofannon dans la forge de l’Autre Monde.
C’était l’Épée de Rhydderch et l’un des Trésors de Bretagne. C’était l’épée d’Arthur,
le don d’un druide, et elle tourbillonnait dans le ciel de plus en plus sombre,
et sa lame lançait un feu bleu vers les étoiles de plus en plus brillantes.
Durant un battement de cœur, elle se mua en un trait de flamme bleu suspendu
dans les cieux, puis elle tomba.
    Elle tomba au
centre du chenal. Elle ne fit presque pas d’éclaboussures, on entrevit
seulement un peu d’eau blanche, puis elle disparut.
    Nimue hurlait.
Je fis pivoter la jument et la ramenai sur la plage, sur le charnier de la
bataille, là où m’attendait ma dernière troupe. Et je vis alors que l’armée des
fous s’éloignait en désordre. Ils s’en allaient, et les hommes de Mordred, ceux
qui avaient survécu, fuyaient pour échapper à l’avance des troupes de Meurig.
La Dumnonie tomberait, un roi faible la gouvernerait et les Saxons
reviendraient, mais nous allions survivre.
    Je descendis
de cheval, pris Ceinwyn par le bras et l’emmenai au sommet de
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