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Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys
Autoren: Chantal Touzet
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Avant-propos
    L’époque tout entière où se déroulent ces événements est un
roman qu’aucun romancier n’oserait écrire, tant la réalité dépasse de très loin
la fiction la plus audacieuse.
    Jean Markale, Isabeau de Bavière
    La Reine violée est une histoire dans l’Histoire,
une œuvre de fiction, de chair et de sang, néanmoins étayée par une solide
documentation. Son héroïne, Élisabeth Wittelsbach Visconti d’Ingolstadt, princesse
de Bavière et future épouse du roi de France Charles VI, dit le roi
fou, demeure à ce jour la plus méconnue et la plus vilipendée de nos reines. Le
propos de ce roman n’est pas tant d’établir sa biographie ou de lui rendre
justice que de la restituer dans sa vérité, à travers la turbulence chaotique
de son temps.
    On ne sait presque rien de son enfance, de son
éducation, et si les historiens s’accordent en général pour la faire naître en
1371, ils ignorent le mois et le jour de sa naissance. En France, on l’appela
Isabelle, mais la postérité se souvient d’elle sous le sobriquet d’Isabeau. Elle
n’avait que treize ans lorsqu’elle fit ses premiers pas sur le sol français, dans
le tourbillon d’une époque à la fois cruelle et raffinée. Jamais vie de femme
ne traversa une telle intensité d’événements, de passions et de tragédies :
crimes crapuleux et crimes d’État, infanticides, reniements, trahisons, émeutes,
massacres…
    L’idée première de ce roman découle des
circonstances extravagantes de son mariage avec Charles VI. Ce dernier
allait sur ses dix-huit ans, il était le plus beau et le plus puissant des
princes de son temps, mais si fantasque, si porté sur la fête et le sexe que
son entourage doutait déjà de son bon sens. Le père d’Isabelle, le duc Étienne de Bavière,
connaissant la réputation du roi de France, rechignait à lui donner sa fille, d’autant
que Charles VI avait la fantaisie de se marier par amour. S’il n’avait pas
trouvé Isabelle à son goût, son refus aurait été un camouflet. Les négociations
autour de cette alliance furent donc tenues secrètes, surtout auprès de la
principale intéressée. Il fut convenu que les jeunes gens se rencontreraient
par hasard au pèlerinage de Saint-Jean d’Amiens, le 13 juillet 1385. Lorsqu’il
vit Isabelle, le roi en tomba follement amoureux et exigea de l’épouser
sur-le-champ. Pourtant, au lendemain de la nuit de noces, il précipita son
départ pour la guerre de Flandre, comme s’il prenait la fuite. À son retour, quelques
mois plus tard, les jeunes mariés se voyaient si peu que le duc de Bourgogne,
oncle du roi, dut intervenir pour qu’ils « aillent s’ébattre ensemble ».
Que s’était-il passé lors de cette unique nuit ? Il était permis d’imaginer
le pire : tel fut le point de départ de La Reine violée.
    Cependant, pour écrire ce roman, les faits
historiques ne suffisaient pas. Il fallait vivre le quotidien avec les
personnages, au rythme des heures canoniales carillonnées : manger, dormir,
s’habiller, prier, s’étuver, se débaucher, accoucher, aller aux retraits d’aisance,
guerroyer en armure, se laisser administrer les plus invraisemblables médecines,
voir Dieu et le Diable en toute chose, croire à l’irrationnel, chanter avec les
troubadours, danser la sarrasine ou la carole… et mourir.
    C’est ce réalisme de l’ordinaire qui a nécessité
les plus longues recherches, car je voulais être le plus possible en osmose
avec l’époque et entraîner le lecteur dans cette immersion médiévale.
    Si, pour les faits avérés, il m’est arrivé de
prendre quelques libertés, notamment avec la chronologie, ce fut surtout pour
favoriser la fluidité du récit. Par exemple, Louis de France, le frère cadet du
roi, fut fait duc d’Orléans en 1392 seulement, et je n’ai pas tenu compte de
ses titres successifs de comte de Valois et de Beaumont, de duc de Touraine,
qui n’auraient rien apporté à mon récit, sinon de la confusion.
    Parmi le foisonnement des personnages, il m’a fallu
aussi faire des choix. Dans le gouvernement des princes des Fleurs de lys
constitué par les oncles de Charles VI, je n’ai pas fait mention du duc de Bourbon,
oncle maternel du roi : le personnage était trop insipide aux côtés des
flamboyants ducs de Berry et de Bourgogne. En outre, si les complots des
barons visant à chasser ces derniers du pouvoir en 1388 furent bien réels, la
conjuration Montjoie
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