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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
Autoren: Alain Decaux
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l’envahisseur.
    L’explosion de bombes atomiques dans le ciel japonais ne compte pour rien, comme on voit, dans ce raisonnement. Togo opine avec un grand sérieux mais regrette de ne pouvoir retenir cette « offre généreuse ».
     
    Après-midi.
    Au Conseil des ministres, les partisans de la paix et de la guerre continuent à s’affronter. Personne ne veut céder. Des Européens parleraient volontiers de discussions byzantines. Sans doute le mot est-il difficilement traduisible en japonais.
    À Nagasaki, un épouvantable incendie ravage la ville. Les B-29 déversent de plus belle leurs bombes sur les cibles japonaises. Des millions de personnes errent à la recherche d’abris. Soixante-dix des centres métropolitains de l’archipel nippon sont paralysés. La ration de riz a été réduite au quart du minimum vital d’avant la guerre. Faute de chalutiers en état de naviguer, plus de poisson. Plus de vêtements : on doit se contenter de ceux, usagés et rapiécés au-delà du possible, que l’on possède. Même plus de bois pour confectionner des cercueils, plus de transports pour acheminer les morts vers les crématoriums.
    Au sein de ce désastre, les politiques débattent et les conspirateurs semblent puiser des forces nouvelles.
     
    Mardi 14 août, 0 heure.
    Le général Anami fait part au colonel Arao de son scepticisme quant à la réussite d’un coup d’État, mais ne se résigne pas à ordonner aux conspirateurs d’interrompre leurs préparatifs. Il se retire pour dormir quelques heures.
     
    6 heures.
    Anami prend son petit déjeuner en compagnie du maréchal Hata qui arrive d’Hiroshima pour rendre compte au gouvernement des effets produits par la bombe atomique. Il dépeint la ville entière anéantie. L’engin, dit-il, est inhumain mais Hata tient à souligner que la bombe s’est révélée inefficace contre des abris souterrains : elle explose en l’air. Par conséquent une armée bien protégée dans ses abris pourrait poursuivre la lutte. Voilà Anami ragaillardi. Il recommande à Hata :
    — Ne manquez surtout pas d’en rendre compte à l’empereur quand vous le verrez. Dites-lui aussi que l’engin n’est pas aussi destructeur que nous le pensions.
     
    7 heures.
    À grand bruit, les chefs rebelles envahissent de nouveau le bureau d’Anami. Takeshita et ses amis crient qu’ils passeront à l’action à 10 heures. Ils exigent que le ministre se rallie à leur cause. Sans répondre, Anami prend par le bras le colonel Arao et le conduit jusqu’au bureau du général Umezu. Il se borne à poser une question à son chef d’état-major.
    — Êtes-vous prêt à soutenir un coup d’État ?
    Umezu regarde longuement son chef puis se tourne vers Arao :
    — Il n’en est pas question. Un coup d’État n’a aucune chance de réussir, ne serait-ce que pour cette simple raison : le peuple ne vous suivra pas. Vous savez comme moi que 40 % des ouvriers ont déjà abandonné leur travail. Jamais nous ne pourrions poursuivre la lutte dans ces conditions, c’est évident.
    Arao se voit bien obligé de téléphoner à ses camarades que ni le ministre ni le chef d’état-major ne les suivront. Certains renoncent à la rébellion.
    Pas tous.
     
    À la même heure, au palais impérial, on apporte à Kido un tract américain que l’on vient de ramasser dans le jardin. Il contient les textes sur la capitulation que la presse et la radio ont jusque-là cachés au peuple japonais. Aussitôt, Kido pèse le risque que recèle un tel tract. Si les éléments activistes de l’Armée découvrent que l’on est prêt à accepter une capitulation sans condition, ils précipiteront leur intervention. Pour les battre de vitesse, le marquis informe immédiatement l’empereur qui lui confirme – et ordonne – de « faire tout ce qu’il jugera bon, afin de mettre au plus tôt fin à la guerre ». Le résultat est une rencontre de Kido avec Suzuki et un entretien du Premier ministre avec l’empereur. La décision qui est prise alors va comporter d’incalculables conséquences : l’empereur convoque les ministres et les chefs militaires à 10 h 30. Exactement une heure plus tard.
    Les partisans de la guerre sont pris au dépourvu.
     
    10 h 30.
    Chacun s’est vêtu au mieux des exigences du protocole et en fonction du court délai dont on disposait. Des ministres ont emprunté une chemise ou une cravate à leurs collaborateurs. Dans le petit abri antiaérien étouffant, ils
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