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Dernier acte à Palmyre

Dernier acte à Palmyre

Titel: Dernier acte à Palmyre
Autoren: Lindsey Davis
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taillant cet escalier jusqu’au sommet de la montagne, les Nabatéens avaient pris plaisir à révéler les motifs soyeux du grès.
    On ne pouvait qu’avancer lentement. Le sentier obliqua soudain dans un couloir rocheux qui traversait la gorge, puis s’élargit pendant quelques coudées en un espace ouvert. C’était l’endroit idéal pour prendre un peu de repos. Et j’espérais bien que nous aurions l’occasion de renouveler plusieurs fois l’expérience avant d’atteindre le sommet. Helena s’empressa de m’imiter, tout en donnant l’impression qu’elle s’arrêtait uniquement parce que je lui barrais le chemin.
    — Tu veux passer ?
    — Je peux attendre.
    Elle haletait. Je lui souris. Puis nous nous retournâmes tous les deux pour regarder Pétra. Nous jouissions déjà d’une très belle vue. Nous pouvions apercevoir la plus grande partie de la route gravillonnée qui serpentait au fond de la vallée, contournant l’amphithéâtre et une série de très belles tombes, avant de continuer vers la ville au loin.
    — As-tu l’intention de bouder toute la journée ?
    — Probablement, grogna la fille du sénateur.
    Là-dessus, elle se perdit dans la contemplation des lanières poussiéreuses de ses sandales, et nous restâmes tous les deux silencieux. Elle devait réfléchir aux questions épineuses qui s’étaient glissées entre nous. Moi je me taisais aussi parce que, comme d’habitude, je n’étais pas très sûr du motif de la dispute.
     
    Arriver jusqu’à Pétra avait été moins difficile que je le craignais. Anacrites s’était pourtant fait un malin plaisir de souligner que mon voyage allait poser des problèmes insolubles. Nous avions tout simplement pris un bateau pour Gaza, puis j’avais loué – je pourrais dire acheté, vu le prix qu’on m’avait demandé – un char et un bœuf – un mode de locomotion qui m’était familier. Il ne restait plus qu’à suivre la route commerciale. Même si on déconseillait vivement aux étrangers de l’emprunter, des caravanes rassemblant parfois un millier de personnes convergeaient régulièrement vers Pétra. Elles arrivaient de plusieurs directions et en repartaient également par des itinéraires différents. Certaines se dirigeaient vers l’ouest pour atteindre le nord de l’Égypte ; d’autres choisissaient la route intérieure menant à Bostra, puis elles continuaient vers Damas ou Palmyre ; beaucoup gagnaient directement la côte de Judée pour embarquer leurs marchandises dans le grand port de Gaza afin qu’elles soient vendues sur les marchés bien achalandés de Rome. Alors, avec des dizaines de marchands se rendant à Gaza et guidant tous de longues files de chameaux ou de bœufs, ça n’avait pas été un problème pour l’ancien éclaireur de l’armée que j’étais de remonter leurs traces. Aucun entrepôt ne peut être gardé secret, et les gardiens ne peuvent pas empêcher les étrangers de pénétrer dans leur cité. Pétra pas davantage.
    Avant d’arriver, je prenais déjà mentalement des notes pour Vespasien. Émerveillés, nous avions tout d’abord découvert un admirable paysage montagneux sans être aride. Le pays était assez riche en sources pour permettre à une végétation fournie d’y croître avec vigueur. Les rapports sur les troupeaux et l’agriculture dont j’avais pris connaissance paraissaient corrects. L’absence de chevaux était largement compensée par la multitude de chameaux et de bœufs. Tout le long de la Rift Valley était établie une industrie minière florissante, et nous ne tardâmes pas à découvrir que les gens du cru produisaient, en grandes quantités, des poteries délicates décorées avec goût, notamment des plats fleuris et des bols. En résumé, même en ignorant les revenus des marchands, il y avait ici assez d’avantages pour attirer l’attention « désintéressée » de Rome.
    — Eh bien ! laissa échapper Helena, tu vas pouvoir rapporter à tes chefs que le riche royaume des Nabatéens mérite certainement d’être intégré à l’Empire.
    Elle me faisait l’affront de me comparer à un patriote aux yeux fous, collectionneur de provinces.
    — Arrête de me tourmenter !
    Adjuration dont elle ne tint aucun compte.
    — Mais enfin, nous avons tellement à leur offrir ! insista-t-elle.
    Sous couvert d’ironiser sur la politique expansionniste de Rome, elle m’attaquait personnellement.
    Nous savions tous les deux que les riches Nabatéens n’auraient
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