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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977
Autoren: Michèle Cotta
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un instant envisagé de l’être ? Le suspense entretenu par le bonhomme au petit chapeau est à son comble.
    Seul Mitterrand est sûr, m’a-t-il dit hier, qu’il ne se présentera pas. A-t-il rencontré Pinay ? A-t-il envoyé un ami ou un membre de sa famille en reconnaissance préalable ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que la rencontre avec le comité des démocrates le laisse indifférent.
    Il n’a pas tort, d’après ce que je peux savoir de ce qui s’est passé au cours de l’entretien. En gros, me raconte Maurice Faure, Pinay leur a dit qu’il avait quitté la politique en 1960, et qu’il l’a quittéevolontairement. Il ne se présenterait donc que s’il était assuré de recueillir huit millions de voix.
    « Vous les avez ! » assure, enthousiaste, Maurice Faure, qui a d’autant plus envie que Pinay se présente qu’il ne veut pas laisser le champ libre au « Front populaire » de Mitterrand.
    Le maire de Saint-Chamond ne l’entend pas de cette oreille. Il ne veut pas connaître l’échec qu’a essuyé en 1962 le « Cartel des non » qui s’est sauvagement ramassé au référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Devant ses interlocuteurs, il envisage plusieurs hypothèses : le départ du général de Gaulle et la candidature de Georges Pompidou, le retrait de François Mitterrand.
    Discussion de café du Commerce, à l’issue de laquelle les huit représentants des démocrates se retirent sans en savoir davantage sur les intentions de Pinay qu’en entrant.
    « Soyez sans crainte, dit Théo Braun 10 aux journalistes qui attendent en fin de journée, nous serons présents à l’élection du 5 décembre, mais, pour le moment, nous devons garder le silence sur certains de nos objectifs. »
    Dépités, photographes et journalistes plient bagage. Moi aussi.

    15 et 16 septembre
    Soutien de la SFIO à François Mitterrand. Soutien sans surprise du Club des jacobins, qui lui est acquis de longue date.

    Samedi-dimanche
    L’épisode presque comique de la candidature Pinay s’achève avec une déclaration publiée les 24-25 septembre dans le journal de Saint-Étienne, La Tribune-Le Progrès , où Antoine Pinay affirme avoir subi d’énormes pressions pour faire acte de candidature ; qu’étant un « homme d’union, pas de division », il avait su y résister ; et qu’enfin il ne se « sent pas d’aptitudes pour ce rôle ».
    Rideau sur la candidature Pinay.

    21 septembre
    Première conférence de presse de François Mitterrand au Lutetia. Un monde inouï, presque surprenant : journalistes de télévision – dont la présence n’était pas assurée, et qui, en tout cas, est inhabituelle –, chroniqueurs de la presse écrite et parlée, de Paris et de province, photographes. La salle est bourrée à craquer.
    Mitterrand sort ses papiers, mais ne les lit pas. Il est très à l’aise – à cette nuance près, me révèle Claude Estier, qu’à l’heure où il commence à parler il n’a pas reçu la réponse des communistes qu’il attend.
    Il énumère longuement, en prenant son temps (sans doute parce qu’il attend la réponse communiste), les sept options fondamentales qu’il compte soumettre aux partis de gauche : institutions, libertés publiques, condamnation de la force de frappe, planification démocratique, justice sociale, priorité à l’Éducation nationale.
    La conférence se termine lorsqu’un journaliste anonyme fait parvenir une question posée par écrit : « Que faisiez-vous, en 1959, dans les jardins de l’Observatoire ? »
    Mitterrand ne se démonte pas : « L’un de vous, dit-il, m’a demandé ce que je faisais dans les jardins de l’Observatoire. Il n’a pas signé, ce journaliste-là. Peut-il se faire connaître ? »
    Silence dans le parterre des journalistes. Mitterrand attend. Puis, le silence durant, passe à un autre sujet sans répondre à la question provocatrice quoique attendue. Aucun journaliste n’ose d’ailleurs la reprendre à son compte.
    (Les temps ont changé depuis la condamnation unanime par la presse et les politiques de François Mitterrand en 1958, après l’affaire dite de l’Observatoire, qui lui avait valu tant d’ennuis auprès de la gauche pure et dure. Comme quoi...)
    C’est à ce moment qu’il tire de sa poche, comme un prestidigitateur, une lettre de Waldeck Rochet. Il la lit : « Le secrétaire général du PC me demande de faire
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