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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
Autoren: Alain Decaux
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rouvre, Anami a retrouvé son sourire et, paternel, lui lance :
    — Que je ne vous entende plus répéter une chose pareille. Votre mort n’ajouterait rien. La mienne suffit. M’avez-vous compris ?
    Et il l’attire contre son torse nu.
    À la demande du général, Takeshita apporte encore du saké. Il s’inquiète : il ne faudrait pas que son beau-frère boive outre mesure. Anami éclate de rire :
    — Rassurez-vous, ma main ne tremblera pas.
     
    5 heures 30.
    Un camion et une voiture s’arrêtent devant la résidence officielle du Premier ministre. Armés jusqu’aux dents, trente-sept rebelles en descendent. À leur tête, un capitaine ordonne d’ouvrir le feu sur la maison. Dès que l’on cesse de tirer, on voit paraître, effaré, l’un des hommes chargés de la garde du Premier ministre. À l’oreille du capitaine, il murmure qu’il approuve la rébellion et qu’il tient essentiellement à ce que tous les traîtres soient liquidés. Malheureusement Suzuki n’est pas là. L’homme livre l’adresse de la résidence privée où il se trouve. Le capitaine le remercie, fait arroser de pétrole le hall de la maison et y met le feu.
    La méprise des rebelles comportera, pour Suzuki, un résultat positif. Les rebelles le chercheront en vain. Il aura la vie sauve.
     
    Au palais, un chambellan a découvert l’existence d’une ligne téléphonique que les rebelles n’ont pas coupée. Il donne l’alerte. Au bout du fil, on l’encourage à tenir bon : le général Tanaka et l’armée de l’Est ne vont pas tarder à intervenir.
    Moins d’une demi-heure plus tard, c’est chose faite. Tanaka fait son entrée au quartier général de la garde du palais impérial. Il se trouve nez à nez avec les officiers et les hommes du 1 er régiment qui, munis de toutes les armes que l’on a pu se procurer, s’apprêtent à s’enfoncer dans les rues de Tokyo pour y imposer définitivement la rébellion. Face au général Tanaka qu’ils connaissent tous, ils restent pétrifiés. Tout s’éclaire en une minute. Les principaux officiers responsables sont mis en état d’arrestation. La rébellion est-elle hors combat ? Pas encore.
    Hatanaka et quelques-uns de ses hommes se sont glissés hors du palais. Jouant le tout pour le tout, ils envahissent les studios de la radiodiffusion. Hatanaka exige qu’on lui confie le micro. Morio Tateno, speaker de service, le lui refuse. Le téléphone sonne : c’est un officier de l’état-major du général Tanaka qui avertit que la Garde impériale a mis bas les armes. Goguenard, Tateno passe l’appareil à Hatanaka. On le voit écouter un moment et déclarer finalement :
    — Je m’incline.
    Il se tourne vers ceux qui l’accompagnent :
    — Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Allons-nous-en.
     
    6 heures.
    Takeshita s’est agenouillé face au général Anami, lui même toujours à genoux, très droit. Le ministre de la Guerre approche la dague de sa gorge et, d’un seul coup, se tranche la carotide droite.
    — Puis-je vous aider ? demande Takeshita.
    La voix d’Anami est très basse, mais il répond :
    — Non. Laissez-moi.
    Dans le jardin, Takeshita a rejoint Ida qui sanglote.
    Il reviendra une heure plus tard, trouvera son beau-frère à genoux, toujours aussi droit, cependant que le sang s’échappe encore de la blessure.
    — Souffrez-vous ? demande Takeshita.
    Aucune réponse. S’emparant de la dague laissée sur le sol, Takeshita l’enfonce dans la plaie sanglante. Anami, enfin, rend l’âme à ses dieux.
     
    Au cours de la matinée, ultime tentative pour éviter la capitulation : des aviateurs japonais jettent des tracts sur Tokyo : « La proclamation impériale est un faux, fabriqué par le défaitiste Suzuki-Badoglio. » D’autres tracts encore : « N’obéissez pas aux faux ordres de capitulation. Résistez jusqu’au bout. Signé  : Le Commandant en chef des forces aériennes de la Marine impériale de Yokosuka. » Trop tard. La population attend la déclaration de l’empereur.
    Un peu avant midi, les sirènes retentissent. Après le Kimigayo , le Japon tout entier écoute la voix de l’empereur :
    — À nos bons et loyaux sujets…
    Sur le visage de millions de Japonais coulent les larmes. Et la voix continue :
    — La situation de la guerre ne s’est pas développée forcément à l’avantage du Japon, tandis que les tendances générales du monde ont toutes tourné contre son intérêt…
    La
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