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Cathares

Cathares

Titel: Cathares
Autoren: Patrick Weber
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son doigt imprimait une pression sur la gâchette. Il se dit qu’il ne fermerait pas les yeux.
    — Au revoir, Erwin. Sieg heil Wherwolf !
    La détonation retentit dans la nuit. Erwin venait d’être abattu comme un animal couché à terre. Loin de ses terres de Westphalie, le chasseur s’était transformé en gibier. Karl ne tarda pas pour remonter au sommet du pog. Il devait ordonner aux frères de venir récupérer le corps.

 
    73
    Il y eut d’abord cette sensation de froid et d’humidité. Ce fut le premier souvenir de Le Bihan lorsqu’il retrouva ses esprits. Et puis le choc, quand le sommet de son crâne heurta la paroi rocheuse au-dessus de lui. Paradoxalement, le coup qui aurait pu l’assommer eut pour effet de le sortir de sa torpeur. La situation lui apparut soudain dans toute son invraisemblance. Il était menotté et recroquevillé dans une cellule taillée dans la roche et fermée par une lourde grille. Comme un animal jeté dans sa cage. Son crâne lui faisait mal, non seulement à cause du choc, mais aussi comme un lendemain de fête trop arrosée quand on se réveille avec une sérieuse gueule de bois. Il rassembla ses esprits et la scène avec Chenal lui revint. Il se souvint des documents, des initiales de von Graf, de la seringue, des explications de Chenal.
    — Le Bihan ?
    D’où venait cette voix qui l’appelait ? Elle était proche de lui, elle venait de la gauche et il la reconnaissait. Mais là, dans cette grotte, elle lui semblait tellement incongrue. De la manière dont il était plié dans sa cage, il ne pouvait découvrir qui lui parlait. Il répondit quand même :
    — Betty ?
    — Oui, mon beau. Alors, ils t’ont eu, toi aussi ? Cette fois, je crois qu’on est cuits ! On a voulu jouer aux plus malins et on a encore trouvé plus malins que nous !
    — Mais qu’est-ce que tu fais ici ?
    — Disons que j’en ai eu assez de jouer les divas sur la Riviera et que je me suis décidée à revenir à Ussat pour relancer mon affaire. Il faut bien que je gagne ma croûte. Mais j’étais loin de m’attendre au comité d’accueil.
    — Ils t’ont endormie ?
    Betty tenta un petit rire, mais celui-ci était nerveux.
    — Non, moi j’ai eu droit au flingue dans le dos jusqu’à leur voiture et puis ils m’ont bandé les yeux et jetée ici. Cela fait déjà deux jours que je pourris dans cette cage humide.
    Le Bihan plissa les yeux. Il y avait une autre grille, juste en face de lui. C’était comme si Betty avait pu lire dans ses pensées.
    — Tu regardes en face ? lui demanda-t-elle. Il y en a un autre. Un gars, plutôt jeune, mais celui-là, il a l’air mal en point. Il était déjà là quand je suis arrivée, mais il n’a pas encore ouvert la bouche, sauf pour gémir de douleur. Je pense qu’ils lui ont fait passer un mauvais quart d’heure. Au fait, tu as trouvé le trésor du dingue ?
    — Oui, mais ils le possèdent à présent.
    — Dommage, c’était quoi, un plan de trésor ? Des pierres précieuses ? Une épée en or ?
    — Non, un document spirituel très... important.
    — Foutaises ! s’exclama Betty. Quand je pense que je me retrouve dans un trou à rat à causer d’un bout de papier sans importance.
    Le Bihan ne répondit pas. Après tout, c’était peut-être Betty qui avait raison. Deux hommes revêtus d’une longue tunique blanche marquée du blason de l’Ordre entrèrent dans la grotte. Ils poussèrent une personne qui tomba à terre. Sa tête était recouverte d’une cagoule.
    — On vous amène de la compagnie ! s’exclama l’un d’entre eux avec un fort accent allemand.
    Puis il enleva d’un geste brusque la cagoule en arrachant quelques cheveux à la jeune fille. Le Bihan ouvrit grands les yeux :
    — Mi... Mireille ?

 
    74
    Karl von Graf réajusta son mantel rehaussé du surcot armorié et vérifia que son épée pendait correctement dans son baudrier, à l’image de ce qu’il avait pu voir dans les ouvrages de chevalerie qu’il lisait depuis sa plus tendre enfance et qu’il étudiait lorsqu’il travaillait dans les locaux de l’Ahnenerbe. Il se dit qu’il avait fière allure et jugea qu’il pouvait faire son entrée dans la pièce. Ses quatre compères, tous habillés de la même tunique blanche rehaussée du blason de l’Ordre, l’attendaient. Von Graf alla prendre place devant l’hôtel et leur parla de manière solennelle.
    — Bons Hommes ! Aujourd’hui est arrivé le jour de la
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