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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977
Autoren: Michèle Cotta
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siège, Hassan II l’a accusé de tentative d’assassinat sur sa personne.
    Plusieurs fois par la suite, de manière incompréhensible, Hassan II lui avait envoyé des émissaires pour lui proposer de rentrer au Maroc, d’accepter un poste ministériel : il avait refusé, faisant au roi un affront politique intolérable pour la monarchie.
    Pauvre Mehdi, toujours seul, toujours poursuivi, toujours aux aguets.
    La dernière fois qu’il a demandé à me voir, c’était dans l’hiver 1964, il devait se sentir particulièrement menacé, puisqu’il m’a donné rendez-vous à Genève. Sa demande était simple : il souhaitait un passeport français. Je n’étais évidemment pas en mesure de le lui fournir moi-même. Par l’intermédiaire de Paul-Marie de la Gorce 11 , qui était aussi son ami, nous avonsessayé d’en obtenir un, en plaidant l’extrême danger dans lequel il se trouvait. Cela nous a été refusé. Je pense maintenant, d’ailleurs, que nous avons dû passer pour deux pieds nickelés auprès des services de police. En tout cas, il n’avait pas obtenu de visa, et aujourd’hui il a disparu !

    4 novembre
    Le général de Gaulle est candidat.

    10 novembre
    Jean-François Kahn et moi avons dû beaucoup insister auprès de la rédaction en chef de L’Express , ces derniers jours, pour obtenir que le journal fasse une enquête sur l’enlèvement. Au début, autour de nous, les gens étaient sceptiques, considérant que le rapt de Ben Barka près des Deux-Magots ne concernait pas la France. Qu’il s’agissait d’un règlement de comptes banal.
    Et puis, finalement, Jean-François et Jacques Derogy ont été chargés d’éclairer notre lanterne. Jour après jour, ils nous racontent la progression de leurs recherches : il s’avère que le SDECE, le service du contre-espionnage français, n’est pas blanc-bleu, que beaucoup de comparses ont été mobilisés pour arriver à faire disparaître Ben Barka. Personne ne s’attend plus aujourd’hui à le retrouver vivant. Je doute que l’enquête puisse aboutir à définir la culpabilité du roi du Maroc dans cette affaire, mais je suis écœurée, révoltée par les complicités que les auteurs de ce crime ont trouvées en France, sans doute dans la police. Quand je pense que Ben Barka lui-même, quand nous nous rencontrions en France et que je m’étonnais de le voir sans garde rapprochée me disait que les flics français étaient trop proches des flics marocains pour qu’il puisse leur faire confiance. Quelle honte, vraiment, quelle honte pour la France !

    19 novembre
    Deuxième conférence de presse de Mitterrand. Cette fois, tout le monde est là : Waldeck Rochet et Guy Mollet, dont la figure, pour une fois, est aimable ; le PSU fait un peu la tête. Il y a là JeanPoperen, l’ancien communiste, Pierre Bérégovoy et son inséparable Harris Puisais. Lily Mendès France, la femme de Pierre, représente son mari absent.
    Pendant que Mitterrand parle longuement (trop longuement : deux heures et demie) et qu’il énumère dans le détail chacune de ses propositions, j’essaie de reconstituer le puzzle des relations avec les communistes.
    François Mitterrand n’a pas eu de contact direct avec eux, bien que Waldeck lui en ait fait la demande. Trois personnes de son entourage, autant que je puisse le savoir, sont habilitées à entrer en contact avec eux. Il y a Claude Estier, bien sûr, que certains traitent depuis longtemps de « compagnon de route » du PC, puisqu’il a dirigé Libération avec d’Astier de La Vigerie ; il y a l’avocat Roland Dumas, émissaire tout-terrain de Mitterrand, par qui passe une bonne partie des messages ; et puis Charles Hernu, ancien mendésiste et animateur des fameux « Colloques juridiques », où il a l’occasion de rencontrer un autre avocat proche de Waldeck Rochet, Jules Borker.
    Anecdote savoureuse sur le « contact physique » avec le candidat demandé après la première conférence de presse de Mitterrand par Waldeck au nom du comité central du PC : Mitterrand s’y refuse. Il ne veut pas de photo ni de reportage le montrant aux côtés de l’état-major communiste. Il le fait dire à Waldeck, et, de conserve, les deux hommes trouvent une astuce : François Mitterrand annonce qu’il s’envole pour Bruxelles le 22 et qu’il n’est malheureusement pas disponible pour une rencontre. Mais il charge Roland Dumas de porter le soir même une lettre au siège du PC.
    Le
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