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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires
Autoren: François Flohic
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l’épuisement de la rébellion, en tire la conclusion que le Gouvernement provisoire de la République algérienne, le GPRA [2] , est dans l’obligation de négocier. De fait, le GPRA désigne deux émissaires pour préparer la venue de son président, Ferhat Abbas, à Paris. Ils sont reçus à la préfecture de Melun par le préfet Morris et le général de Gastines, lesquels n’ont pas, selon moi, le niveau requis pour une telle négociation. Il aurait fallu désigner des politiques, mais le Général le peut-il avec Debré à Matignon ?
    Le GPRA naturellement ne donne pas suite à ce premier contact public, tandis que le référendum du 8 janvier 1961 sur l’autodétermination de l’Algérie est approuvé, en métropole, par 75,25 % des suffrages. Ce résultat va-t-il débloquer la situation ?
    De fait le 16 janvier, le GPRA se déclare prêt à discuter. Mais pour l’armée, il faut arrêter le processus des négociations, et agir sans tarder. Quelques semaines plus tard, à l’aube du 22 avril, Paris apprend que les généraux en 2 e  section Challe, Jouhaud, Zeller, Salan ont déclenché un putsch à Alger pour garder « l’Algérie française à la France ».
    Léopold Senghor, président du Sénégal, est alors en visite officielle à Paris. Il a demandé que l’on joue Britannicus à la Comédie-Française, le 21. Le lendemain matin le 22, jour du putsch, je songe aux paroles si prémonitoires d’Agrippine à Albine, dans la scène première de l’acte I : « De quel nom cependant pouvons-nous appeler l’attentat que le jour vient de nous révéler ? »
    Profitant de la réunion du Conseil des ministres, à 17 heures, je me rends à l’état-major particulier. Je ne sais pas encore que tout le transport aérien militaire a été concentré à Alger, dans le dessein de faire un parachutage de masse. Le but est, évidemment, d’impressionner les populations autochtones « sensibles aux manifestations de la force ».
    Mon premier interlocuteur est un colonel aviateur auquel je demande s’il est possible de faire déplacer, à titre dissuasif, les escadrilles de chasse du nord-est de la France vers les terrains du rivage méditerranéen. Le colonel me déclare, à ma grande surprise, que les escadrilles sont affectées à l’Otan et qu’on ne peut les déplacer. D’ailleurs, précise-t-il, il n’y a pas de chasseurs de nuit dans l’armée de l’air française, alors que je sais pertinemment que lui-même effectue ses vols de nuit sur Vautour…
    Indigné, je me dirige vers le bureau du marin. Ce capitaine de vaisseau, un ancien camarade de la France Libre, s’efforce de me calmer :
    — Mon petit vieux, on va prendre cela en souplesse afin de maintenir l’unité de l’armée.
    Il me dévoile la tactique que les mutins ont choisie pour aboutir à leurs fins : ne pas donner d’ordre. Ils pourront ainsi débaucher les commandants d’unités.
    Je m’insurge aussitôt :
    — On va donner des ordres. Ils seront ou pas exécutés, mais nous saurons à quoi nous en tenir. Si je ne vois pas, dans le quart d’heure qui vient, des ordres comminatoires à la Marine, entends-moi bien, tu n’auras pas besoin de rester cinq minutes de plus à l’Élysée !
    C’est la première et la dernière fois que, capitaine de corvette, je m’adresse ainsi à un capitaine de vaisseau.
    Mais cette algarade n’a pas été inutile : mon camarade, qui a saisi la méthode pernicieuse des putschistes, fait aussitôt installer un commando marine en protection dans les sous-sols de l’Élysée.
    Par précaution supplémentaire, nous plaçons un garde républicain au pied de l’escalier de service desservant l’étage mansardé où loge le chef de l’état-major particulier. Cet escalier permet d’accéder aux appartements du président de la République.
    Dans la nuit du samedi au dimanche le Général, qui a manifestement perdu sa confiance en son état-major particulier, rassemble ses trois aides de camp et leur ordonne de faire discrètement le point dans leurs armées respectives.
    Comme à 3 heures du matin aucune activité aérienne n’est décelée au sud des Bouches-du-Rhône, j’en rends compte au Général qui se lève, prend sa serviette et déclare : « Ce n’est pas pour aujourd’hui » , avant de penser à demander à ce qu’on n’oublie pas d’éteindre les lumières.
    Le dimanche, des renseignements font état de préparatifs à Alger en vue de fomenter un
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