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Excalibur

Excalibur

Titel: Excalibur
Autoren: Bernard Cornwell
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était là, et Gwydre aussi, et je me joignis à eux, repoussant une
lance avec mon bouclier, avançant à coups d’épée, la gorge sèche, la voix comme
un croassement de corbeau. Je frappai un autre homme et Hywelbane laissa une
balafre sur son bouclier, il recula en titubant et n’eut pas la force d’avancer
de nouveau, la mienne s’épuisait, alors je me contentai de le regarder fixement ;
la sueur me brûlait les yeux. Il revint lentement à l’attaque, je frappai, le
coup porté sur son bouclier le fit reculer en vacillant, et il brandit sa
lance, et ce fut mon tour de faire un pas en arrière. Je haletais, et sur toute
la levée des hommes épuisés se battaient avec des hommes épuisés.
    Galahad était
blessé, le bras droit cassé, le visage ensanglanté. Culhwch était mort. Je n’ai
pas vu la chose arriver, mais plus tard, j’ai découvert son corps ; deux
lances étaient fichées dans l’aine, point faible que l’armure ne protège pas.
Sagramor boitait, mais sa vive épée semblait toujours aussi meurtrière. Il faisait
tout pour protéger Gwydre qui saignait d’une coupure à la joue et tentait de
rejoindre son père. Les plumes d’oie du cimier d’Arthur étaient rouges et son
manteau blanc zébré de sang. Je le regardai frapper un adversaire de haute
taille, repousser d’un coup de pied sa botte désespérée et le tailler en pièces
avec Excalibur.
    C’est alors
que Loholt l’attaqua. Je ne l’avais pas vu jusqu’à cet instant, mais lui
aperçut son père et éperonna son cheval en le visant de sa lance, qu’il tenait
dans son unique main. Il entonna un chant de haine en chargeant dans la foule
des hommes las. Son destrier, terrifié, roulait des yeux blancs, mais les éperons
le tenaillaient. Sagramor jeta une lance entre les pattes du cheval qui tomba
en soulevant une averse de sable. Le Numide, affrontant les sabots qui
battaient l’air, abattit obliquement son sabre, telle une faux, et je vis le
sang jaillir du cou de Loholt ; juste comme Sagramor lui arrachait l’âme,
un Bloodshield se précipita sur mon ami et lui asséna un coup de lance.
Sagramor le repoussa d’un revers de son épée en l’aspergeant du sang de Loholt,
et le Bloodshield tomba en hurlant, mais alors un cri nous apprit qu’Arthur
avait rejoint Mordred et nous nous retournâmes instinctivement pour regarder
les deux hommes qui s’affrontaient. Toute une vie de haine accumulée animait
leurs bras.
    Mordred prit
lentement son épée et la brandit pour manifester à ses hommes qu’il voulait
Arthur pour lui seul. Dociles, ils s’éloignèrent lourdement. Tout comme le jour
où il avait été proclamé roi sur Caer Cadarn, Mordred était tout de noir vêtu.
Mantelet noir, plastron noir, chausses noires, bottes noires et casque noir.
Les coups portés sur son armure noire avaient raclé la couche de poix, laissant
par endroits le métal à nu. La poix recouvrait aussi son bouclier, et seuls un
brin de verveine flétri qu’il portait à son col et les orbites du crâne qui
couronnait son casque apportaient à sa tenue quelques touches de couleur. Ce
devait être un crâne d’enfant, car il était très petit, et on en avait bourré
les orbites de morceaux de tissu rouge. Mordred s’avança, boitant de son pied
bot et faisant tournoyer son épée. Arthur nous fit signe de reculer pour lui
laisser de la place. Il prit Excalibur bien en main et leva son bouclier d’argent
balafré et couvert de sang. Combien étions-nous encore ? Je l’ignorais. Quarante ?
Peut-être moins. Le Prydwen avait atteint le coude du chenal de la
rivière et glissait maintenant vers nous avec la pierre de spectre encastrée
dans sa proue, la voile à peine agitée par la brise. Les avirons plongeaient et
se relevaient. La marée était presque haute.
    Mordred se
fendit, Arthur para, puis passa à l’attaque et le roi recula. Il était vif et
jeune, mais son pied bot et la grave blessure à la cuisse reçue en Armorique le
rendaient moins agile que son adversaire. Il passa la langue sur ses lèvres
sèches et revint à l’attaque ; les épées s’entrechoquèrent bruyamment dans
l’air du soir. L’un des spectateurs ennemis vacilla soudain, tomba sans raison
apparente et ne bougea plus tandis que Mordred s’avançait rapidement et
abattait son épée en traçant un arc de cercle aveuglant. Arthur para avec
Excalibur, puis de son bouclier frappa Mordred qui s’écarta en titubant. Arthur
ramena son bras en
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