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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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Promettez-moi que personne ne le saura ! Lord Hertford en serait horrifié et il… nous… espérons…
    — Vous marier ? Ne vous occupez pas de cela à présent. Vous souhaitiez que Lady Dudley meure, et pas de maladie.
    — Qui aurait souhaité le contraire ? Elle souffrait de douleurs atroces – vous-même venez de l’affirmer ! enchaîna Lady Catherine, volubile. C’était une marque de générosité, en vérité.
    — Comme d’achever un chien malade. Pourtant, vous ne l’aviez jamais vue. Quelqu’un vous a-t-il dit que ce serait un acte généreux ? Vous n’avez pas monté ce petit complot toute seule, n’est-ce pas ? Qui d’autre en était ? Le comte de Derby ? Sir Thomas Smith ?
    — Je ne donnerai aucun nom, déclara Lady Catherine, tentant de se montrer digne.
    J’éclatai de rire.
    — Vous n’en aurez pas besoin. Ne viens-je pas de dire que j’ai vu Peter Holme en compagnie de ces deux-là ? En fait, l’ambassadeur d’Espagne les a remarqués en premier. Il a attiré mon attention sur eux. Il savait quelque chose… Tout se sait, à la cour. Quelques mots surpris lors d’une partie de cartes, une personne vue trop souvent avec des compagnons inattendus… Il n’en faut pas davantage pour déclencher la rumeur. Derby et Smith étaient très souvent ensemble ; cette association étrange ne pouvait passer inaperçue. On a vu Peter Holme avec eux, peut-être aussi avec Sir Richard Verney. Holme et Verney sont allés plus d’une fois à Cumnor – Lady Dudley me l’a dit. Quelqu’un a pu finir par additionner deux et deux.
    « Sir Thomas Smith et le comte de Derby détestent cordialement Dudley, continuai-je, réfléchissant tout haut. Smith veut que la reine fasse un bon mariage protestant, Derby prône une alliance catholique et vous, vous ne voulez pas qu’elle se marie. Néanmoins, vous considériez tous trois Dudley comme une menace, que seul pouvait détruire un bon scandale. Est-ce vous qui avez conçu le plan pour le proposer aux autres ? Autant l’avouer, Lady Catherine. La reine vous y obligera, de toute façon.
    — Pas la reine ! couina Catherine, effrayée. Non, vous ne pouvez pas, vous ne devez pas ! Elle me hait déjà !
    Des paroles cohérentes finirent par se faire entendre à travers ses sanglots.
    — Cela semblait irréel ! Jusqu’à ce que j’apprenne que c’était fini, je n’avais pas l’impression que cela arriverait vraiment. Depuis, chaque nuit des cauchemars me tourmentent ! Je rêve que quelqu’un s’approche dans le noir pour me tuer dans mon lit. Je ne savais pas que ce serait ainsi !
    Pas étonnant qu’elle parût souffrante, ces derniers temps. La réalité était venue la heurter de plein fouet, une fois l’irréparable accompli. Elle commençait à comprendre qu’elle s’aventurait sur une voie qui menait à la Tour ou au billot. Sa sœur, Lady Jeanne Grey, avait été décapitée à l’âge de seize ans, à cause de l’ambition farouche de leurs parents – surtout de leur mère, Lady Frances Grey, nièce d’Henri VIII –, qui avaient contesté les prétentions de Marie Tudor à la couronne et placé Jeanne sur le trône.
    C’était ce même complot qui avait valu la mort au père de Robin Dudley et à son frère, Guildford. Leur père avait marié Guildford à Jeanne dans l’espoir de voir son fils devenir roi. L’instinct de conservation de Catherine aurait dû s’en trouver exacerbé, comme chez son beau-frère Robin. Mais non. Il avait fallu qu’elle se sache démasquée pour s’apercevoir, un peu tard, que les chemins de l’ambition étaient parfois risqués.
    — Quel était le motif de Sir Richard Verney ? interrogeai-je avec intérêt. Je sais que Dudley le traite avec une grossièreté offensante. Par ailleurs, il accumule les dettes de jeu. S’est-il joint à vous pour de l’argent, à l’instar d’Anthony Forster à Cumnor Place ?
    — Au commencement, ce n’était qu’une plaisanterie ! geignit Lady Catherine.
    — Une plaisanterie ? On a retrouvé Amy le cou rompu, au pied de l’escalier !
    Elle pleurait comme une fontaine. À travers ses larmes, elle expliqua que Derby et Sir Thomas y avaient pensé les premiers ; elle s’y était trouvée mêlée parce qu’elle avait eu le malheur de dire – oh ! mais juste en guise de plaisanterie ! – que c’eût été une bonne chose si l’on s’arrangeait pour qu’Amy mourût d’une manière qui fît porter les soupçons
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