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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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les habitants n'avaient guère à se louer de sa présence. D'autre part, quelqu'un, à Angers, m'a affirmé que ce chacal puant...

    — Le terme est-il bien adapté à votre pensée, Frère Etienne ? fit Catherine en appuyant volontairement sur le mot Frère.
    Le petit moine rougit comme une jeune fille, mais offrit à la jeune femme un sourire épanoui.
    — Vous avez mille fois raison. Je voulais dire que messire de Villa-Andrado passait l'hiver en Castille, à la cour du roi jean. Il est bien évident qu'à Angers on ne saurait se montrer indulgent pour ce personnage... et j'aimerais que vous entendiez la reine Yolande lorsqu'elle parle de lui. Toujours est-il que le voici. Que vient-il faire ?
    — Je crois que nous allons le savoir.
    En effet, la bande armée était arrivée à l'aplomb de la tour et l'homme qui portait la bannière s'avançait maintenant, dirigeant son cheval d'une seule main jusqu'au pied de la muraille rocheuse sur laquelle s'érigeait le château. Un autre homme venait derrière portant le costume assez fantastique des hérauts, mais un costume dont les rouges, les ors et les plumes se ressentaient des mauvais chemins et de l'hiver. Tout le reste de la troupe avait fait halte.
    Parvenus près des palissades qui encerclaient le roc cyclopéen, les deux hommes s'arrêtèrent et, d'un même mouvement, levèrent la tête.
    Qui commande ici ? demanda le héraut.
    Kennedy se pencha, posant un large pied chaussé de cuir épais sur le créneau, et vociféra :
    Moi, Hugh Allan Kennedy, de Gleneagle, capitaine du roi Charles VII, et je tiens ce château pour Monseigneur le comte d'Armagnac.
    Vous avez quelque chose contre ?
    Décontenancé, le héraut bredouilla quelque chose, toussa pour s'éclaircir la voix, redressa la tête d'un air superbe puis clama :
    — Moi, Fermoso, poursuivant d'armes de Messire Rodrigue de Villa-Andrado, comte de Ribadeo, seigneur de Puzignan, de Talmont et de...
    — Au fait ! coupa impatiemment l'Écossais. Que nous veut messire Villa-Andrado ?

    L'intéressé, jugeant sans doute que les négociations duraient trop longtemps, poussa son cheval et vint se ranger entre sa bannière et son héraut. Sous la ventaille relevée du casque, orné de deux ailes d'or, d'un tortil et de lambrequins rouges, Catherine, cachée derrière son merlon, put voir étinceler les dents aiguës, très blanches, parmi la courte barbe noire.
    — Vous rendre visite, fit-il aimablement, et causer...
    — Avec moi ? fit Kennedy d'un air de doute.
    — Que non pas ! N'allez cependant pas en conclure que je dédaigne votre compagnie, mon cher Kennedy,; mais ce n'est pas à vous que j'ai affaire. C'est à la comtesse de Montsalvy. Je sais qu'elle est ici.
    — Que lui voulez-vous ? répliqua l'Écossais toujours aussi rogue.
    Dame Catherine ne reçoit personne.
    — Ce que j'ai à dire, je le lui dirai à elle-même, avec votre permission. Et j'ose espérer qu'elle voudra bien faire exception pour un voyageur venu de loin. Ajoutez que je ne partirai pas avant de l'avoir vue.
    Sans se montrer, Catherine chuchota :
    — Autant savoir ce qu'il veut. Dites que je le recevrai... mais seul
    ! Qu'il vienne ici sans aucune escorte... Cela donnera à mon fils le temps d'arriver à destination, je pense.
    Kennedy fit signe qu'il avait compris et se remit à discuter avec l'Espagnol tandis que Catherine, escortée de Sara et de Frère Etienne, quittait le chemin de ronde. Elle avait pris sa décision sans hésiter parce que VillaAndrado était l'homme de La Trémoille et parce qu'elle avait toujours su regarder le danger en face. Si le Castillan devait représenter un péril, et elle voyait mal comment il pouvait en être autrement, autant valait le savoir tout de suite.
    Un moment plus tard, Rodrigue de Villa-Andrado, suivi d'un seul page qui portait son heaume, pénétrait dans la grande salle où l'attendait Catherine. La jeune femme, flanquée de Sara et de Frère Étienne debout de chaque côté de son siège, avait pris place dans un fauteuil à haut dossier que deux marches surélevaient. Très droite, ses jolies mains nouées sur ses genoux, elle regardait entrer le visiteur.
    Son aspect était si imposant qu'à la vue de cette femme, ou plutôt de cette statue voilée et noire, l'Espagnol, surpris, marqua un temps d'arrêt au seuil de la salle puis, d'un pas qui hésitait, il s'avança tandis que le sourire vainqueur, arboré en entrant, s'éteignait comme une chandelle que l'on souffle.
    Parvenu
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