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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui
Autoren: Robert Graves
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d’être relatées séparément, il m’aurait fallu en faire une figure trop importante dans le déroulement de mon histoire   : son principal intérêt résidait ailleurs. Tel quel déjà, mon récit courait constamment le risque d’être alourdi de détails d’une pertinence pour le moins douteuse. J’avais donc bien fait de prendre cette décision, car Hérode jouera un rôle important dans les pages qui vont suivre et je peux maintenant, sans crainte de digressions inopportunes, raconter l’histoire de sa vie jusqu’au meurtre de Caligula, et la poursuivre ensuite en même temps que la mienne jusqu’à ce que j’arrive à sa mort. Ainsi l’unité dramatique ne sera pas affaiblie comme elle l’aurait été si j’avais réparti son histoire sur deux volumes. Je n’entends pas par là me poser en historien dramaturge   : comme vous avez pu le constater, j’éprouve une certaine méfiance à l’encontre du formalisme littéraire. Mais en réalité, on ne peut rien écrire sur Hérode sans adopter un style plus ou moins théâtral. Car c’est ainsi que vivait ce monarque –  comme le principal acteur d’un drame  – et ses compagnons de scène se contentaient de lui donner la réplique. Son drame ne s’apparentait pas à la plus pure tradition classique, encore que sa vie se soit précisément terminée dans le style de la tragédie classique, par la traditionnelle vengeance divine punissant le traditionnel péché grec d’arrogance, –  non, l’on y trouve trop d’éléments étrangers à la Grèce. Par exemple, le Dieu qui l’accabla de sa vengeance n’appartenait pas à la bienséante communauté de l’Olympe   ; c’était peut-être la plus étrange divinité que l’on pût trouver en quelque point de mes vastes dominions, ou même en dehors, un Dieu dont il n’existe aucune image, dont ses fidèles adorateurs n’ont pas le droit de prononcer le nom (bien qu’en son honneur ils se coupent le prépuce et se livrent à quantité d’autres rites singuliers et barbares) qui, dit-on, vit seul, à Jérusalem, dans un vieux coffre en cèdre tapissé de peaux de blaireau teintes en bleu et refuse d’avoir quoi que ce soit à faire avec toute autre divinité dans le monde ou même d’en reconnaître l’existence. En outre la farce est trop intimement mêlée à la tragédie pour que le sujet ait été digne d’un dramaturge grec de l’Âge d’Or. Imaginez l’admirable Sophocle contraint d’évoquer les dettes d’Hérode en de nobles vers classiques   ! Mais, comme je le disais, je dois maintenant vous exposer en détail ce que j’avais jusqu’alors passé sous silence   ; et le meilleur moyen consisterait à mettre ici un terme à l’histoire précédente avant de me lancer dans la suivante. Aussi je commence enfin   :
     
     
    L’histoire d’Hérode Agrippa
     
    Hérode Agrippa, qu’on le comprenne bien, n’avait aucun lien du sang et n’était pas non plus apparenté par alliance avec le grand Marcus Vipsanius Agrippa, le général d’Auguste, qui épousa sa fille unique Julia et devint par elle le grand-père de mon neveu Gaius Caligula et de ma nièce Agrippinilla. Il n’était pas non plus un esclave affranchi d’Agrippa, ce que vous auriez pu également supposer, car c’est la coutume des esclaves à Rome, une fois libérés, de prendre le nom de leur ancien maître pour lui rendre hommage. Non, ça n’était pas le cas   : il fut ainsi nommé en mémoire de ce même Agrippa, mort récemment, par son grand-père, Hérode le Grand, roi des Juifs. Car cet extraordinaire et terrible vieillard devait son trône tout autant au crédit dont il jouissait auprès d’Agrippa qu’à la protection d’Auguste qui le considérait comme un allié précieux au Proche-Orient.
    La famille Hérode provenait à l’origine d’Édom, le pays vallonné qui s’étend entre l’Arabie et le sud de la Judée   ; ce n’était pas une famille juive. Hérode le Grand, dont la mère était Arabe, se vit confier le gouvernement de la Galilée par Jules César en même temps qu’était attribué à son père celui de la Judée. Il n’avait alors que quinze ans. Il se trouva presque aussitôt en difficulté pour avoir fait exécuter sans jugement des citoyens juifs tandis qu’il réprimait le banditisme dans son district, –  et il fut traduit devant le Sanhedrin, le conseil suprême juif. Il manifesta à cette occasion une extrême arrogance, apparaissant devant ses
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