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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui
Autoren: Robert Graves
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juges en robe pourpre et entouré de soldats en armes, mais il devança le verdict en quittant secrètement Jérusalem. Le gouverneur romain de Syrie à qui il alla demander protection lui confia un nouveau poste dans cette province, le gouvernement d’un district près du Liban. Pour abréger une longue histoire, cet Hérode le Grand, dont le père était mort entre-temps empoisonné, fut proclamé roi des Juifs sur ordre commun de mon grand-père Antoine et de mon grand-oncle Auguste (ou Octave, comme on l’appelait alors) et régna pendant trente années, avec magnificence et sévérité, sur des possessions sans cesse accrues par les libéralités d’Auguste. Il n’épousa successivement pas moins de dix femmes, parmi lesquelles deux de ses propres nièces et finit par mourir, après plusieurs infructueuses tentatives de suicide, de la maladie peut-être la plus douloureuse et la plus répugnante connue de la science médicale. Je ne l’ai jamais entendu appeler autrement que le Mal d’Hérode et personne à ma connaissance n’en avait jamais été affligé avant lui, mais les symptômes en étaient une faim dévorante suivie de vomissements, des entrailles en putréfaction, une haleine cadavéreuse, le membre viril rongé d’asticots et un perpétuel écoulement aqueux issu de ses intestins. La maladie provoquait chez lui d’intolérables angoisses et enflammait jusqu’à la folie une nature déjà sauvage. Les Juifs disaient que leur Dieu punissait ainsi Hérode de ses deux mariages incestueux. Sa première épouse avait été Mariamne, de la célèbre famille juive des Macchabées, et Hérode l’avait aimée passionnément. Mais un jour, quittant Jérusalem pour aller rejoindre mon grand-père Antoine à Laodicée en Syrie, il donna des ordres secrets à son chambellan pour que Mariamne soit mise à mort au cas où il serait victime des intrigues de ses ennemis   ; il ne voulait pas qu’elle tombe entre les mains d’Antoine   ; et il prit les mêmes mesures un peu plus tard lorsqu’il alla retrouver Auguste à Rhodes. (Antoine et Auguste avaient tous deux une fâcheuse réputation de débauchés.) Mariamne, instruite de ces ordres secrets, fut naturellement ulcérée et tint en présence de la mère et de la sœur d’Hérode des propos qu’elle eût mieux fait de taire. Les deux femmes étaient en effet jalouses du pouvoir de Mariamne sur Hérode et s’empressèrent dès son retour de lui répéter ce qu’elle avait dit, l’accusant en même temps d’avoir commis l’adultère en son absence, par dépit et par défi mêlés –  et elles désignèrent le Chambellan comme étant son amant. Hérode les fit exécuter tous les deux. Mais par la suite il fut terrassé par un tel chagrin et de tels remords qu’il sombra dans une fièvre dont il faillit mourir   ; et une fois guéri, il était d’humeur si morne et si féroce que le moindre soupçon l’amenait à faire exécuter même ses amis les plus chers et ses parents les plus proches. Le fils aîné de Mariamne fut une des nombreuses victimes de la fureur d’Hérode   : lui et son frère furent mis à mort, accusés, à l’instigation d’un demi-frère, qu’Hérode fit également mettre à mort par la suite, d’avoir comploté contre la vie de leur père. Auguste commenta avec esprit ces exécutions   : «   Je préférerais être le cochon d’Hérode que son fils.   » Car Hérode, de confession juive, n’était pas autorisé à manger du porc et ses cochons pouvaient donc espérer vivre jusqu’à un âge avancé. Ce malheureux prince, le fils aîné de Mariamne, était le père de mon ami Hérode Agrippa, qu’Hérode le Grand expédia à Rome dès qu’il eut fait de lui un orphelin, à l’âge de quatre ans, pour être élevé à la Cour d’Auguste.
    Hérode Agrippa et moi-même étions tout à fait contemporains et entretenions des relations suivies par l’intermédiaire de mon cher ami Postumus, le fils d’Agrippa, à qui Hérode Agrippa s’était attaché tout naturellement. Hérode, garçon d’une grande beauté était un des favoris d’Auguste lorsqu’il venait aux cloîtres du collège de garçons pour y jouer aux billes, à saute-mouton ou au palet.
    Mais quel petit gredin c’était   ! Auguste avait un chien favori, un de ces gros chiens de garde du temple à queue touffue, d’Adranos près de l’Etna, qui n’obéissait à personne au monde en dehors d’Auguste, à moins que celui-ci ne lui
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