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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins
Autoren: Juliette Benzoni
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l'escorte. Elle parvint dans les hourds de la tour juste comme Gauthier et le gouverneur, rouges et essoufflés d'avoir grimpé quatre à quatre, débouchaient de l'escalier. D'un même mouvement, ils se précipitèrent aux créneaux. En effet, sur le chemin d'Aurillac, une troupe nombreuse venait de faire son apparition. Cela faisait sur la neige une longue traînée grise comme une coulée de boue luisante qui avançait, avançait... Peu de bannières, aux couleurs d'ailleurs indistinctes à cette distance, mais, en tête, une longue chose rouge claquait au vent. Catherine plissa les paupières pour essayer de distinguer les armes brodées dessus et dut y renoncer. Mais le regard d'épervier de Gauthier les avait déjà déchiffrées.
    — Ecu écartelé, fit-il brièvement, des croissants et des burelles !
    j'ai déjà vu ça quelque part...
    Catherine s'accorda un mince sourire.
    — Tu deviens savant, fit-elle. Bientôt tu égaleras les rois d'armes eux-mêmes.
    Mais Kennedy ne souriait pas. Son visage couleur brique aux traits accusés avait une lippe de mauvais augure. Il se détourna, hurla quelque chose dans son rude dialecte, puis ajouta :
    — Baissez la herse, relevez le pont ! les archers aux murailles !
    Instantanément, la forteresse grouilla d'activité. Traînant arcs et hallebardes, les hommes escaladaient les murailles tandis que d'autres manœuvraient le pont et la herse. Des cris gutturaux, des appels, des cliquetis d'armes, des galopades dans tous les sens. Le château, endormi sous la neige l'instant précédent, se réveillait avec violence.
    Déjà, sur les chemins de ronde, on empilait les bûches, on traînait des marmites pour l'huile bouillante. Catherine s'approcha de Kennedy.
    — Vous mettez le château en défense ? Pourquoi ? demanda-t-elle.
    Qui donc s'approche de nous ?
    Villa-Andrado, le chien de Castille ! fit-il brièvement. - Et pour bien montrer l'estime dans laquelle il tenait le nouveau venu, l'Écossais cracha superbement puis ajouta - : La nuit passée, les guetteurs ont aperçu des lueurs d'incendie du côté d'Aurillac. Je n'y avais pas prêté autrement attention, mais il faut croire que j'avais, tort. C'était lui !
    Catherine se détourna et alla s'appuyer à l'un des énormes merlons.
    Elle arrangea son voile noir que le vent faisait voler pour mieux cacher la rougeur subite qui lui était montée au visage puis fourra dans ses larges manches ses mains transies. Le nom de l'Espagnol réveillait tant de souvenirs !

    En effet, Gauthier comme elle-même avaient déjà vu la bannière rouge et or. C'était un an plus tôt sur les remparts de Ventadour dont Villa-Andrado avait, chassé les vicomtes. Et Arnaud s'était battu contre les hommes du Castillan. Vivement, la jeune femme ferma les yeux, tentant vainement de retenir une larme brûlante. Elle revoyait la grotte, au fond de l'étroite vallée qui servait de fossés à Ventadour, précaire refuge de bergers où cependant elle avait mis son fils au monde. Elle revoyait le rougeoiement du feu et la haute silhouette noire d'Arnaud, dressée en rempart entre sa faiblesse et la férocité des routiers. Mais elle revoyait aussi le visage anguleux de Villa-Andrado agenouillé devant elle, une flamme de convoitise au fond des yeux. Il lui avait dit un poème dont elle avait oublié les paroles et aussi, ennemi courtois, il avait envoyé des victuailles pour restaurer les forces de la mère et de l'enfant. Au fond, elle eût gardé de lui un souvenir reconnaissant n'eût été: l'affreuse surprise qu'elle et les siens avaient trouvée au terme du voyage : Montsalvy rasé, brûlé jusqu'aux fondations par ce Valette, lieutenant de Villa-Andrado, agissant sur son ordre. Bernard d'Armagnac avait pendu Valette, mais le crime de son maître s'en trouvait-il diminué ? Et maintenant il approchait de Carlat, vivante image de la malédiction qui poursuivait les Montsalvy.
    Quand elle rouvrit les yeux, elle vit que Frère Étienne se tenait auprès d'elle. Les mains au fond de ses manches, le petit moine considérait attentivement la colonne en marche. Attentivement mais sans inquiétude visible Même Catherine crut voir un léger sourire flotter sur ses lèvres.
    — Ces gens qui approchent vous amusent ? dit-elle assez sèchement.
    — M'amuser est beaucoup dire. Ils m'intéressent... et ils m'étonnent. Curieux homme, ce Castillan ! Il semble avoir reçu du ciel le don précieux d'ubiquité. J'aurais juré qu'il était à Albi où
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