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De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires

Titel: De Gaulle Intime : Un Aide De Camp Raconte. Mémoires
Autoren: François Flohic
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j’ai une conversation avec Pierre Laffont, directeur de L’Écho d’Oran . S’il pense qu’une évolution est nécessaire, il déplore que le Général fasse tout pour la précipiter, au mépris des intérêts des pieds-noirs. Je m’étonne que le directeur d’un grand journal n’ait pas compris que le Général cherche à gagner du temps, et je lui fais apporter les journaux du voyage pyrénéen pour le convaincre.
    Durant l’été 1959, j’assiste à Colombey au mûrissement progressif de la pensée du Général. Je ne suis pas surpris quand, le 16 septembre, il présente sa politique d’autodétermination basée sur le principe des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il complète sa déclaration le 28 octobre par son message à l’armée d’Algérie, réaffirmant la nécessité de l’autodétermination et donnant ses directives aux responsables militaires et à l’administration. Ce qui ne manque pas de provoquer de vives réactions en Algérie.
    Le 18 janvier 1960, le journal munichois Süddeutsche Zeitung publie une interview du général Massu, commandant le corps d’armée d’Alger et par ailleurs président du Comité de salut public depuis le 13 mai 1958 : il est en désaccord, explique-t-il, avec la position du président de la République. Le 22 janvier, Massu est dessaisi de son commandement et reçoit l’ordre de rentrer en métropole.
    Le 24 janvier, réagissant à cette mesure disciplinaire, des étudiants et des civils en armes se barricadent à Alger, en un camp retranché. Sous la direction d’un des leurs, l’étudiant Lagaillarde, ils demandent le départ du général de Gaulle.
    Le Conseil des ministres du lundi 25 décide du maintien de la politique déjà définie et l’envoi sur place du Premier ministre, Michel Debré. Celui-ci, à son retour à Paris, ramène dans ses bagages les colonels Georges de Boissieu et Dufour, commandant le 1 er  régiment étranger de parachutistes.
    Je sais que le Premier ministre est perturbé par la politique du général de Gaulle, bien qu’il proteste de sa fidélité ; mais je suis choqué qu’il veuille utiliser l’armée pour peser sur ses décisions.
    Je suis également furieux d’entendre les colonels d’Alger dire, à leurs camarades de l’état-major particulier, qu’ils souhaitent que « le Général vienne voir son armée » ou, à défaut d’une visite, qu’il fasse « une déclaration par laquelle il s’engage à tout faire pour que la France reste en Algérie », comme le dit le général aviateur Maurice Challe, commandant en chef en Algérie. De son côté, l’aide de camp de Michel Debré m’assure que la situation sur place est mauvaise et que, pour la rétablir, il suffirait que le général de Gaulle revendique solennellement l’« Algérie française ». Je suis, une fois de plus, stupéfait par les propos de l’aide de camp : ils me permettent de mesurer le décalage énorme entre la politique du chef de l’État et celle de Matignon. Pour ne pas dire l’opposition du Premier ministre au président de la République.
    Fort heureusement, le Général ne se laisse pas impressionner. L’armée ayant reçu l’ordre de réduire le camp retranché de Lagaillarde, c’est chose faite le 1 er  février, sans qu’un coup de feu ne soit tiré.
    Les barricades d’Alger et le comportement du Premier ministre me donnent à voir que la marge de manoeuvre du président de la République est très limitée.
    D’ailleurs, le Général ne me cache pas son pessimisme :
    — Cela ne vous fait-il pas l’impression d’un pays fini ? me dit-il.
    Je dois constater que, face aux difficultés du moment, les Français ne semblent pas sentir la nécessité de s’unir pour en sortir. Alors, pourquoi s’acharner à tenir ? Je souligne la raideur de la pente à gravir.
    — Mais c’est qu’on ne la remonte pas ! s’exclame-t-il.
    Cependant les opérations de l’armée, sous le nom de code « Jumelles », décidées par le général Challe, menacent à un tel point l’existence des bandes rebelles que Si Salah, chef de la wilaya IV d’Alger, vient secrètement à Paris le 10 juin 1960. On connaît son sort malheureux à son retour en Algérie : la mort.
    Quant à l’armée, elle y voit la preuve de la trahison du chef de l’État à l’« Algérie française », alors qu’elle vient de lui apporter, de son point de vue, la solution comme sur un plateau.
    De Gaulle, constatant
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