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Borgia

Titel: Borgia
Autoren: Michel Zévaco
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moitié hors du fourreau, courant la prétentaine, rossant le bourgeois et battant le guet : enfin, un vrai gibier de potence.
    Le chevalier était surtout une nature aventureuse. Généreux, il partageait ce qu’il avait – quand il avait ! – avec de plus pauvres que lui. Il défendait les faibles avec sa bonne rapière. Il n’eût pas commis une mauvaise action. Mais, sans ressources, n’ayant pour guide que son robuste appétit d’aventures, jeté d’ailleurs dans un milieu d’une morale infiniment élastique, il vivait comme il pouvait, prenait son bien où il le trouvait…
    Un beau jour, celui qu’on appelait le chevalier La Rapière et qui, entre la Bastille et le Louvre, était devenu ce qu’on appelait une « Terreur », disparut soudain.
    Nous le retrouvons assagi. Les bonnes qualités l’ont emporté sur les mauvaises. Le chevalier de Ragastens a jeté sa gourme et, à bon droit, il peut alors se considérer comme un parfait gentilhomme.
    Au moment où le cavalier franchit la porte de Rome, il conclut, en secouant la tête comme pour laisser derrière lui un passé qui était bien mort :
    – Me voici avec deux ennemis sur les bras : le signor Astorre et le moine Garconio. J’ai menacé l’un et malmené l’autre. Oui, mais j’ai un protecteur puissant…
    Et le chevalier jeta autour de lui un regard conquérant. Pourtant, dans cet avenir rose et or qu’il entrevoyait, un point noir obscurcissait son horizon. Bien qu’il s’en défendît, il pensait à cette mystérieuse inconnue au nom si doux, au visage plus doux encore, et ce fut avec un profond soupir, qu’il répéta :
    – Primevère !… La reverrai-je jamais ?… Qui est-elle ?… Pourquoi cet horrible moine la poursuivait-il ?…
    Cependant, ayant tout à coup levé la tête, il s’aperçut que des gens le regardaient avec curiosité. Il jeta les yeux autour de lui et vit qu’il se trouvait sur un pont.
    – Quel est ce pont ? demanda-t-il à un gamin en lui jetant une menue pièce de monnaie.
    – Excellence, c’est le pont des Quatre-Têtes…
    – Et le Palais-Riant, le connais-tu ?
    – Le palais de la signora Lucrézia ! s’exclama l’enfant, avec une évidente terreur.
    – Oui, sais-tu où il est ?
    – Là ! fit le gamin en étendant le bras.
    Puis, il s’enfuit comme s’il eût eu à ses trousses une armée des diables d’enfer. Le chevalier se dirigea dans la direction qui venait de lui être désignée, réfléchissant à cette étrange frayeur qu’avait manifestée l’enfant.
    Une fois encore, il demanda son chemin à un homme. Et l’homme, au nom du Palais-Riant, le regarda tout à coup d’un air sombre, puis passa son chemin en grommelant une malédiction.
    – Étrange ! murmura le chevalier.
    Il arriva enfin sur une place déserte. Au fond de cette place se dressait une somptueuse demeure. Une double rangée de colonnes en marbre rose, que doraient les rayons du soleil à son déclin, formaient une sorte de galerie couverte qui s’étendait en avant du palais.
    Au fond de cette galerie, par une large baie ouverte, on apercevait un escalier monumental, également en marbre… Quant à la façade du palais, elle était décorée de motifs d’ornements, précieux travaux de sculpture antique pris, raflés au hasard des trouvailles parmi les trésors de l’ancienne Rome.
    Le chevalier se dit que ce devait être là le Palais-Riant qui, à coup sûr, méritait son nom grâce à la profusion de statues blanches et riantes qui l’ornaient, grâce aussi à la profusion de plantes rares et de fleurs merveilleuses qui formaient, sous la galerie, un incomparable jardin.
    En avant de ce jardin, pareils à deux statues équestres, deux cavaliers immobiles, silencieux, montaient la garde. Ragastens s’adressa à l’un d’eux.
    – C’est ici le Palais-Riant ? demanda-t-il.
    – Oui… au large ! répondit la statue d’un ton menaçant.
    – Diable ! murmura le chevalier en poursuivant son chemin, voilà un palais bien gardé.
    La place était déserte : pas un passant… pas une boutique ouverte On eût dit d’un lieu maudit ! Ragastens poussa son cheval et une cinquantaine de pas plus loin, en entrant dans la rue qui faisait suite à la place, il se trouva devant une hôtellerie. Là, la vie semblait renaître, mais avec une sorte de crainte et d’hésitation encore.
    Ragastens mit pied à terre et pénétra dans l’hôtellerie qui, par un singulier caprice du patron,
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