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Dans l'ombre de la reine

Dans l'ombre de la reine

Titel: Dans l'ombre de la reine
Autoren: Fiona Buckley
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Sa Majesté. Cela distraira votre esprit de… tout ce qui le préoccupe.
    De Matthew, par exemple. Je devais sans cesse détourner la tête pour cacher mon émotion. Cecil se doutait-il de la raison pour laquelle je regardais vers la fenêtre ? Me croyait-il fascinée par les gens dans la cour au point de ne pouvoir lui consacrer mon attention ? Je devais me ressaisir. Cependant, au moment où j’allais fixer mon regard sur le secrétaire d’État, je me crispai en remarquant, sortant d’une porte, un homme que je connaissais. Et, à ma profonde stupeur, cet homme se dirigea vers Lady Catherine Grey, lui dit quelques mots, sur quoi elle s’éloigna de ses compagnons pour lui parler.
    — Sir William, je vous en prie, pourriez-vous venir voir ? Je veux savoir qui est cet homme, là-bas, qui s’entretient avec Lady Catherine. Du moins, je connais son nom, mais je souhaite apprendre quelles sont ses attributions exactes.
    Cecil se leva avec obligeance et contourna le bureau.
    — Duquel parlez-vous ? De Peter Holme ?
    — Oui, de celui-là.
    — Il appartient à la maison de Lady Catherine. Il transmet des messages, rend certains services. Pourquoi ?
    Ce fut comme dans la cour du Coq en pâte où, à la simple mention d’un cheval pie-fauve, mon esprit avait établi un lien instantané avec le mot prononcé par John en un murmure presque inaudible. Dans ma tête, les éléments jusqu’alors distincts d’un engrenage s’enclenchèrent, tournèrent et trouvèrent leur place.
    En parler à Cecil eût été prématuré.
    — Je me posais la question, car je l’ai vu très souvent dans les parages sans pouvoir être sûre de ses fonctions. Il semble converser avec beaucoup de gens différents.
    — Vous savez, dame Blanchard, vous êtes une jeune femme remarquable.
    Cecil se rassit et joignit ses mains devant lui, sur le bureau.
    — Votre prénom signifie « ourse », mais vous me rappelez plutôt un lévrier. Il vous suffit d’apercevoir quelque chose qui vous intrigue, et l’instinct de la chasse reprend aussitôt le dessus. Vous avez pleuré pour votre traître de mari, n’est-ce pas ? Je le vois à vos yeux battus et à votre air las. J’ai des filles ! Mais en remarquant Peter Holme, vous avez changé, comme si vous veniez de boire du vin fort. Qu’est-ce qui vous intéresse donc chez lui ?
    C’était impossible. Ce que j’avais cru discerner un instant à travers une multitude de petits faits isolés ne pouvait être réel.
    — Pardonnez-moi, dis-je. C’est ridicule mais, cet été, j’ai remarqué Peter Holme à la cour et, tout d’un coup, j’ai cru l’avoir vu à Withysham. Mais je me trompais. Maintenant que je le regarde, je vois bien que ce n’était pas lui. L’autre lui ressemblait beaucoup, voilà tout. Sir William, ces derniers jours m’ont beaucoup éprouvée. Pourrais-je m’asseoir quelques minutes ?
    — Bien sûr.
    Cecil, qui m’observait d’un air dubitatif, m’indiqua un tabouret.
    — Toutes ces aventures vous ont épuisée. Un cordial ne vous ferait pas de mal.
    Pendant qu’il allait à la porte réclamer du vin, je m’assis sur le siège et tâchai de me concentrer. Les idées tournoyaient dans ma tête mais, au milieu du chaos, ce que j’avais cru percevoir était toujours là.
    Supposons qu’Amy ait été assassinée, après tout. Dans ce cas, ses meurtriers ne pouvaient être que Verney et Holme. Bien que Verney fût employé par Dudley, en l’occurrence il n’agissait pas pour son compte. Le Maître des écuries n’était pas un saint, toutefois il n’avait pas ordonné le meurtre de son épouse. Trop prudent, sans doute, pour se compromettre ! Son père et l’un de ses frères avaient péri sur le billot ; il avait vu tomber l’ombre de la hache.
    Dans ce cas, les ordres de Verney et d’Holme venaient d’ailleurs. Or, Holme appartenait à la maison de Lady Catherine Grey.
    Si forts que fussent le désir de Catherine Grey de demeurer l’héritière, son espoir que la reine n’aurait jamais d’enfant, sa répulsion à l’idée de céder la place au rejeton d’un parvenu comme Dudley, avait-elle pu, à elle seule, concevoir un plan d’une telle envergure ?
    Je ne le pensais pas. Et dans ma tête, je revis une petite scène. Un matin, dans le parc de Richmond. Moi, marchant avec l’ambassadeur espagnol de Quadra. Quelques pas plus loin, Peter Holme, aux côtés de Sir Thomas Smith et d’Edward Stanley, comte de Derby. De
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