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Byzance

Byzance

Titel: Byzance
Autoren: Michael Ennis
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se raidit et essaya de dégager ses épaules.
    — Je n’irai pas à Rus. Mon bâton à blessures fera verser le vin à corbeau de ces Danois mange-crottes.
    De nouveau, Olaf serra les épaules de son frère.
    — Haraldr, tu n’as pas encore passé quinze étés. Jamais je n’ai eu l’intention de te laisser combattre. Aucun enfant de ton âge ne mourra jamais pour moi.
    — Tu es parti en viking pendant ton douzième été.
    — Je portais les peaux à eau des hommes qui partaient en viking.
    — Le scalde Thorfinn Munnr a dit que tu as tué un homme la même année.
    Olaf secoua douloureusement la tête.
    — Quand un homme devient roi, il grandit magiquement de deux coudées… La vérité, c’est que je suis devenu fort parce qu’on ne m’a pas demandé de tirer sur l’aviron tant que mon dos n’était pas prêt pour le faire. Et j’entends qu’il en soit de même pour toi.
    — Mon dos est prêt. Je reste avec toi.
    — Je n’ai pas le temps de te convaincre que je ne plaisante pas, petit frère. Ce n’est pas mince affaire.
    — Je le sais très bien.
    Les mains d’Olaf se crispèrent si fort que Haraldr crut ses os sur le point de se briser.
    — Vas-tu donc te couvrir de honte ? S’il faut que je t’attache, je le ferai.
    — Même s’il faut que j’attache mon épée à ma main, je me battrai aujourd’hui.
    Haraldr fut un instant surpris par son propre cri aigu. Olaf saisit brusquement l’épée de son frère et l’arracha du fourreau. Haraldr bondit comme un chat, les yeux fous. Il saisit à deux mains le poignet d’Olaf, aussi épais qu’un jeune pin, et se mit à lutter avec une fureur aveugle, comme s’il s’agissait vraiment d’un pin à arracher du sol. De sa main libre, Olaf essaya de desserrer l’étreinte, puis renonça. Il prit une coudée d’élan et frappa l’adolescent juste derrière l’oreille.
    Haraldr tomba à genoux, étourdi, la tête pleine d’étincelles.
    — Tu n’auras pas besoin de me ficeler, dit-il d’un ton confus, tout en pensant : « Ce n’est pas encore fini. »
    Le roi donna l’épée de son frère à Guaka.
    — Vous devez partir avant le point du jour.
    Il rapprocha son visage de celui de Haraldr et ses yeux parurent plus sombres, d’une profondeur sans fin, comme si le destin avait enfoui l’univers parsemé d’étoiles tout entier dans leur vide. « Ce n’est pas vrai, ce n’est pas possible », se dit Haraldr, mais les yeux d’Olaf ne laissaient planer aucun doute.
    — Jure sur l’âme de ton père de ne révéler ton nom à personne.
    Haraldr avala sa salive. Une pierre froide semblait coincée dans sa gorge.
    — Je le jure.
    Les yeux d’Olaf se remplirent de nouveau non de vie mais des brumes palpitantes du souvenir.
    — Haraldr, à ton arrivée à Rus, tu parleras de moi à la reine Ingigerd. Tu lui diras que sa pensée était avec moi.
    Il prit son frère dans ses bras et le garda contre sa poitrine bardée de métal.
    — Je serai toujours auprès de toi, dit-il. Où que tu sois, où que je sois. Je t’aime, petit frère.
    Quand il reprit clairement conscience du monde autour de lui, Haraldr marchait déjà dans la pâleur du jour naissant, entre Guaka et Asti, et les larmes sur ses joues étaient froides.
    * *
*
    — Je vais la porter.
    Guaka haussa les épaules et tendit son épée à Haraldr. La lumière du milieu de la matinée faisait vibrer la forêt ; les taches de ciel visibles à travers les arbres semblaient des tuiles azurées. Les émanations de la résine des pins enivraient. Sur la droite, à une cinquantaine de coudées, les bois s’écartaient et un champ de gros rochers noirs descendait vers un ruisseau à sec.
    — Guaka, j’ai envie de pisser.
    Guaka se tourna vers Asti. L’immense karl en armure secoua la tête d’un air de dire : « Faudra-t-il vraiment aller jusqu’à Rus avec lui ? » Haraldr montra une touffe de pins sur sa gauche.
    — Je vais là-bas.
    Guaka sourit à Asti d’un air entendu et secoua de nouveau la tête.
    — Tu peux faire ici. On s’en fiche.
    Haraldr releva sa byrnnie et sa tunique. Son urine éclaboussa les aiguilles de pin, puis il se retourna brusquement et dirigea le jet vers les genoux nus de Guaka.
    — Kristr ! Bon sang ! cria le karl en reculant de deux pas.
    Aussitôt, Haraldr fonça sur sa droite, entre les arbres, puis dans le champ de rochers, sautant de l’un à l’autre avec la grâce d’une panthère.  Haraldr
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