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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys
Autoren: Chantal Touzet
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semble déjà suivre de si près les traces de ses aïeux et
de son père, que l’on reconnaît en lui la majesté royale à l’air de dignité
répandu sur toute sa personne.
    Il continua ainsi à énumérer les qualités du
prince, et elles étaient inépuisables. Enfin, il en vint là où il voulait.
    — Or, puisqu’il ne lui manque rien de ce qui
convient à la majesté royale, je déclare, en vertu du serment de fidélité qui
me lie envers lui, qu’il n’a plus désormais besoin de tuteurs…
    Un frémissement passa sur l’assemblée. Le cardinal
haussa le ton au fur et à mesure que la houle s’enflait.
    — … et qu’il doit diriger par lui-même les
affaires du dedans et du dehors. J’engage le Conseil à reconnaître cette mesure
comme utile et salutaire…
    Il finit, criant par-dessus le tumulte :
    — … et à approuver avant de passer outre !
    Il se rassit avec componction dans un hourvari qui
fit trembler les fenêtres à meneaux des grandes croisées.
    Le duc de Bourgogne se leva, le visage
congestionné. Il venait de réaliser combien il avait sous-estimé Montjoie
Isabelle et combien ces freluquets lui avaient masqué les réels acteurs du
complot : les Marmousets. Cependant, il ne se tenait pas encore pour battu ;
il étendit les bras pour obtenir le calme, et attaqua de sa voix de tribun :
    — Je ne puis croire que cela vienne du roi
mon neveu, mais de certains vieux conseillers revanchards et de quelques jeunes
courtisans, des factieux, qui n’écoutent que leurs ambitions et ne cherchent qu’à
se faire enrichir par la magnificence royale.
    Ces propos furent accueillis par un véritable
chahut. Alors Charles VI se leva, impressionnant de noblesse. Chacun fit
silence, suspendu à ses lèvres : quel parti allait prendre le roi dont les
atermoiements étaient connus de tous ?
    — Nous approuvons et agréons tout ce qu’a dit
Son Éminence le cardinal…
    Il y eut comme un long soupir de soulagement qui
fit frémir l’assemblée, suivi d’une rumeur qui grossissait. Le roi la fit taire
aussitôt en haussant le ton.
    — Cependant… nous ne voulons pas encourir le
reproche d’ingratitude, et nous vous remercions, oncles bien-aimés, avec toute
la reconnaissance que vous méritez, du tendre dévouement que vous nous avez
montré en veillant sur notre personne depuis la mort de notre père, dont Dieu
veuille avoir son âme. Dans l’adversité comme dans la prospérité, vous avez
toujours été, pour nous, des conseillers fidèles et soumis. Nous désirons vous
trouver encore tels désormais. S’il nous arrive que des ennemis attaquent notre
royaume, nous vous prions de le secourir sans délai, comme vous le devez, et
comme vous l’avez fait jusqu’ici.
    Et le roi se rassit. L’assemblée alors explosa, approuvant
à la quasi-unanimité dans un concert de « Vivat, vivat ! Vive le roi !
Noël, Noël ! ».
    Car c’était dit, les oncles étaient renvoyés.
    C’est dans un tel tohu-bohu que Jean de Nevers
fendit la foule à sa manière de taureau furieux, et bouscula sciemment au
passage Louis d’Orléans qui triomphait à grands cris. Les deux cousins se
défièrent un bref instant.
    — À nous revoir, beau cousin ! lui souffla
Nevers avec haine.
    Et, sur cette menace, il quitta la salle en chahut.
    Le duc de Berry se taisait, engoncé dans son
triple menton, le regard sombre et résigné, tandis que son frère de Bourgogne
se démenait toujours. Il finit par faire entendre sa voix de stentor :
    — Je supplie mon royal neveu de délibérer
plus mûrement là-dessus quand nous serons arrivés à Paris.
    Le cardinal de Laon se leva à nouveau.
    — Le Grand Conseil approuve la décision du
roi ! clama-t-il.
    Laon et Bourgogne s’assirent en même temps et
échangèrent un regard. Dans celui de Philippe, il y avait une lueur de meurtre :
le cardinal l’avait trahi, il était de la conjuration.
    Charles VI se dressa encore, plus majestueux
que jamais, et le silence revint.
    — Nous remercions encore nos oncles des
peines et travaux qu’ils ont eus de notre personne et des affaires de l’État. Qu’ils
ne prennent à ce jour que la peine des affaires de leurs apanages.
    C’était crûment dit.
    Le roi fit signe à son héraut : les buccins
sonnèrent alors que le roi tendait le poing à la reine. Elle y posa sa main et
se leva lentement. Le héraut annonça :
    — Oyez, oyez, oyez ! Et soyez heureux,
Sa Majesté royale annonce le sacre
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