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Druides et Chamanes

Druides et Chamanes

Titel: Druides et Chamanes
Autoren: Jean Markale
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c’est que, de toute façon, il y a un prix à payer lorsqu’on s’introduit dans l’Autre Monde, à l’image du chamane qui, au moment de son initiation, tombe malade ou est atteint d’une crise de folie. On peut également penser que le paysan, au lieu de poser des questions aux korrigans, se tait et se contente de manger et de boire en leur compagnie. Au fond, il n’a rien cherché d’autre et, comme Perceval au moment de son premier séjour dans le château du Graal, il s’est abstenu de parler, ce qu’il aurait dû faire s’il avait été véritablement motivé. C’est une hypothèse, mais qui se dégage de nombreux autres récits de ce genre dispersés dans la tradition populaire de l’Europe occidentale.
    Cependant, ce qui apparaît nécessaire, à défaut de « rameau d’or », c’est l’autorisation donnée, volontairement ou non, par un introducteur qui joue en quelque sorte le rôle d’un chamane initiateur et protecteur, qui envoie un néophyte au fond du gouffre pour savoir comment il va s’en tirer. Un autre conte breton, recueilli dans le Trégor, le célèbre récit de Koadalan , nous montre le héros jeté dans un puits par un sorcier – ou un diable – auquel il a dérobé autrefois ses livres de magie, et qu’il vient de récupérer par traîtrise. Est-ce pour le punir, ou pour le mettre à l’épreuve ? On ne sait pas. Mais il est certain que cette anecdote se réfère à la coutume des puits funéraires, attestée par de nombreux exemples archéologiques pendant tout l’Âge du Fer. Non seulement on y entassait des ossements, mais également des offrandes, objets de métal ou de céramique, destinées à honorer autant les dieux de l’ombre que les défunts eux-mêmes. L’archéologie a mis en relief l’importance de ces puits funéraires dans les lointaines époques qui ont précédé le christianisme en Europe occidentale, mais également dans le cadre de civilisations dites « primitives ».
    Un autre récit oral de Bretagne armoricaine, également recueilli dans le Trégor, insiste à la fois sur les richesses que contiennent les puits et sur l’attrait qu’ils exercent sur l’imaginaire humain, attirance mêlée évidemment d’une grande crainte devant ce qui est ténébreux et inconnu. Le héros du récit, un certain Efflam, est obligé par un roi de subir certaines épreuves, en particulier celle de « descendre dans un puits et de revenir raconter ce qu’il y a vu ».
    Le héros fait taire toutes ses terreurs : « Il ne dit rien et descendit dans le puits. Ce ne fut pas facile : il devait s’accrocher aux pierres et faire bien attention de ne pas glisser. Il atteignit cependant le fond et fut tout surpris de voir qu’il n’y avait pas d’eau. Au contraire, il y avait un jardin merveilleux, tout illuminé de soleil, avec des fleurs qui sentaient bon, et des arbres chargés de fruits. Efflam s’extasiait devant tant de merveilles et il parcourait les allées de ce jardin en tous sens lorsqu’il vit, au pied d’un arbre, un vieillard qui se reposait. » Ce vieillard semble bien disposé à son égard et lui prodigue des conseils en l’invitant à revenir en ce même endroit chaque fois qu’il connaîtra des difficultés. Il est bien évident que ce vieillard est à l’image d’un maître chamane qui a déjà accompli le voyage et qui s’engage à guider le jeune néophyte qui manifeste ainsi sa volonté de « savoir » ce qui est caché. Et le vieillard lui demande également de ne pas raconter au roi ce qu’il a vu réellement {73} . Car les secrets de l’Autre Monde ne peuvent être répétés qu’à ceux qui le méritent et non à ceux qui ne sont animés que d’une simple curiosité.
    Comme le jeune Efflam, le héros du conte de Koadalan se tire d’affaire lui aussi grâce à l’intervention d’un personnage surnaturel. Au fond du puits, il atterrit au milieu d’un grand bois. Après s’être lamenté sur son sort, il se décide à agir : « Il se mit à parcourir le bois, mais il ne rencontra ni homme ni bête. Comme la nuit était venue, il dormit, la tête appuyée sur une grande pierre couverte de mousse. » Comme on le voit, le monde inférieur est la réplique de celui de la surface, à cette différence qu’il semble déserté par les êtres vivants, animaux ou humains, à part quelques personnages qui ne peuvent être que divins ou féeriques.
    À son réveil, Koadalan s’aperçoit qu’il se trouve exactement
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