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Délivrez-nous du mal

Délivrez-nous du mal

Titel: Délivrez-nous du mal
Autoren: Romain Sardou
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cheveux clairs frisottants, vêtu de chausses neuves, d’un pourpoint matelassé gris et d’une cape noire.
    Ce n’était pas la première fois qu’on lui confiait le cas d’une personne disparue.
    Jusqu’à présent, il les avait tous explicités.
    Mais ce qui différait aujourd’hui, c’était l’appartenance du garçon au personnel administratif du Latran. Jamais Bénédict Gui ne s’occupait de sujets traitant de la doctrine, ou du règne de tel ou tel pontife. Lorsqu’un évêque lui avait demandé son avis sur la Trinité dans un procès contre les thèses byzantines, lorsqu’un autre, enhardi par l’école de Chartres, avait voulu lui faire démontrer que l’eau du Déluge s’était évaporée grâce à l’action des arcs-en-ciel, ou qu’on l’avait invité à justifier la primauté de l’autorité du pape sur celle de l’empereur, Bénédict Gui s’était toujours défaussé, en évitant de se compromettre. Il comptait rester prudent cette fois aussi.
    Mais Bénédict ne pouvait résister à la détresse d’une jeune fille telle que Zapetta. Une fois encore, il lui faudrait, sans se faire prendre, aller au plus court par le plus pressé.
    Où se réunissait la « Sacrée Congrégation » et quel en était l’objet ? Qui était le « Promoteur de Justice » dont Rainerio se prévalait auprès des siens ?
    Bénédict fouilla sa bibliothèque à la recherche d’un rôle de parchemin qui contenait l’organigramme des chambres administratives du Latran au temps du pape Martin IV, quelques années plus tôt. Rôle qu’il possédait depuis une enquête sur un trafic de fausse monnaie compromettant des prélats.
    Il le trouva et se rassit à son bureau pour lire l’intitulé des diverses commissions, congrégations et divers dicastères du Latran sur lesquels s’appuyait le pouvoir du pontife romain :
    — Pénitencier apostolique pour l’octroi des dispenses et le suivi des censures.
    — Commission épiscopale pour la discipline des sacrements.
    — Juridiction pour le recouvrement des impôts ecclésiastiques et des confiscations.
    — Commission interdicastériale chargée de la composition des ordres monastiques.
    — Commission pour la canonisation des serviteurs de Dieu.
    — Dicastère pour la surveillance des pèlerins de la Terre sainte.
    — Office pour la protection des écrits du Saint-Père et du Saint-Siège.
    — Commissions des ambassades avec l’empereur et le roi de France.
    — Grande et petite chancellerie.
    Sous leurs abréviations latines, chacune de ces structures se prévalait de l’épithète de « sacré ». Seulement, nulle part ne se lisait l’intervention d’un « Promoteur de Justice » ni d’une « Sacrée Congrégation ».
    Contrarié, Bénédict se dit que sur Rainerio, il ne savait pour l’instant presque rien d’autre que son nom !…
    Sur ces entrefaites entra sa vieille servante, Viola. Elle vit au front de son maître qu’il n’était pas même souhaitable de le saluer.
    Peu avant onze heures, un nouveau client vint frapper à la porte de la boutique. Bénédict l’avait vu descendre dans la rue d’une litière fermée portée par six hommes. Il arborait un gros ventre, un crâne chauve et luisant, des petits yeux mobiles et un pas traînant de sénateur.
    Il entra, accompagné d’un valet de taille médiocre, sec, le visage impassible.
    Le gros homme s’affala sur une chaise devant l’écritoire de Gui.
    — Par la Croix, le Socle et le Calvaire, ne pourriez-vous pas vous tenir dans les beaux quartiers ? pesta-t-il. Ce serait plus commode. Et plus décent.
    Bénédict secoua la tête pour dire :
    — Si un homme tel que moi demeurait dans les beaux quartiers, comme vous dites, il y serait pendu au premier bois. Personne ne veut d’un poulpe au milieu d’un panier de crabes.
    L’homme fronça les sourcils. À l’évidence, il ignorait que la pieuvre était le prédateur du crabe et que, à Rome, les crabes étaient les riches de son espèce.
    — Mon nom est Maxime de Chênedollé, fit-il. J’exploite vingt bâtiments de cent tonneaux à Ostie. J’ai du bien, je m’apprête à m’installer à Rome dans un nouveau palais de trente pièces, je suis marié à ma quatrième femme, j’entretiens deux maîtresses dont une persane, douze enfants, et je compose, avec bonheur me dit-on, des facéties rimées dans le ton d’Anacréon. Mes amis ont confiance en moi.
    Il esquissa un sourire :
    — En
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