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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
Autoren: Alain Decaux
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l’immeuble des services administratifs, l’empereur achève d’enregistrer sa proclamation. Le disque est confié à un chambellan de la Cour qui va l’enfermer – sans que personne le sache – dans le coffre-fort de sa chambre.
    Nul ne connaît au palais les contacts pris par le major Hatanaka avec des officiers de la Garde impériale. Nul ne sait encore que le même Hatanaka, une heure plus tôt, est arrivé au palais et s’est présenté au général Mori, chef de la Garde, appelé par ses subordonnés le « moine » tant en imposent sa rigueur morale et sa fidélité à l’empereur. Hatanaka était accompagné du colonel Ida et, parmi d’autres rebelles, du colonel Shiraïshi d’autant mieux connu de Mori qu’il est aussi son beau-frère. Les officiers ont exhorté le général à prendre la tête de la rébellion. Parfaitement maître de lui, Mori les a écoutés sans mot dire. Il était visible que l’exaltation des officiers ne l’impressionnait guère.
    Sans qu’il le soupçonne, le plan des conjurés est en train de s’accomplir. Le 2 e régiment de la Garde prend position dans le parc impérial. À 2 heures du matin, il doit occuper le palais.
    À bout d’arguments, Hatanaka se tait. Mori lui répond :
    — Je comprends parfaitement votre position et, en toute franchise, je me sens très ému par tout ce que vous m’avez exposé. Je voudrais maintenant aller me recueillir devant le mausolée de l’empereur Meiji et demander à Dieu quelle est sa volonté.
    Cette proposition inattendue frappe de plein fouet un Hatanaka à bout de nerfs. Depuis peu, le colonel Shiraïshi ne le quitte pas des yeux : un tel homme, dans un tel moment, est capable de tout. Le lieutenant-colonel Ida se trouble. Aimablement Mori l’invite à consulter son adjoint sur ce qu’il pense du plan des conjurés. Cela pourra lui être utile. Ida obtempère et sort de la pièce. Quelques instants plus tard, ayant entendu un coup de feu, il revient en courant et trouve Hatanaka, un revolver à la main, qui lance, au comble de l’exaltation :
    — Il n’y avait plus de temps à perdre en discussions. Alors, je l’ai tué. Je n’ai pas pu m’en empêcher !
    Rien de plus vrai : désespérant de convaincre Mori, Hatanaka a fait feu sur lui. Un autre officier a achevé le chef de la Garde d’un coup de sabre. Shiraïshi – le beau-frère – voulant intervenir, l’homme l’a décapité d’un autre coup, porté horizontalement.
    Les dés sont jetés. Pour donner à leurs ordres toute l’authenticité nécessaire, il leur suffira d’utiliser le cachet personnel de Mori.
     
    Mercredi 15 août, 2 h 15.
    Pour les rebelles, rien ne compte davantage que le disque qui contient la proclamation impériale. À aucun prix le discours ne doit être diffusé le lendemain. Sans difficulté, en vertu d’ordres falsifiés, on mobilise les bataillons de la Garde. Pour interdire à quiconque d’appeler à l’aide, on coupe toutes les lignes téléphoniques. Une agitation insolite trouble la séculaire paix nocturne du palais impérial. Au pas de charge, les bataillons investissent la plupart des bâtiments, hormis celui où repose l’empereur qui ne sera alerté que plus tard dans la nuit. À la recherche du précieux disque, on fouille chaque pièce l’une après l’autre. On ne trouve rien. Le danger s’accroît d’une intervention extérieure qui étoufferait le complot dans l’œuf.
    Pour Hatanaka, une seule solution : rallier à la conspiration le général Tanaka, commandant de l’armée de l’Est, et le placer à sa tête. Pour le convaincre, le lieutenant-colonel Ida lui semble le plus qualifié. Au volant d’une voiture, celui-ci fonce dans la nuit et gagne le siège du commandement de l’armée de l’Est.
    Non seulement Tanaka refuse catégoriquement le rôle qui lui est proposé mais il renvoie Ida au palais pour persuader les rebelles de se rendre. Entre-temps, Hatanaka a fait arrêter Yabé, directeur de la station de la radiodiffusion NHK. Refusant d’indiquer où se trouve l’enregistrement de la proclamation impériale, il a été enfermé dans une pièce avec d’autres prisonniers.
    L’un des rebelles, le colonel Haga, ne s’est rallié à la révolte que parce qu’on lui a affirmé que le général Anami, âme du mouvement, rejoindrait bientôt le palais. À 3 heures du matin, Haga commence à douter et presse les autres de questions. Avec des réticences compréhensibles, on
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