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Azteca

Azteca

Titel: Azteca
Autoren: Gary Jennings
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héros mort au service d’un puissant seigneur,
ou sacrifié en hommage à un grand dieu, était assuré de la vie éternelle, dans
le plus glorieux des au-delà où il serait récompensé et comblé de joie pendant
l’éternité tout entière. Et voilà que maintenant, les Chrétiens nous disent que
nous pouvons tous espérer dans une autre vie et un paradis tout aussi
magnifique. Et pourtant, le héros le plus sublime, mort pour la cause la plus
honorable, le martyr chrétien le plus pieux, expirant avec la certitude
d’atteindre le Ciel, ne connaîtra plus jamais la caresse de notre clair de lune
effleurant son visage, tandis qu’il marche sous les cyprès bruissants. Un tout
petit plaisir – si simple, si ordinaire – mais qu’on n’éprouvera plus jamais.
     
    Votre Excellence manifeste son impatience. Monseigneur l’Evêque me
pardonnera si ma vieille raison s’égare parfois de la route droite sur des
chemins sinueux. Il se peut que vous ne considériez pas comme strictement
authentiques certaines choses que je vous ai dites et d’autres que j’évoquerai
par la suite. Toutefois, j’implore votre indulgence, car je ne sais pas si
j’aurai une autre occasion de raconter tout cela. Et encore, je ne dis pas tout
ce qu’on pourrait dire…
     
    Lorsque je repense à mon enfance, je ne vois pas qu’elle ait été
extraordinaire, étant donné le lieu et l’époque, car je n’étais qu’un enfant
comme les autres. Le jour et l’année de ma naissance n’étaient placés ni sous
le signe de la chance, ni sous celui de la malchance. Aucun présage dans le
ciel quand je naquis – par exemple, une éclipse cachant la lune qui aurait pu,
par la même occasion, m’imprimer un bec de lièvre ou marquer pour toujours mon
visage d’une sombre tache de naissance. Je n’avais aucun de ces caractères
physiques, considérés par nous comme des tares inélégantes pour un homme :
cheveux bouclés, oreilles en feuille de chou, double menton, dents en avant,
nez aplati ou trop busqué, nombril retourné, grains de beauté apparents.
Heureusement pour moi, mes cheveux noirs poussaient raides et lisses, sans
mèches indisciplinées.
    Chimali, mon camarade d’enfance, était affligé d’un de ces épis et
pendant toute sa jeunesse, il prit un soin attentif à le couper et à le plaquer
avec de l’oxitl. Je me souviens d’une fois où il dut porter une courge sur la
tête toute la journée. Les scribes sourient, je ferais mieux de donner des
explications.
    Les chasseurs de Xaltocán attrapaient des oies et des canards en grande
quantité et de façon simple en installant çà et là dans les eaux rouges des
bas-fonds du lac de grands filets fixés à des pieux, puis à grand bruit, ils
faisaient envoler les oiseaux et s’emparaient de ceux qui s’étaient pris dans
les rets. Mais nous, petits garçons de Xaltocán, nous avions nos ruses. On
décalottait une courge ou une calebasse en en vidant le contenu et on perçait
un trou pour voir et respirer. On se mettait la courge sur la tête, puis on
allait barboter dans le lac, là où se trouvaient les oies et les canards. Sous
l’eau, nos corps étaient invisibles et les oiseaux ne semblaient jamais
s’alarmer de la lente approche d’une ou deux coloquintes. On parvenait assez
près pour attraper la patte d’un volatile et le plonger sous l’eau d’un coup
sec. Ce n’était pas toujours facile, car même une petite sarcelle peut donner
du fil à retordre à un petit garçon ; mais généralement, nous arrivions à
garder l’oiseau sous l’eau jusqu’à ce qu’il se noie. Cette manœuvre dérangeait
rarement le reste de la harde posée dans les parages.
    Un jour que nous nous adonnions à cette occupation, Chimali et moi,
nous étions arrivés à amasser sur la berge une quantité respectable de canards,
puis fatigués, nous décidâmes de rentrer. Mais alors, nous nous rendîmes compte
que les barbotages avaient dissous la gomme sur la chevelure de Chimali et que
par conséquent, son épi rebiquait comme la plume que certains de nos guerriers
portent derrière la tête. Nous nous trouvions à l’autre bout de Xaltocán, ce
qui signifiait que Chimali allait devoir traverser toute l’île dans cet état.
    « Ayya, pochéoa ! » murmura-t-il. Cette expression s’applique à un vent malodorant, mais chez un
garçon de huit ou neuf ans, c’était un juron assez véhément qui lui aurait valu
une bonne raclée si un adulte avait pu
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