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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui
Autoren: Robert Graves
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tant d’autres et vivrons ensemble, riches et prospères, jusqu’à un âge avancé. Et je te promets solennellement que tu pourras te gausser de ma sœur Hérodias avant que j’en aie terminé avec elle et son mari.
    —  Cette affreuse hétaïre, s’exclama Cypros avec une indignation bien juive.
    Car, comme je vous l’ai expliqué, Hérodias avait non seulement commis un inceste en épousant l’un de ses oncles mais avait ensuite divorcé pour en épouser un second plus riche et plus puissant, Antipas. Les Juifs pouvaient à la rigueur tolérer l’inceste, car le mariage entre oncle et nièce était une coutume courante parmi les familles royales en Orient –  en particulier les familles royales d’Arménie et des Parthes  – et la famille d’Hérode n’était pas d’origine juive. Mais le divorce répugnait profondément à tous les Juifs honnêtes (comme, autrefois, à tous les Romains honnêtes), qui le jugeaient déshonorant à la fois pour le mari et la femme   ; et quiconque s’étant trouvé dans la pénible nécessité de recourir au divorce n’aurait jamais songé à le considérer comme un premier pas vers un remariage. Hérodias, néanmoins, avait vécu suffisamment longtemps à Rome pour se rire de ces scrupules. Tous ceux qui portent un nom à Rome divorcent tôt ou tard. (Personne, par exemple, ne songeait à me traiter de libertin, et pourtant j’ai divorcé déjà trois fois et en viendrai peut-être à me séparer de ma quatrième épouse.) Aussi Hérodias était-elle très impopulaire en Galilée.
    Aristobule alla trouver Flaccus et lui dit   :
    —  En reconnaissance de mes services, Flaccus, te montrerais-tu assez généreux pour me donner cet argent confisqué venu de Damas   ? Il couvrirait presque la dette contractée envers moi par Hérode –  cette escroquerie maritime dont je t’avais parlé il y a quelques mois.
    —  Aristobule, répondit Flaccus, tu ne m’as nullement rendu service. Tu es responsable de la rupture intervenue entre moi et mon conseiller le plus avisé, qui me manque plus que je ne saurais te le dire. Au nom de la discipline gouvernementale, j’étais obligé de le renvoyer, et au nom de l’honneur, je ne peux le rappeler   ; mais si tu n’avais pas révélé qu’il s’était laissé acheter, personne n’en aurait rien su et je pourrais encore consulter Hérode sur des problèmes régionaux compliqués qui déroutent complètement l’Occidental simpliste que je suis. Il a cela dans le sang, vois-tu. En réalité, j’ai vécu en Orient plus longtemps que lui, mais il comprend d’instinct certaines affaires au milieu desquelles je suis réduit à tâtonner maladroitement.
    —  Et moi, au fait   ? s’enquit Aristobule. Peut-être pourrais-je prendre la place d’Hérode   ?
    —  Toi, petit homme   ? s’exclama Flaccus avec mépris. Tu n’as pas le talent d’Hérode. Et, de plus, tu es incapable de l’acquérir. Tu le sais aussi bien que moi.
    —  Mais l’argent   ? insista Aristobule.
    —  S’il n’est pas pour Hérode, il est encore moins pour toi. Cependant afin d’éviter toute mésentente entre nous, je vais le renvoyer à Damas.
    Ce qu’il fit en effet. Les Damascènes pensèrent qu’il avait dû perdre la raison.
    Au bout d’un mois et quelque, Aristobule, tombé en défaveur à Antioche, décida de s’installer en Galilée où il possédait un domaine. Deux jours de voyage lui suffisaient pour gagner Jérusalem, ville où il aimait se rendre lors de toutes les grandes fêtes juives, étant plus religieux de nature que le reste de sa famille. Mais il n’avait pas envie d’emporter tout son argent avec lui en Galilée, car si d’aventure il se querellait avec son oncle Antipas, il serait peut-être contraint de partir précipitamment, et Antipas se trouverait du coup enrichi d’autant. Il résolut donc de transférer la majeure partie de ses avoirs d’une firme bancaire d’Antioche à une autre de Rome et m’écrivit, en tant qu’ami de la famille et digne de confiance, me donnant tout pouvoir d’investir à l’occasion en son nom dans des achats de terres.
    Hérode ne pouvait pas retourner en Galilée   ; il s’était également querellé avec son oncle Philippe, le tétrarque de Basan, au sujet de biens appartenant à son père et que Philippe s’était appropriés   ; et le gouverneur de Judée avec Samarie –  car l’oncle le plus âgé d’Hérode, le Roi, avait été déchu pour
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