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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977
Autoren: Michèle Cotta
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D’autres s’en sont chargés, se chargeront demain de retracer l’histoire de la V e  République, du général de Gaulle à Nicolas Sarkozy. Ici, il ne s’agit que de journalisme, avec tout ce que ce mot contient d’immédiat, d’incomplet, de personnel, de subjectif.

    Quant aux lieux dans lesquels la plupart des propos rapportés dans ces pages ont été recueillis : il s’agit de l’Assemblée nationale le plus souvent et, plus largement, de ce quadrilatère « microcosmique » où, entre Matignon et l’Élysée, le Palais-Bourbon et celui du Luxembourg, entre les Finances et la Justice, ministres et commis de l’Étatse surveillent du coin de l’œil, se sourient mais ne se pardonnent rien. Des congrès politiques, en marge des longs discours prononcés à la tribune par les uns tandis que les autres, dans les couloirs, se chargent de distiller leurs vérités. Des rédactions, enfin, où chacun échange son dernier tuyau. Car ces chroniques sont aussi d’une certaine façon celles des amis et amies journalistes qui m’ont accompagnée tout au long du parcours. Que Catherine Nay, Jean-François Kahn, Ivan Levaï, Irène Allier et tant d’autres en soient ici remerciés.

    Cette histoire commence donc dans l’été 1965. La première élection du président de la République au suffrage universel doit avoir lieu dans six mois. À gauche, le maire socialiste de Marseille, Gaston Defferre, s’est porté en première ligne. En retrait, François Mitterrand attend. À l’Élysée, le général de Gaulle ne se sent pas menacé...

1965
    3-6 juin
    À Clichy, dans la même salle où se déroula il y a quelques mois seulement, en février, le congrès extraordinaire du Parti socialiste qui a décidé si, oui ou non, Gaston Defferre devait être candidat à la présidence de la République, l’atmosphère est inimaginable. C’est que Defferre, conseillé dans ce sens depuis de longs mois par Jean-Jacques Servan-Schreiber, a annoncé quelques jours auparavant sa volonté de créer une grande fédération. Avec le centre ? Sans doute. Et jusqu’où ? En tout cas, en excluant le Parti communiste.
    Dissoudre la SFIO ? Le sang de Guy Mollet 1 n’a fait qu’un tour. Prudent et discipliné, peut-être trop, Gaston Defferre avait assuré qu’il réserverait l’énoncé exact de ses intentions au congrès, celui-là même qui se déroule aujourd’hui.
    En se penchant sur la balustrade, depuis les mezzanines où nous sommes installés, nous faisons le compte des partisans et des adversaires de l’initiative Defferre-J-J S-S. D’un côté, Guy Mollet et les siens : Claude Fuzier, son lieutenant et majordome, Augustin Laurent, le maire de Lille, et donc la fédération du Nord. De l’autre, Émile Loo, dit Milou, secrétaire adjoint de la fédération des Bouches-du-Rhône, Albert Gazier et Gérard Jaquet, ainsi qu’un des jeunes socialistes les plus proches du maire de Marseille, Roger Quilliot, qui dirige le bulletin du comité Horizon 80 (le club de Defferre).
    Dans un café tout près, mais je ne sais pas exactement où, Jean-Jacques Servan-Schreiber, qui n’a pas accès à la salle du congrès, seronge les sangs. Il m’appelle sans arrêt en me demandant de trouver, toutes affaires cessantes, Defferre, à qui il veut dire quelques mots. (Quoi, je me le demande. Il ne connaît ni le Parti socialiste, ni les militants, à peine quelques dirigeants.)
    Puis, trouvant sans doute que je suis inefficace, il emploie d’autres moyens. C’est ainsi que, à un moment donné, un lampiste passe dans la salle avec une énorme pancarte où l’assistance entière peut lire que Georgette est appelée au téléphone. Georgette ? Rigolade dans la salle ! Je mets un certain temps avant de comprendre que Georgette est en réalité Defferre, que J-J S-S poursuit de ses assiduités...
    Georgette, puisque Georgette il y a, a parlé jeudi (j’écris ces lignes en fin de congrès, dimanche). Le vendredi, il n’en menait pas large, convaincu que son projet serait rejeté. C’était mal connaître Guy Mollet, qui ne veut en aucun cas couper le parti en deux. Dimanche matin, l’accord était trouvé, largement favorable à Gaston Defferre, puisqu’il accepte des rencontres entre MRP, socialistes, représentants des clubs, dans le but de constituer une fédération.
    Ce que pense vraiment Guy Mollet de tout cela ? Les connaisseurs analysent son attitude : il ne croit pas à cette initiative, alors pourquoi
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